Roi de l'Oiseau : ces vieux métiers à découvrir sur la place du Breuil au Puy
Sur le Breuil, les vieux métiers ont encore toute leur place. Chaque année, les plus jeunes partent à la rencontre des artisans qui savent battre l’enclume, tailler la pierre, découper la peau de veau ou cuire la terre…
Des décors en creux pour recevoir l’engobe ou poudre de kaolin
Émilie Guerault maîtrise son art à la perfection et fait aussi œuvre de pédagogie. Les jeunes générations boivent ses paroles et en prennent plein la vue. Au sein de sa chère isle de Garamentes (garde d’Ours Mons et Brives-Charensac), elle s’est très tôt intéressée à l’argile, ce matériau à portée de main dans la cité brivoise.La jeune femme parle effectivement d’une tradition locale, les carreaux de pavements. Il y a encore peu, Jean Perrin, le dernier tuilier brivois en fabriquait dans ses fours. « Ce sont des carreaux comme on peut en trouver par exemple à Cluny, de la terre crue qui servira pour recouvrir les sols ou les murs » explique Émilie.Laurent Vassias manie la massette portugaise et le burin pour les besoins de la démonstration sur du calcaire. Il fut longtemps maçon avant de devenir fonctionnaire et… tailleur de pierre au Roi de l’Oiseau.
Ces carreaux, l’association les a longtemps cuits à la briqueterie Perrin. Des recherches iconographiques ont été menées afin de retrouver les décors utilisés dans les temps anciens, à la Renaissance en particulier. Ces décors sont réalisés en creux de manière à pouvoir y verser l’engobe, entendez, de la poudre de kaolin mélangée à l’eau. Emilie précise : « Dans les formes, on retrouve la croix occitane, la fleur de lys qui est un peu moins d’époque. On a fait le choix de la salamandre qui est l’emblème de François Ier, sans oublier les poissons pour symboliser Brives-Charensac et la Loire ». Chaque année, le Roi de l’Oiseau donne matière à faire découvrir ce métier qui appartient désormais au passé.Jean Perrin a cessé son activité, mais ses fabrications sont encore visibles de tous, le long de l’avenue des Sports.Émilie Guerault possède d’autres cordes à son art. C’est elle encore qui anime un atelier d’herbier frappé.Sur une toile de coton (une fibre naturelle donne les meilleurs résultats) qui recouvre une table sont disposés des maillets qui serviront à imprimer des feuilles ou des fleurs et les frappant au moyen de ces outils rudimentaires. Cet art ancestral japonais s’appelle le « Tataki Zomé ». Émilie précise : « Pour chaque atelier, on fait un travail de recherche pour s’assurer qu’on est bien dans les clous ». Dans l’éventail des métiers proposés, il y a aussi le fourbissage ou l’art de désoxyder les armes.Mathilde l’herboriste connaît les vertus et secrets des plantes qu’elle utilise sèches ou fraîches, avec du miel. On distingue les macérâts (réalisés avec de l’huile), de couleur jaune, des hydrolats transparents, nécessitant l’emploi d’un alambic.
De la belle ouvrage à l’art de la guerreAu Puy-en-Velay, les armes et armures sont nettoyées au moyen de poudre de pouzzolane qu’il convient préalablement de tamiser pour obtenir une fine granulométrie. On y associe de l’huile de lin pour la protection. D’autres matériaux abrasifs peuvent être employés. Quels que soient les moyens, on ne saurait oublier bien sûr l’huile coude !Eh oui, il faut frotter, frotter encore et toujours avant de retrouver le lustre originel. Cette tâche un peu ingrate était en général confiée à la valetaille qui devait s’acquitter sans broncher de sa mission, faire briller l’acier. Mais l’entretien n’était pas la seule finalité. L’acier devait étinceler pour éblouir, et pas seulement le porteur de l’armure. Aveugler l’adversaire sur le champ de bataille entrait pleinement dans l’art de la guerre. Enclumes, pinces, marteaux, forge à charbon, soufflet… L’univers de Valentin le forgeron des Bâtisseurs d’antan. Il forge des pièces d’artillerie et chez lui, des couteaux. Quand la pièce devient rouge cerise, elle est bonne à travailler.Daniel Laurent, alias « la flèche » est bourrelier de son état au sein des Archers du Roy. Il exerçait comme employé municipal (à Vals) dans une autre vie. Depuis qu’il est à la retraite, le voici qui coupe, coud sans relâche. Il fabrique des bandeaux, sacoches, casques en cuir de vache ou de cheval, mais aussi des gourdes et carquois. Avec la finale du Roi de l’Oiseau, l’artisan est très sollicité ! Il a conçu par ailleurs des tours de lunettes en cuir particulièrement seyantes.
Philippe Suc