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Сентябрь
2024

On croule sous le plastique... Nocif pour le climat, pour la biodiversité, pour la santé : on vous explique les problématiques

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Pourquoi ce sujet ?Le 20 septembre 2024 marque le World Clean up day, la journée mondiale du nettoyage de la planète. Les citoyens sont mobilisés pour ramasser des déchets. Parmi ceux-ci, le plastique est omniprésent...

Les chiffres sont effarants. "En 2019, la production plastique était de 460 millions de tonnes annuelles, en prenant en compte les fibres synthétiques textiles. C’est le poids de tous les humains sur Terre. L’humanité produit son jumeau en plastique tous les ans. Et cette production augmente de 4 % tous les ans. On estime qu’aujourd’hui, on doit être à 550 millions de tonnes par an", argue Jules Vagner, cofondateur d’Objectif zéro plastique. Depuis 2022, ce bénévole participe aux négociations pour un traité mondial contre la pollution plastique, aux côtés d’ONG internationales.

Trois grands impacts

Dans les années 1950, on produisait deux millions de tonnes par an. Tout s’est affolé à partir des années 1990. "La faculté du plastique a été de remplacer toutes les autres matières, les cintres en métal sont devenus en plastique, les pots de fleurs en terre cuite sont aussi en plastique…", cite en exemple Jules Vagner. L’emballage est le premier secteur producteur, devant le bâtiment, et la production textile, avec ses matières en polyester.

La production massive de plastique a trois grands impacts, sur le climat, sur la santé, sur la pollution. Pour fabriquer du plastique, les producteurs utilisent à 99 % du pétrole, du gaz, du charbon, analyse Jules Vagner. Ils y ajoutent des additifs pour donner à la matière des propriétés spécifiques.

"Sur les 13.000 additifs connus, une bonne partie sont considérés comme dangereux. Ils contiennent des perturbateurs endocriniens, qui affectent la reproduction humaine."

Utilisées pour le produire, les énergies fossiles nuisent au climat. "Comme la production augmente, selon les projections, la part des émissions de gaz à effet de serre pourrait passer de 1,7 gigatonne de CO2 à 6,5 gigatonnes en 2050. Selon le Centre international de droit environnemental, la part de la production de plastique dans le budget carbone serait de 10 à 15 % en 2050. Ce serait supérieur au poids des transports. Les pétroliers sentent que le pétrole et le gaz seront moins demandés, ils misent sur le plastique pour continuer à vendre du pétrole", précise-t-il.

Le problème de la fin de vie

Le plastique est une source de pollution importante, notamment car sa fin de vie est très mal gérée. Sur les 460 millions de tonnes produites chaque année, 353 millions de tonnes deviennent des déchets. "Mais 4 milliards de personnes au niveau mondial n’ont pas accès à des systèmes de gestion de déchets et de tri. On estime que 295 millions de tonnes de plastique sont collectées. Et lorsqu’ils arrivent en centre de tri, est-ce tout est recyclé ? Non. 55 millions de tonnes arrivent entre les mains de recycleurs, mais 30 millions seulement sont recyclés."

La possibilité du recyclage dépend de nombreux facteurs comme le type de plastique, la législation des pays… Mais aussi des filières existantes. "Les pots de yaourt, c’est un mensonge, personne ne les achète, il n’y a pas de filière", déplore-t-il. D’autant plus que lorsqu’il est recyclé, le plastique perd ses propriétés. L’ajout de matière neuve est nécessaire et son recyclage n’est pas infini. Enfin, certains emballages complexes faits de plusieurs couches, carton, aluminium et plastique, ne sont pas traités.

La grande majorité des déchets plastique sont enfouis en décharge, parfois sauvages avec des fuites dans l’environnement. Les autres sont incinérés.

"Une partie de l’incinération se fait à l’air libre, avec des risques pour la santé des populations autour, car cela génère de la pollution de l’air."

Omniprésent dans notre quotidien, dans les pneus, dans les bâches agricoles, dans les vêtements, dans la vaisselle, sa dégradation, au fil du temps, pollue massivement l’environnement. Des cours d’eau à l’océan, en passant par les sommets de l’Himalaya aucun lieu sur Terre n’est épargné.

"Ce n’est pas que du plastique visible, dû aux incivilités. Dans l’air, une habitation génère 20 kg de poussière par an, 30 % soit 6 kg sont de plastique. L’accumulation dans les océans a été estimée à 139 millions de tonnes. Mais la pollution des sols est bien supérieure à la pollution de l’eau, avec 1.400 kg de plastique par kilomètre carré accumulé. Cela touche l’intégrité de la biosphère." Le plastique finit dans l’estomac des poissons, oiseaux, mammifères, lombrics… Et dans notre corps.

Abécédaire : T comme ThermoplastiqueIl existe trois catégories de plastique : les thermoplastiques, les thermodurcissables, les élastomères. "Les thermoplastiques sont ceux produits en plus grand nombre, ce sont ceux qu’on peut remodeler. Il en existe sept catégories, comme les PET utilisés pour les bouteilles, les PVC, les polystyrènes… Ils ont un code de 1 à 7, qui figure sur l’emballage", décrit Jules Vagner. Les thermodurcissables eux se fondent une fois mais pas deux, ils ne sont jamais recyclés. Les élastomères composent les pneus de voiture, les semelles de chaussures…

Au quotidien

Je changePour une consommation de plastique moins importante, on peut éviter les produits jetables ; réduire sa consommation d’emballages ; réparer ses objets plutôt que les jeter ; faire plus attention aux vêtements en polyester, nylon, en les faisant durer plus longtemps ; remplacer ses objets en plastique par des alternatives en inox, en verre, en carton, en bois… "Une voiture, c’est 20 % de plastique, quand on l’utilise moins, c’est moins de nanoparticules émises dans l’environnement, argue Jules Vagner. Il faut repenser nos modes de consommation, en acceptant que parfois le progrès c’est de revenir en arrière, comme avec la consigne du verre. La stratégie des entreprises est de remettre le problème sur le consommateur qui jette."

Ce n’est pas la faute de l’individu, mais celle du système. Il faudrait que le système change pour me permettre des alternatives. On a des limites en tant que consommateur."

Je m’informe. Pour approfondir la question des problématiques posées par le plastique, de nombreuses associations, comme Objectif zéro plastique, proposent aux citoyens, le plus souvent gratuitement, de participer à une fresque du plastique, un atelier participatif qui permet de comprendre les enjeux.

Je m’engage. Ce week-end, de nombreuses opérations de ramassages de déchets auront lieu partout. Ces associations ont aussi besoin de bénévoles pour militer.

Cindy Roudier-Valaud