Passer une journée au Roi de l'Oiseau sans se ruiner
Le Roi de l’Oiseau, c’est un voyage dans le temps. Un retour à la Renaissance qui, comme toute excursion, invite fatalement à se délester, au fil des heures et des tentations, de quelques écus d’or. Combien faut-il en compter dans sa bourse pour festoyer toute une journée sans se priver, ni se ruiner ? Au risque de provoquer une fièvre révolutionnaire, osons le dire, les festivaliers ne sont pas tous égaux, visiteurs d’un jour et passionnés de la première heure n’ayant ni le même bagage, ni les mêmes besoins. On fait le point.
Se costumerSur l’affiche annonçant le 39e Festival des arts à la Renaissance, aucun dress-code n’est stipulé, car les festivaliers sont libres après tout de déambuler dans la tenue de leur choix, qu’elle soit d’époque ou plus contemporaine. Mais dans une ville où tous les jeunes et leurs aînés revêtent robes en velours et vêtements de gueux, n’est pas pointé du doigt celui qu’on croit… Plus qu’un simple accoutrement, le costume est la porte d’entrée dans les fêtes Renaissance, la clé de la camaraderie et des réjouissances. Oui mais voilà, il faut bien commencer quelque part. Souvent avec peu, mais l’essentiel : une cape ! Véritable passe-partout par-dessus des habits noirs, cet accessoire se loue 15 euros la journée, auprès de l’atelier costumes du Roi de l’Oiseau (au 29 rue Raphaël au Puy-en-Velay). Une petite dépense pour un bel effort d’intégration auquel les acteurs de la manifestation seront à coup sûr sensibles. Et si les capes se sont toutes envolées - fort probable à l’heure qu’il est - il faudra se tourner vers le grand marché Renaissance, une malle aux trésors à ciel ouvert.Dans l’enceinte du jardin Henri-Vinay occupé jusqu’à dimanche soir par les chalands, parmi lesquels bon nombre d’artisans costumiers, des tenues complètes sont proposées « à partir de 100 euros environ », indique Mireille, précisant que ce marché de niche n’a pas été épargné par l’inflation. « Depuis le Covid-19, reprend la tenancière de l’échoppe Armédia, les prix des tissus en lin et coton ou encore les frais de transport ont fait augmenter la note de + 30 % ». Pour s’en tirer à bon compte, les hommes ont tout intérêt à miser sur une longue tunique (50 euros environ) assortie d’un ceinturon qui fera illusion par-dessus un pantalon noir. Quant aux femmes, elles peuvent jeter leur dévolu sur un chemisier blanc (dès 38 euros) à porter sous un corset (sensiblement le même prix).Roi de l'eau marché artisanat businessDe bonne facture, les tenues complètes s’adressent davantage aux médiévistes et autres amateurs d’histoire qui souvent sont déjà parés pour les fêtes. Plus en quête d’accessoires que de tenues qu’ils cousent de leurs mains ou qu’ils dénichent lors de bourses aux costumes et parfois même sur « Vinted », ces passionnés, à l’instar de lady Magda et de son prince Kris, débourseront plus volontiers leurs deniers pour s’équiper de bijoux ou d’une coiffe « qu’on ne trouve nulle part ailleurs ».
Se divertirC’est LE point fort des fêtes Renaissance. Entre la visite des camps de toile où les acteurs du Roi de l’Oiseau redonnent vie aux vieux métiers et aux mœurs d’antan, et les concerts et spectacles de rue qui animent les places, cours et ruelles du Puy-Sainte-Marie au fil des heures, les festivaliers ont de quoi se divertir toute une journée sans mettre la main à la poche ou presque. Les plus fidèles n’auront sans doute pas manqué l’occasion de prendre place hier soir dans la grande lice du Breuil - moyennant 8 euros -, pour encourager les jeunes bergers lors du tournoi de lutte vellave. Quant aux visiteurs d’un jour, il est espéré qu’ils n’envisagent pas de quitter la ville sans avoir assisté à la grande finale du concours d’archerie et au sacre du Roi de l’Oiseau 2024, spectacle (prévu ce samedi soir, 12 euros) autour duquel s’articule le Festival des arts à la Renaissance.Roi de l'eau marché artisanat businessAutre source de réjouissances qui mettra cette fois festivaliers novices et expérimentés sur un même pied d’égalité : le grand marché Renaissance, théâtre de festivités, auquel il est donné accès en échange d’un euro par jour (gratuit pour les moins de 10 ans).
