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Fièvre catarrhale ovine en Haute-Loire : "les éleveurs subissent une catastrophe"

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La mine de Jérémy Deberle est grave. Les yeux et le visage de ce jeune agriculteur au physique élancé, aux épaules et aux bras solides, trahissent une fatigue physique et morale. Éleveur installé au 1er janvier 2023 en Gaec avec son oncle, Paul Deberle, il dressait, ce jeudi 19 septembre en fin d’après-midi, au préfet de Haute-Loire, Yvan Cordier, un état des lieux des effets de l’épidémie de fièvre catarrhale ovine (FCO) sur son troupeau :

J’ai un élevage de 400 brebis viande. Aujourd’hui, 58 sont mortes et une quinzaine de plus sont encore malades… J’ai rentré mes bêtes en urgence il y a trois semaines. Des prises de sang ont montré qu’il s’agissait de la FCO de sérotype 8. On a vacciné tout le troupeau contre le sérotype 8 il y a trois semaines. La dernière est morte dimanche…

Dans la cour de la ferme du Gaec des Sognes, à Chilhac, nombre d’agriculteurs sont venus donner au représentant de l’État en Haute-Loire un aperçu de la réalité. Faire remonter leurs pertes, mais aussi leurs demandes et leurs inquiétudes. Tous, rappelant combien il est difficile de se préparer à découvrir de nouvelles bêtes mortes tous les matins, pointent la gravité de la situation.

Sept cents foyers recensés

La rencontre a été organisée à l’initiative de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA). " C’était indispensable pour permettre de rendre compte aux services de l’État des conséquences de cette épidémie, expliquait, en marge, Nicolas Merle, président de la FDSEA 43. On est un des départements les plus touchés. " Sur 650 élevages ovins professionnels en Haute-Loire, environ 90 % sont atteints, d’après Yannick Fialip, président de la Chambre d’agriculture. La DDETSPP annonce plus de 700 foyers de FCO 8 recensés sur le département, entre élevages ovins (environ 80 %) et bovins.

Le choix du Gaec, divisé entre ovins et bovins, n’avait d’ailleurs pas été fait par hasard. Paul Deberle a constaté qu’une génisse et une vache laitière positives au FCO 8 ont avorté. Et dans l’arrondissement, la maladie en a déjà tué 7 chez un éleveur… La mortalité étant plus faible chez les bovins, beaucoup de cas n’ont, selon Yannick Fialip, pas été déclarés. Mais Nicolas Merle détaille :

Pour les vaches atteintes qui survivent, on devrait être sur une baisse de production laitière de 20 à 30 %. 

Les vaccins arrivés, d’autres à venir

" Les éleveurs ovins de Haute-Loire subissent une catastrophe. Au-delà de l’impact économique, le moral est très affecté ", remarquait le préfet en fin de réunion. Un peu plus tôt, face aux éleveurs, il détaillait les mesures en place et celles à venir : " Les visites de vétérinaires pour permettre d’identifier la maladie sont gratuites. Déjà 430.000 € ont été investis."

Depuis que nous sommes en zone régulée pour le sérotype 3, présent au nord de l’Auvergne, le vaccin contre celui-ci est gratuit. Les doses sont arrivées dans le département ce mercredi. Pour l’instant, celui pour le sérotype 8 n’est pas remboursé, mais des doses ont été demandées. Elles devraient arriver fin octobre.

" Pour moi, sous le contrôle des spécialistes, je préconise de vacciner les troupeaux contre le sérotype 3 et de rentrer les bêtes en intérieur. Je ne sais pas arrêter la maladie sans vaccin… Pour tous les éleveurs qui sont victimes de la FCO, il est important de se faire connaître pour bénéficier d’une aide exceptionnelle de l’État. Le sujet est sur la table du ministre de l’Agriculture. On attend la nomination du nouveau et le projet de budget… "

Une aide que des éleveurs appellent de leurs vœux, relayés par le député Jean-Pierre Vigier : " S’il n’y a pas, au niveau national, une action forte sur l’élevage, il y aura de la casse. Des éleveurs ne s’en relèveront pas… "

Yvan Cordier rappelait aussi le soutien apporté par la Mutualité sociale agricole (MSA). Des courriers, à renvoyer avant le 30 septembre, ont été adressés aux 500 élevages ovins professionnels du département : " On y trouve les demandes d’échéancier et de prise en charge de la cotisation, expliquait la représentante de la MSA. Et on offre aussi une aide au répit aux éleveurs ; même s’ils sont sur leur exploitation, ils peuvent bénéficier d’un complément de main-d’œuvre financé par la MSA. "

Évoquer l’après…

Comme chaque semaine depuis le 30 août, la cellule de crise (*) se réunira ce vendredi. Selon Nicolas Merle, des aspects techniques devraient être évoqués : " Il va falloir identifier les béliers qui ont survécu, mais sont devenus stériles, savoir si on peut faire de l’insémination et évoquer l’accompagnement sur des échographies. "

La crise n’étant pas encore terminée qu’il faut déjà penser à l’après. À ce qui devra être fait pour permettre la survie des élevages touchés. Dans cette optique, la réunion de ce vendredi accueillera aussi des banques.

Pierre Hébrard

(*) Rassemblant État, Chambre d’agriculture, FDSEA, JA, MSA, vétérinaires, Confédération paysanne et Groupement de défense sanitaire 43.