Bordeaux, monument en péril : les leçons à tirer du naufrage des Girondins, tenus en échec par Bourges en National 2
Il faut parfois distinguer un club de l’équipe sur laquelle il repose. Sportivement, les Girondins de Bordeaux sont une coquille vide ou presque, portée par une formation évoluant en National 2, une réserve en National 3 et des joueurs aux frêles épaules sur lesquelles sommeillent les derniers espoirs d’un géant du football français que le tribunal de commerce pourrait décider de liquider demain.
Mais les Girondins de Bordeaux sont aussi la preuve que le football n’est pas que du football. Samedi, deux heures avant la rencontre opposant le sextuple champion de France à Bourges, plusieurs centaines de supporters se sont réunis devant le stade Sainte-Germaine du Bouscat. Terre d’exil d’un club qui n’a pas les moyens financiers de louer son stade et pas les moyens matériels d’assurer la sécurité du public dans un autre.Jean-Louis Trillaud, président de l'association Girondins de Bordeaux
Alors, comme deux semaines plus tôt face à Poitiers, quand ils ont su qu’ils ne pourraient pas évoluer au Matmut Atlantique, les dirigeants bordelais ont sollicité un huis clos auprès de la Préfecture. Bordeaux oblige, une chaîne de télévision locale a diffusé la rencontre en direct, mais il était hors de question, pour bien des supporters, de passer le samedi sur le canapé. Ils ont préféré chanter sans rien voir de la rencontre pour ne pas subir le moment.
Les tribunes n’étaient pas vides pour autant. On y retrouvait quelques dizaines d’accrédités parmi lesquels beaucoup de journalistes locaux qui ne vont « plus au stade pour se régaler mais uniquement pour faire notre métier », soufflait un confrère après avoir commenté à la radio un 0-0 très éloigné des soirées Ligue des champions auxquelles il assistait il y a quinze ans à peine.
À quelques mètres de lui, sous une casquette noire, un acteur majeur de ces soirées endiablées. Jean-Louis Triaud, président du club entre 1996 et 2017 et aujourd’hui à la tête de l’association, observait le spectacle en espadrilles. À l’inverse, l’homme en poste aujourd’hui, Gérard Lopez, n’était présent que dans les chants furieux des supporters.
Des centaines de supporters devant le stadeSi les deux coachs s’appuieront sur la vidéo de la rencontre pour préparer la prochaine, les principales leçons à tirer de cette partie n’ont en réalité pas grand-chose à voir avec ce match nul qui a contenté les deux camps. Et Bourges, club qui veut grandir, a beaucoup à apprendre de Bordeaux, ce monument qui ne veut pas mourir.
Bordeaux, un nom qui ronfle dans un stade qui dort
Car la direction actuelle du club girondin se verra certainement un jour confier la rédaction du Que sais-je ? sur ce qu’il ne faut pas faire dans le foot. Quelques grands principes pourraient y être érigés, tel que ne pas dépenser de l’argent que l’on n’a pas, ne pas promettre ce que l’on ne peut pas ou ne pas mépriser ce qui vous survivra.
— fc.girondins_ (@fcgirondins2) September 14, 2024
Jeune club, le Bourges FC s’appuie aujourd’hui sur un actionnaire majoritaire multimillionnaire en la personne de Sadio Mané. Il ambitionne d’accéder à la Ligue 2 d’ici à 2030 sans afficher pour l’instant un train de vie indécent. Son président, Cheikh Sylla, rappelle souvent « qu’un club ça ne se décrète pas, ça se construit ». L’expérience bordelaise vient rappeler ces jours-ci qu’un club, ça peut aussi se détruire. À Bourges et aux autres d’en tirer les leçons.
Au Bouscat, Antonin Bisson