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Asma Niang : de l'athlétisme de haut niveau au soin des autres

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En publiant À bras le corps, la quintuple championne d’Afrique de judo, Asma Niang, livre plus qu’un récit autobiographique : elle souhaite offrir un guide d'accomplissement personnel, composé de douze chapitres abordant autant de thèmes fondamentaux en la matière, que chacun peut suivre pour réaliser son potentiel.

Des blessures vers la force et les premiers succès sportifs

Asma Niang a fait le choix, à travers son récit, de partager des expériences fortes de son parcours pour expliquer que son arrivée vers les plus hautes marches du podium ne s’est pas faite sans heurts ni doutes. Elle est arrivée à l’âge de 11 ans en France, non sans embûches. De ce pays, elle ne connaissait ni la langue, ni la société. Elle devait donc tout apprendre, repartir de zéro. À l’adolescence, période compliquée marquée par un sentiment de rejet et de colère, elle fait face à un premier refus, un passage en sport-étude rejeté. Ce premier obstacle, et son dépassement, sont ensuite devenus un curseur dans ses recherches constantes pour viser l’excellence et atteindre ses objectifs.

À plusieurs reprises, Asma Niang explique qu’elle a dû suspendre ses aspirations sportives pour faire face à la réalité quotidienne, mais que dans ces situations, son objectif se maintenait toujours présent dans un coin de sa tête. Elle dit avoir toujours su tirer une force des expériences professionnelles qui semblaient l'écarter de ses amibitions sportives, que ce soit en qualité de commis de cuisine ou lors de son intégration à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Comme elle le souligne, « il n’y a pas qu’une seule voie vers son accomplissement ».

Son entrée à la brigade des sapeurs-pompiers s’inscrit dans le parcours d’Asma Niang comme une évidence, pour cette athlète en quête de reconnaissance, désireuse d'accomplir quelque chose d’exceptionnel tout en se mettant au service d’autrui. Première femme, qui plus est « racisée », à rentrer dans une brigade intégralement masculine, elle a dû faire face aux préjugés et à des confrontations qui l’ont conduite à se remettre en question, mais qui ont également renforcé sa détermination. De ces dix années passées en caserne, Asma Niang dira : « j’ai véritablement appris les valeurs de la discipline, de l’engagement, de l’adaptation et du dévouement ».

Elle découvre le judo pour la première fois en 2003 et, tout comme elle devait son entrée à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris au hasard d’une rencontre dans un stade, c’est une autre rencontre avec Yves, professeur de judo, qui lui fera embrasser la carrière de judokate. À 31 ans, elle remporte le premier grand prix de judo de l’histoire du Maroc et parvient à se hisser dans le top 6 mondial.

Epreuves et réalisation de soi

En 2014, l’autrice découvre à Tokyo le kintsugi : cet art japonais très méticuleux qui consiste à réparer avec soin et précision la vaisselle qui a été cassée en soulignant les fissures à l’aide de poussière d’or (kin : or, tsugi : jointures). Cette découverte a inspiré la couverture du livre où l’on voit l’athlète parée de cicatrices recouvertes d’or. Les traces que l'on conserve de ses blessures sont appelées à se transformer pour mieux s’accepter et s’aimer.

Dans le chapitre « Mission de vie », Asma Niang se présente non pas en tant qu’athlète, mais en tant que thérapeute. Dans la relation de soin, l’autre ne peut servir de « déversoir » pour guérir ses propres maux, même si la tentation de l'employer à cet effet peut exister. Au contraire, la relation de soin est essentiellement un acocmpagnement. Dans ce sens, le métier de thérapeute permet d'approfondir ce que la carrière de pompier avait par ailleurs permis à Asma Niang de commencer à accomplir. Mais l'aspiration profonde à aider a dû passer par une meilleure connaissance de soi-même, de ses failles, car un blessé ne peut accompagner un autre malade s’il n’est pas guéri lui-même. Après l’accomplissement de tous ses exploits sportifs, Asma Niang souhaite devenir une source d’inspiration, dans la mesure où chacun a, à sa façon, un rôle à jouer envers les autres. L'enjeu est alors de trouver les bons ressorts se ce qu'on peut leur apporter.

Ce récit livre en partage une série d'expériences qui dépassent les frontières du sport de haut niveau. Il travaille les différentes étapies d'un parcours tumultueux et talentueux où chaque obstacle révèle des « clés » pour concevoir et atteindre des objectifs. Les obstacles et les blessures peuvent devenir des forces, pour soi et pour accompagner les autres. Grâce à la découverte de cet art japonais qu’est le kitsungi, Asma Niang ouvre le chemin de tous les possibles.