Les buralistes du Puy-de-Dôme face au système "prémafieux" des ventes illicites

Prix du paquet de cigarettes trop élevé (12,50 € pour la marque la plus vendue), cambriolages et vente illégale en hausse constante, c’est la triple peine pour les buralistes, Et pour eux, « tout est lié », comme ils l’ont rappelé dimanche, à Riom, à Joël Mathurin, préfet du Puy-de-Dôme, Christine Pirès-Beaune, députée et Carole Taurin, adjointe du directeur régional des douanes lors de l’assemblée générale de la confédération des buralistes du Puy-de-Dôme.

Des milliards de recettes fiscales en moins

«  L’État a créé le marché parallèle, assure Philippe Coy, président national. On demande un moratoire sur le prix du tabac, car la méthode du prix n’accompagne plus les objectifs de santé publique. Depuis cinq ans, la consommation de tabac stagne, sauf chez les jeunes où elle continue de baisser, mais les ventes illégales et désormais la vente de cigarettes à l’unité explosent. Or, qui dit vente illégale dit vente de produits potentiellement plus nocifs et perte de milliards de recettes fiscales pour l’État ».

Ce moratoire est très attendu, alors que le Projet de loi de finance 2025 va enfin être discuté par les parlementaires, tout comme l’obtention du monopole de la vente des produits nicotinés.

Carole Taurin, adjointe du directeur régional  des douanes, Christine Pirès-Beaune, députée, Joël Mathurin, préfet du Puy-de-Dôme ont répondu aux questions de Philippe Coy et Vincent Charbonnel , respectivement président national et départemental de la confédération des buralistes.La députée les a assurés de son soutien sur ces deux points : « Je crois en effet qu’on est arrivé au bout d’une logique sur le prix du tabac et que la perte de recettes fiscales induite par les ventes illicites n’est pas neutre pour le budget de l’État et celui de la Sécurité sociale alors qu’il faudrait 12 milliards d’euros pour une prise en charge correcte de nos aînés en Ehpad ou à domicile. Quant aux produits nicotinés, il semble logique que vous ayez le monopole de leur vente  ».

37 cambriolages de bureaux de tabac depuis janvier

Mais si les buralistes déplorent une perte de chiffre d’affaires, ils sont surtout inquiets pour leur sécurité face au développement d’un système « prémafieux » et en appellent à la protection de l’État. « Depuis le début de l’année, nous en sommes à 37 cambriolages dans le Puy-de-Dôme. Le dernier en date avec voiture-bélier et incendie aurait pu être dramatique », rappelle Vincent Charbonnel, le président départemental.

Développer un esprit "waze"

Le préfet et l'adjointe au directeur régional des douanes ont assuré du soutien de l’État et de l’action continue et résolue des services de douanes, de police et de gendarmerie. Une cellule de coordination unique de lutte contre le marché parallèle du tabac a été créée, « car nous faisons bien face à des réseaux organisés ». « On ne peut pas tout vous dire pour des raisons opérationnelles, mais il faut nous faire remonter tout ce que vous pouvez observer. Nous devons développer un esprit « waze » (*). Plus on nous remonte de choses, plus on peut faire de recoupements et avancer ».Les buralistes du Puy-de-Dôme aimeraient voir la peur changer de camp devant la hasse des cambriolage et le développement des ventes illicites de cigarettes, mais le préfet les a prévenus : " personne ne doit jouer au shérif !".

Ne pas jouer pas les shérifs

Quant à la question posée par une buraliste de savoir ce que chacun « a le droit de faire pour faire changer la peur de camp », le préfet a été ferme :  « Mettre en place tout ce qui relève de la protection passive, mais vous n’êtes pas des shérifs : sur le plan opérationnel, ce que vous avez à faire, c’est vous mettre à l’abri et faire le 17 ». 

Le président national a exhorté les adhérents à être tous BOB (Buraliste officiellement bienveillant) en respectant l'obligation de ne pas vendre de tabac, de cigarettes électroniques, de jeux et d'alcool aux moins de 18 ans :  « Plus nous serons vigilants, plus nous serons crédibles et aurons du poids pour obtenir ce que nous voulons comme le monopole de la distribution des produits nicotinés ». 

(*) Waze est une application de navigation routière en temps réel qui utilise les données provenant des conducteurs.

Géraldine Messina