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Sécheresse : malgré les épisodes de pluies, la Haute-Loire n'est "pas à l’abri de se retrouver dans le rouge"

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Septembre 2023, le préfet de Haute-Loire annonce de nouvelles mesures de restriction sur la consommation d’eau comme l’interdiction d’arroser sa pelouse, les terrains de sport, les espaces verts publics ou encore de remplir les piscines publiques.

Un nouvel épisode de sécheresse dès cet hiver ?

Un an plus tard, la situation a bien changé. Aucune restriction sécheresse en Haute-Loire, sauf pour le bassin de l’Alagnon. "Après deux années de sécheresse, on est rassuré, indique le service technique eau potable du SGEB. On n’a pas eu à amener de l’eau avec des cuves, l’étiage a été beaucoup moins sévère." Les épisodes de pluies des dernières semaines et les températures basses à venir rassurent le syndicat avant d’entamer la période automnale.

Mais, le syndicat de gestion des eaux du Brivadois ne crie pas victoire trop vite. La situation peut changer dès cet hiver, si celui-ci est sec. "L’été, on utilise énormément d’eau et on use les nappes. Il faut qu’elles puissent se recharger en période hivernale. On n’est donc pas à l’abri de se retrouver dans le rouge s’il ne pleut pas cet hiver."

Après deux années de sécheresse, le SGEB se dit rassuré, mais reste vigilant.

Le SGEB espère que l’automne, l’hiver et le printemps resteront humides et que le prochain été sera le moins caniculaire possible. "On est rassuré et confiant, mais on reste vigilant. On avait peur que cette année, à l’image des deux précédentes, soit sèche", avoue le SGEB.

Ce "répit" permet à ce syndicat brivadois de réfléchir à des investissements et des exploitations comme la mise en place d’interconnexions entre les réseaux, la recherche de puits et le renouvellement des réseaux pour avoir les rendements les plus hauts possible et réduire les fuites. "On travaille sur tout cela depuis longtemps, assure le syndicat. Par contre, sur le soutien d’étiage (*) de l’Allier, on n’avait pas la possibilité d’alimenter certaines communes l’année dernière. On compte énormément sur Naussac pour préserver l’Allier et le fait qu’il était vide nous a fortement inquiétés."

Naussac rempli à 84 %L’année dernière, à la même période, cette retenue qui permet d’assurer le soutien d’étiage de l’Allier (rivière qui alimente notamment Brioude en eau potable) était à seulement 34 % de remplissage. Elle est même descendue à 21 % en octobre 2023, soit le taux le plus bas depuis 41 ans hors vidange. Les précipitations successives de cette année ont permis au barrage de Naussac de faire une remontée exceptionnelle en se rapprochant de la barre des 100 % avant l’été. Cela faisait plus de 3 ans, que le lac réservoir n’avait pas été rempli au maximum (185 millions de m³). "On est vraiment rassuré. En février dernier, on est parti avec un gros déficit qu’on a réussi à combler", partage le syndicat technique eau potable du SGEB. Aujourd’hui, le barrage de Naussac est à 84 % de remplissage.

Les pêcheurs observent des stigmates des sécheresses

Florian Chopard Lallier, directeur de la Fédération de pêche de Haute-Loire, se disait, lui aussi, préoccupé pour les milieux et les populations piscicoles après 2022 et 2023 : "Ces années de sécheresse ont marqué les peuplements de poissons dans les rivières. Puis, les quelques crues hivernales et automnales n’ont pas arrangé la reproduction."

La vie dans les rivières altiligériennes garde encore les stigmates de ces deux dernières années. Les suivis effectués par la Fédération de pêche de Haute-Loire confirment cela. "La population de truite, adulte et juvénile, n’est pas à son optimum. Elle est à peu près à la moitié de ce qu’on devrait trouver. Si on a des saisons plus normales, ça va remonter. Par contre, il ne faut pas des périodes de sécheresse consécutives", développe Florian Chopard Lallier.

Les poissons ont du mal à revenir. Et, si on reprend deux ou trois années de sécheresse, on aura du mal à revoir une population de poisson viable dans les cours d’eau

Le directeur de la Fédération de pêche de Haute-Loire se satisfait des derniers épisodes de pluies. D’ailleurs, il espère qu’ils vont se poursuivre dans les prochaines semaines. "Des pluies fines qui s’infiltrent bien dans les sols et qui remplissent bien les nappes et les réservoirs, cela serait super. Ce qu’on ne veut pas, ce sont de gros épisodes cévenols, comme on a déjà connu, qui vont embarquer les œufs pondus par les truites sous les graviers et abîmer les milieux de vie des poissons."

Des possibles crues causées par de forts épisodes de pluies ne sont donc pas les bienvenus. Surtout quand les conséquences des dernières années de sécheresse se font encore ressentir. "Les poissons ont du mal à revenir. Et, si on reprend deux ou trois années de sécheresse, on aura du mal à revoir une population de poisson viable dans les cours d’eau", complète Lionel Martin, président de la Fédération de pêche de la Haute-Loire.

Au niveau des cartes de pêche, Florian Chopard Lallier observe une légère augmentation des adhésions par rapport à l’année dernière.Même si lui et Florian Chopard Lallier préfèrent rester prudents, ils se réjouissent d’avoir eu un temps "aussi privilégié" en 2024. Même si les poissons n’ont pas été très mordeurs, ils étaient en forme. L’Allier était même en assez bon état pour accueillir plus de saumons. "En plus, on va bientôt les laisser tranquilles puisque c’est la fermeture de 90 % des rivières de Haute-Loire, depuis dimanche jusqu’à mi-mars", ajoute Florian Chopard Lallier.

Dans l’ensemble, les observateurs des milieux et des réserves aquatiques se montrent soulagés à la suite de cette année humide. Maintenant, le SGEB appelle chacun à jouer son rôle. "Ce n’est pas parce qu’on a eu une année de répit, que les prochaines ne seront pas sèches. Il faut toujours être vigilant sur sa consommation, ce n’est pas parce qu’il pleut, qu’il faut arroser son jardin. Il faut faire attention à la ressource", déclare le service technique d’eau potable de ce syndicat brivadois.

Profiter de cette année pluvieuse pour prendre des habitudes plus vertueuses en essayant de limiter sa consommation. "Si la population commence maintenant, les futures potentielles restrictions seront moins tranchantes."

(*) Le soutien d’étiage permet de maintenir le débit nécessaire des fleuves ou rivières pour l’alimentation en eau potable, l’irrigation, les activités industrielles, la préservation des milieux aquatiques…

Félix Mouraille