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Сентябрь
2024

"J'ai tout le temps peur pour elle, tout le temps" : découvrez le documentaire Le Poids des apparences

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Quand l’idée de plonger dans la vie des adolescentes d’aujourd’hui a germé, à l’automne dernier, jamais nous - Pauline Mareix, journaliste, Stéphanie Delannes, journaliste vidéo - n’aurions imaginé réunir un tel casting : cinq jeunes filles, aucune ne ressemblant à une autre mais toutes animées par le même désir de parler pour elles, pour celles qui n’osent pas et pour celles qui, plus tard, seront adolescentes. 

En janvier, si le casting lancé dans le journal papier a permis de récolter une candidature, la vidéo postée sur TikTok et Instagram dans la foulée a convaincu une quarantaine de jeunes filles de nous envoyer un mail. 

Ce qui nous a donné envie de choisir nos cinq témoins ? La double vie de Marina, entre lycée huppé de centre-ville et travail sur l’exploitation agricole de son père ; le fait que Wendy, habitant en pleine campagne et déscolarisée depuis la fin du collège, commence son mail par « Alors voilà je me présente » ; que le premier réflexe d’Aya soit de nous présenter son CV (que nous n’avons pas regardé) ; qu’Isaline, 15 ans, soit tout simplement la première à nous avoir contactées... Et puis, il y a eu Méline, la plus âgée du groupe. Alors que toutes les candidates nous ont assuré qu’elles voulaient participer au documentaire parce qu’il correspondait à leurs valeurs, Méline, avec tout le détachement du monde, nous a répondu que « ce serait vraiment super » pour son dossier Parcoursup. 

Au début, certaines ont eu peur de ne pas être assez intéressantes, ont hésité devant l’ampleur de l’investissement qui leur était demandé.

Il a fallu créer un lien de confiance, se livrer un peu pour qu’elles acceptent de le faire en retour. Finalement, ce sont elles qui ont le plus souvent pris les devants : « On se voit quand ? » ; « J’ai une idée d’un sujet que je voudrais évoquer la prochaine fois »... 

Le tournage, qui a duré dix mois, a été émaillé de moments forts, comme cette conversation a priori anodine dans la chambre de l’une de nos témoins qui a abouti à une confession sur des troubles de la conduite alimentaire jamais évoqués auparavant. Ou plus légers. Après son bac, nous sommes sorties en boîte avec Méline. Comme nous étions fières de reconnaître toutes les chansons que nous écoutions plus jeunes ! Jusqu’à ce que Méline se plaigne que les morceaux passés en début de soirée étaient « vraiment nuls ». Peut-être avait-elle même dit « ringards ».

Le Poids des apparences, c’est ça. Un film de 52 minutes qui nous émeut et nous fait rire, porté par des jeunes filles qui nous font penser aux adolescentes que nous étions. À ceci près qu’elles doivent gérer cette problématique propre à leur époque : une société au centre de laquelle règnent des standards inatteignables et potentiellement destructeurs alimentés par les filtres et les réseaux sociaux. Aya, Isaline, Marina, Méline et Wendy tentent tant bien que mal de s’en départir pour conquérir leur liberté.

"La sororité, c'est la décision d'insister sur ce qui rassemble les femmes", selon cette ancienne militante du MLF

Un documentaire de Pauline Mareix et Stéphanie Delannes Photo Richard Brunel