Promenons-nous dans les bois

Mérinchal. Promenons-nous dans les bois. Je suis allé faire un tour aux girolles comme on dit chez nous. Pas tellement pour remplir le panier, car je suis un piètre cueilleur, mais pour voir leur soleil radieux éclater au cœur des mousses chevelues d’un vert magnifiquement contrasté et vibrant de friselés.

N’abattons pas le dernier rempart du changement climatique

Rien ne pousse dans les plantations de type industriel où les arbres sont alignés comme un régiment de militaires au garde à vous. Il faut donc chercher ce champignon exceptionnellement savoureux là où le sous-bois de feuillus est broussailleux et le passage piégé d’arbres morts couchés et de bouquets de houx. Là où les clairières et les zones d’ombres se succèdent. Là où le sol se creuse soudainement pour rebondir plus loin en monticules que la nature a recouvert de fougères, de ronces et de feuilles mortes pour faire oublier les blessures causées par quelques prospections humaines.

Ces bosquets sans grande valeur qu’écologique étaient la propriété des petits agriculteurs locaux qui y prélevaient leur bois de chauffage et celui qui remplacerait l’ossature des charpentes lorsque la toiture aurait besoin d’être refaite. Ils appelaient cela « garder une poire pour la soif ». Malgré leur faible valeur marchande, ces petits bois anarchiquement plantés de feuillus de tous âges sont de plus en plus victimes de l’augmentation des autres sources d’énergie de chauffage. Ils deviendront prairies ou forêts de douglas. Finis les havres de paix, protecteurs de faune et de flore et de bien-être tempéré ! Fini le tam-tam des pics gourmands de fourmilières et d’insectes phytophages ! Nous n’irons plus au bois cueillir la jonquille, la pervenche, les girolles et le cèpe quand le chant du coucou et de la tourterelle des bois se sera tu.