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Сентябрь
2024

Cet ingénieur d'origine creusoise avait cru au cheval-vapeur dès 1882

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Dimanche 22 septembre, les amateurs d’automobiles ont rendez-vous à Gouzon où le Gastromobile Club Gouzonnais organise sa septième Journée du Patrimoine roulant ouvert aux véhicules de plus de trente ans. Peut-être y verra-t-on l’un des nombreux modèles de voitures fabriquées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe par Albert de Dion et Georges Bouton. Ce duo était à l’origine un trio, avec Charles Armand Trépardoux, né le 26 février 1853 à Paris.

Des racines à Évaux-les-Bains

Son grand-père, Antoine Trépardoux, natif d’Évaux (24 mars 1800), « monté » à la capitale comme nombre de ces compatriotes, pour y exercer non le métier de maçon mais de coutelier et mécanicien, activité dans laquelle lui succéda son fils, Pierre Charles. Sorti ingénieur de l’École des Arts et Métiers d’Angers, Charles Trépardoux s’associe avec Georges Bouton, mécanicien, de six ans son aîné. Il est aussi le beau-frère de Charles qui a épousé sa sœur cadette Eugénie, le 13 mars 1879.Les deux hommes, perfectionnistes de la mécanique, construisent dans leur atelier du passage Léon (Paris, 18e) des instruments scientifiques, des locomotives de salon et des modèles réduits à vapeur, que vend Giroux, marchand de jouets, boulevard des Italiens.

En 1884, la chasse à courre au sanglier est un évènement cynégétique et mondain

Au début de l’année 1882, le marquis Jules Albert de Dion, 26 ans, né à Carquefou, tombe en arrêt devant une petite machine à vapeur dont le fonctionnement l’émerveille. Disposant de moyens financiers importants, de Dion propose à Bouton et Trépardoux une association pour construire des véhicules légers propulsés par la vapeur. Ainsi naît la société « Trépardoux et compagnie », Ch. Trépardoux, ingénieur diplômé, ayant seul les références pour donner son nom à l’entreprise.Le 1er mai 1883 est déposé un brevet (n° 155206) pour une chaudière de type vertical à petits tubes de circulation, où la chauffe et la vaporisation très rapide de l’eau se traduisent par une faible consommation de coke. Cette chaudière est montée sur un quadricycle. G. Tissandier en donne la description dans « La Nature », en août 1884 : « La voiture est actionnée par deux moteurs oscillants indépendants. Le diamètre des cylindres est de 7 cm et la course des pistons de 10 cm. Le nombre de tours pour une vitesse de 40 kilomètres à l’heure est de 450 environ soit 900 coups de piston à la minute. La pression de vaporisation atteint 9 kilos de vapeur par kilogramme de coke. La voiture de MM. A. de Dion, G. Bouton et C. Trépardoux, fait très peu de bruit ; elle fonctionne sans échappement visible de vapeur ni de fumée… ».

« La Marquise »

Ce quadricycle, nommé « La Marquise », de 1,12 m d’empattement pour 2,70 m de longueur, est à roues avant directrices ; la chaudière à vapeur peut être alimentée par du bois, du charbon, du coke.En 1885, la société Trépardoux s’installe à Puteaux, près de Paris, où elle construit une voiture plus puissante, un phaéton où prennent place quatre personnes, le mécanicien-chauffeur étant… à l’arrière. C’est probablement Ch. Trépardoux que l’on voit occupant ce poste, sur la photo illustrant cet article, avec de Dion au volant et à ses côtés Georges Bouton.

Une autonomie  de 100 kilomètres

Selon la description donnée par la presse de l’époque, la chaudière, avec derrière la réserve de charbon permettant d’effectuer 100 kilomètres et les appareils d’alimentation, est placée à cheval sur les deux roues motrices. Cette chaudière est tubulaire, inexplosible et à circulation ; sa mise en pression n’excède pas 10 à 15 minutes. Le réservoir d’eau, qui donne une autonomie de 40 kilomètres, est situé sous le siège.Le chocolatier Henri Menier sera le premier à acquérir ce modèle roulant à 30 km/h et pouvant gravir des pentes de 10 % à la vitesse de 8 km/h. Mais la traction à vapeur impose aux chauffeurs (c’est de là que vient l’usage de ce mot encore employé – improprement – aujourd’hui) des tâches compliquées et salissantes.

À partir de 1890, le moteur à pétrole, malgré sa faible puissance, commence à séduire les constructeurs. Trépardoux, Bouton et de Dion sont alors confrontés à un choix technique et industriel. L’intérêt de de Dion pour le moteur à pétrole au détriment des chaudières marines que fabrique l’entreprise et sur l’avenir desquelles Trépardoux fonde beaucoup d’espérances, conduit au début de 1893 à la rupture entre les deux hommes. La dissolution de la société formée par Trépardoux, de Dion et Bouton, intervient le 27 mai de cette même année. Charles Trépardoux garde les droits d’exploitation de plusieurs brevets, notamment ceux concernant les chaudières légères.Le 6 décembre 1894, le marquis Albert de Dion et Georges Bouton constitueront une nouvelle société. Cette séparation blessa les deux hommes et de Dion, fondateur de l’Automobile Club de France (1895) et du Salon de l’Auto (1898), s’évertua à chasser des mémoires son ancien associé, Trépardoux, dont on ne sait s’il vint à Évaux avant sa mort, le 4 mai 1920, à Cachan.Onze ans plus tard, impacté par la crise de 1929, de Dion – Bouton cessait de produire des automobiles.Sources : Biographie de Ch. Trépardoux par Francis Trépardoux (Mémoires de la Société des Sciences Naturelles et Archéologique de la Creuse (1990) ; généalogie de la famille Trépardoux, par Antoine Simoneton (Généanet). 

À Gouzon. Dimanche 22 septembre, de 9 heures à 18 heures, exposition de voitures, motos, cyclomoteurs, tracteurs, place du Champ-de-Foire ; dès 8 heures bourse aux pièces détachées (autos, motos, cycles) ; à 14 heures, vente aux enchères d’automobiles, motos, cyclomoteurs, vélomoteurs (une trentaine de lots) par Me Pierre Turpin, commissaire-priseur ; buvette et restauration sur place. Entrée gratuite