RipaillerQue seraient les fêtes Renaissance sans ses victuailles et ses breuvages bien-aimés ? Jusqu’à dimanche, la tentation est à tous les coins de rue, que ce soit dans les tavernes ou les échoppes gourmandes coquettement installées sous les arbres du jardin Henri-Vinay. Ici et là, en haut comme au bas de la ville, des en-cas, plus ou moins Renaissance d’une popote à l’autre, sont concoctés pour combler les appétits des festivaliers. Velouté de champignons aux noisettes mitonné au-dessus du feu de bois, ambroisine de poulet aux parfums historiques ou encore chausson aux champignons… sur le marché Renaissance, le choix ne manque pas, mais la somme à débourser, elle, varie peu. Comptez une petite dizaine d’euros par personne, et quinze s’il faut ajouter une note sucrée en fin de repas.Roi de l'eau marché artisanat businessEn vieille ville, dans les tavernes tenues par les associations caritatives, culturelles ou sportives de la cité mariale, le même tarif, à quelques euros près, donne droit à un menu complet, parfois même accompagné d’un peu de nectar pour aider les mets à glisser au fond du gosier.Côté breuvages justement, le fameux hypocras, blanc ou rouge, se monnaye entre 2,50 et 3 euros le verre, 13 euros à la bouteille. Ceci étant dit, le budget qui lui sera alloué au cours de la soirée ne dépend aucunement du niveau d’expérience du festivalier, mais plutôt de sa capacité à se pondérer. Quoique… À consommation égale, le passionné qui connaît les bons plans, et peut-être même un contrebandier, peut espérer économiser quelques écus, mais non sans prendre le risque que l’élixir lui laisse en bouche un goût amer…
Le coin des bonnes adresses pour se costumer, se divertir, ripailler…Pour se ripailler
Comme chaque année, les bénévoles des Restos du cœur reçoivent dans leur taverne (rue du Bouillon), où un menu de fête préparé par le chef Gilles Comunello, est proposé au tarif de 15 euros. Au menu, velouté de lentilles et cèpes, jambon braisé et ses lingots, fromage et dessert médiéval, sans oublier tout ce qui fait le charme de cette adresse : la certitude d’avoir joint l’utile à l’agréable, en se délectant des victuailles… pour la bonne cause bien sûr !
Pour se costumer à bon prix
À l’entrée du marché Renaissance (côté boulevard Alexandre-Clair), pressez vous d’aller saluer Dame Val. De bons conseils, cette marchande originaire du Gard recommandera le pardessus adapté à chaque situation : une esclavine pour monter à cheval, une cape pour voyager ou encore un chaperon pour sortir en soirée…
Pour se divertir dans les marchés
Dans les rues comme sur les camps, les acteurs du Roi de l’Oiseau (ci-contre les archers et le roi Henri VIII d’Angleterre) assurent l’animation en tout temps et offrent aux visiteurs une source intarissable de divertissement.
Pour se divertir dans les rues avec le roi Henri VIII d'Angleterre
L'heure du Bilan31 eurosC’est la somme minimale que les visiteurs d’un jour comme les passionnés de la première heure devront débourser pour manger (midi et soir), trinquer (dans la limite de deux verres d’hypocras) et faire un tour de marché sans rien y acheter. Les moins raisonnables d’entre eux dépenseront une cinquantaine d’euros supplémentaire pour assister au spectacle de leur choix dans la grande lice du Breuil et s’autoriser un achat compulsif sur le marché Renaissance, soit 89 euros en tout pour une journée de fête, sans compter les frais de breuvage qui peuvent rapidement alourdir la note en fin de soirée…
Ophélie Crémillieux