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"Je suis convaincue que nous réussirons à trouver des chemins de compromis" : Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale

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Visites d'un bus France Services, d'une maison de santé et d'un café de village sont au programme du déplacement de Yaël Braun-Pivet (Ensemble pour la République) dans l'Yonne ce vendredi 13 septembre 2024. À la veille de ce rendez-vous, la présidente de l'Assemblée nationale est revenue longuement sur l'actualité politique nationale, deux mois après la dissolution et à quelques jours de la désignation d'un nouveau gouvernement.

Pourquoi avoir décidé d'organiser un déplacement dans l'Yonne ? 

Depuis deux ans, j'ai décidé de sortir l'Assemblée nationale de ses murs et d'aller partout sur le territoire, qu'il soit hexagonal ou ultramarin. Ce sera mon 44e déplacement. Parmi les éléments mis en lumière pendant la campagne législative, il y a ce sentiment d’éloignement des élus. Je pense que l'Assemblée nationale doit contribuer à réduire cette fracture-là.

En juillet, trois députés du Rassemblement national (RN) ont été élus dans l'Yonne, cela justifie-t-il votre déplacement ?

Il n'est pas question que la présidente de l'Assemblée nationale que je suis n'aille pas dans tel ou tel territoire sous prétexte qu'il a voté dans tel ou tel sens. Bien au contraire. Chacun des Français qui a exprimé quelque chose de fort dans les urnes mérite de la considération et l’attention de nos institutions. Mon objectif est d'aller partout pour rencontrer les Français, mieux comprendre quelles sont les difficultés auxquelles ils se heurtent, voir aussi ce qui marche bien, comme ce bus France Service et ce café.

Vous avez rencontré le nouveau Premier ministre vendredi dernier. C'est l'homme de la situation ?

Je pense que c'est un homme qui est à l'écoute. Il est connu pour sa capacité à nouer des compromis et être un homme de dialogue. Je lui ai surtout dit qu'il pourrait s'appuyer sur l'Assemblée nationale. Je lui ai réaffirmé notre capacité à trouver des compromis. Nous l'avions fait pendant deux ans, de 2022 à 2024. Nous entendons bien jouer pleinement notre rôle et continuer à pouvoir avancer sur un certain nombre de sujets.

Vous avez demandé la tenue d'une session extraordinaire à l'Assemblée dès que le futur gouvernement sera connu. Vous ne craignez pas de motion de censure ?

Sur le plan politique, je pense qu'il ne faut jamais censurer par principe quelqu'un ou une équipe, mais qu'il faut censurer pour des raisons de fond. Et donc il m'apparaîtrait très étrange de s'engager dans cette voie-là avant même d'avoir entendu l'expression des uns et des autres, la volonté qui les anime et les projets qui pourront être ceux de cette équipe gouvernementale.

Le Rassemblement national est-il en position d'imposer des lignes rouges ?

J'observe que le RN n'a pas la capacité à lui tout seul de censurer la politique qui serait menée par le gouvernement. En aucun cas, le RN n'est prédominant et pourrait imposer une quelconque ligne rouge à quiconque. Je ne souscris absolument pas à cette posture. Je réaffirme que le combat contre les idées, contre les valeurs du RN, doit continuer à être mené plus que jamais. Et en aucun cas, nous ne devons nous compromettre avec ce parti.

La nouvelle composition de l'Assemblée nationale va-t-elle changer votre manière d'appréhender votre mission de présidente ?

Il y a des voies du dialogue, il y a des façons de créer du consensus. Il va falloir plus que jamais que je m'inscrive dans ce rôle-là. Nous avons créé des semaines transpartisanes, où plusieurs groupes politiques portaient des textes ensemble. Au total, près de 40 textes ont été adoptés à l'unanimité. Je suis convaincue que nous réussirons à trouver des chemins de compromis.

Après, cela ne veut surtout pas dire que nous sommes d'accord sur tout, au contraire, mais que nous sommes capables, sur certains sujets, d'avancer en commun.

Je ne suis pas inquiète, je suis plutôt confiante, parce que nous avons chacun été élus par les Français pour agir.

Quels sont les sujets à mettre sur la table en priorité à partir du 1er octobre, à la reprise des sessions parlementaires ?

Il y a la loi d'orientation agricole, une loi importante, après de longs mois, voire années de négociations menées par Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, et qui fait suite à la crise agricole que nous avons pu connaître. Cette loi agricole qui a été votée en première lecture à l'Assemblée nationale est actuellement examinée au Sénat. Je pense qu'il est important et urgent de reprendre l'examen pour pouvoir aboutir sur ce sujet qui reste complètement d'actualité.

"La loi sur la fin de vie est aussi très attendue par les Français. Les débats que j'ai présidés étaient extrêmement respectueux, très sereins, très riches et intéressants. Je ne comprendrais pas que nous ne reprenions pas rapidement son examen, là où nous l'avions interrompu."

Il y a également la question du budget, à adopter d'ici à la fin de l'année.

Sur l'adoption, nous sommes encore dans les temps, même si, par rapport à ce qui se fait habituellement, on est très en retard. Mais les circonstances politiques sont celles que nous connaissons. Il comportera de nombreux éléments, très attendus par nos compatriotes, justice fiscale au premier plan et affirmation d'un certain nombre de priorités, qui seront celles du gouvernement en matière de services publics, de santé, etc.

Faut-il, comme le pense le nouveau Premier ministre, revenir sur certains points de la réforme des retraites ?

Elle avait pour objectif de pérenniser le système et d’assurer les équilibres financiers en repoussant l'âge de la retraite à 64 ans. Mais elle avait aussi un autre volet, l'amélioration des retraites des plus fragiles. 1,7 million de personnes viennent de bénéficier de cette revalorisation.

Il y avait également des dispositifs sur les carrières longues. Je pense que l’on peut aller plus loin, notamment sur la pénibilité et l’emploi des seniors. Mais un certain nombre de sujets dépassent la question des retraites. Si on regarde par exemple les inégalités de retraite pour les femmes, elles sont le résultat des écarts de salaires qui existent pendant toute la durée de la vie professionnelle. Beaucoup de sujets restent ouverts, au-delà de la seule question des retraites, et qui sont urgents à remettre sur le métier.

Antoine Compigne Follow @an_compigne