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Сентябрь
2024

"Plus de 20.000 euros de prélèvements, c'était l'argent de mon père décédé", relate cette plaignante du procès d'Indexia

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Anne a fait huit heures de train (avec les frais qui vont avec), depuis les Pyrénées-Atlantiques où elle habite, pour assister au procès d'Indexia (ex-SFAM) qui a débuté ce lundi après-midi 23 septembre à Paris, et est censé se tenir jusqu'au 2 octobre. Pour elle, qu'importe, "il faut aller jusqu'au bout et que justice soit faite". 

Son histoire ressemble à celle de tellement d'autres plaignants. "Durant cinq ans, j'ai été prélevé, relate-t-elle. Pour un total de plus de 20.000 euros."

"Cet argent, c'était celui de mon père décédé, le travail de sa vie. Cela fait d'autant plus mal."

En 2018, elle achète à la Fnac de Toulouse un ordinateur portable à plus de 1.000 euros pour son fils aîné, qui s'apprêtait à suivre des études d'informatique. "Pour la première fois de ma vie, j'ai accepté de prendre l'assurance qu'on m'a proposée", présentée comme résiliable.

Pour 15 euros mensuels, lui dit-on, l'appareil sera assuré contre la corrosion, le bris, le vol... Elle signe alors un document électroniquement "sur une petite tablette, dans la pénombre", sans qu'aucun papier ne lui soit remis.

Cette maman de cinq enfants, dont le mari travaille à l'étranger, et qui a sur son compte beaucoup de prélèvements, ne voit pas que dès le départ, elle est prélevée de 15 euros en réalité deux fois par mois (sous des noms différents : pack téléphonie, société française d'assurance...), raconte-t-elle. D'autant qu'à cette époque, elle est confrontée au décès de ses parents : "On avait un peu la tête ailleurs." Leur héritage aurait d'ailleurs dû servir à payer les études des enfants.

C'est bien plus tard, il y a un an exactement, qu'elle se rend compte d'un gros problème. Elle constate sur son relevé bancaire quatre prélèvements de 69 euros le même jour. "A ce moment-là, je ne savais même pas que c'était lié à cet ordinateur."

5.000 euros prélevés en huit semaines

C'est en appelant sa banque, puis la Sfam, qu'elle le comprend. "Alors, avec mon mari, on a commencé à calculer ce que ça nous avait coûté et là, on est tombé des nues. Rien que les huit dernières semaines, c'était 5.000 euros ! En fait, ça a été crescendo. Les premières années, on ne nous a pas pris grand chose et après, c'était exponentiel."

Au-delà de la question de l'argent, Anne dit ne pas comprendre "comment un gars comme ça (Sadri Fegaier, N.D.L.R.) a pu rester impuni aussi longtemps. Il arrive à filouter depuis énormément d'années."

Nous, nous allons nous en sortir. Mais j'ai vu des gens qui sont vraiment sur le tapis, qui ont dû vendre leur maison ! Cela les a totalement minés psychologiquement.

En plus de ça, face aux gens prétendant qu'à eux, cela ne leur serait jamais arrivé, elle ressent comme "un sentiment de honte". Alors clairement, on ne la reprendra plus. "Traumatisée" par cette expérience, Anne va désormais vérifier son compte en banque chaque matin dès le réveil, et souvent plusieurs fois par jour.

Pierre-François Chetail 

Sadri Fegaier sur le banc des prévenus

C'était l'une des premières questions du procès d'Indexia. Sadri Fegaier, son PDG, convoqué sur le banc des prévenus, y assistera-t-il ? La réponse est oui. Mais à la sortie de la première demi-journée d'audience, celui-ci, entouré par ses avocats et garde du corps, est resté muet devant les journalistes.