Calendrier, gros dossiers... Qu'est-ce qui attend le gouvernement Barnier ?
L’accouchement a été laborieux et, déjà, des voix ne promettent pas une longue vie à l’enfant qui paraît. Après plus de 60 jours, l’évènement s’est soldé par des noms égrenés entre chien et loup. « Au travail?! », a déclaré le Premier ministre.
Quels sont les équilibres politiques??Sans surprise, ça penche très à droite. Parmi les 17 ministres de plein exercice, on compte 7 Ensemble pour la République, 3 LR, 2 DVD, 2 MoDem, 1 DVG, 1 Horizons et 1 Liot. On peut estimer que le président de la République est parvenu à s’assurer de la présence de plusieurs macronistes dans les rangs de l’Assemblée nationale. Rachida Dati conserve son poste à la Culture, tout comme Sébastien Lecornu, ministre des Armées et des Anciens combattants. Plusieurs macronistes ont été nommés : Astrid Panosyan-Bouvet au Travail et à l’Emploi, Anne Genetet à l’Éducation nationale, Maud Bregeon en tant que porte-parole…
Malgré son faible poids électoral lors des législatives, LR obtient des postes clés, dont le ministère de l’Intérieur, investi par Bruno Retailleau. Dans un message posté sur X, le chef de file des sénateurs Les Républicains, figure de la droite conservatrice, s’est dit « honoré et fier de servir la France, au sein du gouvernement de Michel Barnier […]
Les forces de l’ordre, qui risquent leur vie pour la sécurité de nos compatriotes, peuvent compter sur moi : je serai leur premier soutien.Bruno Retailleau, nouveau ministre de l'Intérieur. Photo Pascal Proust
Les Français n’attendent qu’une chose des responsables publics : des résultats. Je suis donc là pour agir, avec un seul mot d’ordre : rétablir l’ordre pour assurer la concorde ». Le ton est donné. L’élu vendéen, défenseur d’une ligne ferme, n’a eu de cesse, ces dernières années, de dénoncer « le laxisme » de la macronie.La sénatrice Laurence Garnier. Photo AFP La sénatrice LR Laurence Garnier, initialement pressentie à la Famille – ce qui avait suscité une polémique en raison de son positionnement sur le mariage pour tous ou encore l’avortement –, est finalement nommée secrétaire d’État à la Consommation. Pour contrebalancer : Didier Migaud, au ministère de la Justice, est la seule prise de gauche. Mais l’ex-député socialiste a quitté la politique active depuis 2010. En résumé, parmi les 39 nominations de cette équipe paritaire, il y a donc 12 EPR (le groupe macroniste), 10 LR, 4 divers droite, 3 MoDem, 1 divers gauche, 2 Horizons, 2 Liot, 1 Radical, 2 Udi et enfin 2 « personnalités expertes ».
Quand se réunira le nouveau Conseil des ministres??Après avoir énoncé la liste des membres du gouvernement Barnier depuis le Jardin d’Hiver du palais présidentiel, le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, a déclaré qu’Emmanuel Macron réunira le premier Conseil des ministres de ce gouvernement lundi à 15 heures, à l’Élysée. Auparavant, l’accueil des ministres à Matignon aura lieu lundi à 8 heures avec un petit-déjeuner et les passations de pouvoirs, entre 10 et 13 heures. Autre temps fort attendu : le discours de politique générale du Premier ministre le 1er octobre, car le programme reste flou. Michel Barnier a seulement énoncé jusqu’ici quelques vagues priorités, entre amélioration du niveau de vie et des services publics, maîtrise de l’immigration, réduction de la dette écologique et maîtrise des finances publiques.
Quels sont les gros dossiers qui les attendent??Le budget évidemment. Le prochain gouvernement hérite d’une situation critique en matière de finances publiques, alors que la dette française atteint des niveaux records. Autre question qui en découle : quelle sera la politique fiscale?? Les classes moyennes ne devraient pas subir de hausses d’impôts, mais on ignore encore où sera le curseur. On sait que c’est un point qui a généré bien des crispations au moment de bâtir cette équipe gouvernementale. Petit indice : tout juste nommé, le nouveau ministre de l’Économie a donné samedi soir une interview au Journal du dimanche et a prévenu : « exclure d’office » certaines hausses d’impôts ne serait « pas responsable ».Manifestation contre la réforme des retraites, ici en juin 2023, dans le Cher. Photo Le Berry républicain. Autre dossier : les retraites. Après la réforme de 2023, que la coalition de gauche et le Rassemblement national souhaitent abroger, l’idée d’un nouveau lifting refait surface. Le comité de suivi des retraites a récemment alerté sur la persistance de déficits prévisibles du système de retraite malgré la réforme de 2023 et réclame de nouvelles mesures pour revenir à l’équilibre.
Faible mobilisation dans la rueAvant que les noms ne soient officiellement connus, l’appel à la mobilisation contre le couple exécutif Macron-Barnier lancé par la gauche a peu mobilisé samedi, réunissant quelques milliers de personnes de Paris à Marseille.
Pour le nouveau gouvernement, à n’en pas douter, le plus dur commence.
Florence Chédotal