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Venezuela : les socialistes espagnols complices de Maduro ?

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L’exil d’Edmundo González Urrutia en Espagne, où il est arrivé lundi 9 avril, menace la stratégie de l’opposition vénézuélienne. Et les socialistes espagnols pourraient ne pas être totalement étrangers à cette décision qui ravit le dictateur Nicolas Maduro. 

 

Le positionnement tiède de l’UE 

À quelques jours de l’élection présidentielle du 8 juillet 2024, alors que le candidat de l’opposition démocratique, Edmundo González Urrutia, détenait une avance de 10 points dans les sondages, Nicolas Maduro menaçait le pays d’un « bain de sang » en cas de victoire de son rival. 

Comme promis, plus de 2000 arrestations et près de 27 morts plus tard, le Tribunal suprême vénézuélien, notoirement contrôlé par la dictature chaviste, attribuait la victoire à Nicolas Maduro, successeur d’Hugo Chavez. 

Malgré le refus du Conseil national électoral de publier les procès-verbaux électoraux prouvant la victoire d’Edmundo González Urrutia, publiés depuis par l’opposition, et les multiples preuves de fraudes, l’Union européenne n’a pas reconnu la défaite de Maduro. Cette prudence diplomatique contraste avec celle de nos alliés américains et des démocraties les plus solides du continent américain, telles que l’Uruguay, le Costa Rica ou l’Argentine, qui ont reconnu la victoire de l’opposition. Le président chilien Gabriel Boric, nouvelle figure de la gauche sudaméricaine, a quant à lui eu des mots très durs pour dénoncer la fraude perpétrée par le chavisme.  

Bien plus neutre qu’à son habitude, l’Union européenne s’est donc contentée de ne pas reconnaître la victoire de Maduro, dans une curieuse équidistance entre le positionnement des démocraties du continent américain et celles des dictatures du « Sud global » (Chine, Iran, Russie Bolivie, Qatar, Cuba, etc.).

 

La faute aux socialistes espagnols ? 

S’il existe une divergence entre ce positionnement et celui de ses principaux alliés, il est en revanche aligné sur celui de l’Espagne, pays qui comptait en 2023 plus de 438 000 immigrés et réfugiés vénézuéliens. 

Or, la diplomatie européenne et le gouvernement espagnol ont en commun d’être dirigés par des membres du Parti socialiste espagnol. En effet, Josep Borrell, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, est l’ancien ministre des Affaires étrangères du premier gouvernement de Pedro Sanchez. 

C’est pourquoi il convient d’étudier les liens entretenus entre les socialistes espagnols et la dictature vénézuélienne.

 

José-Luis Rodríguez Zapatero et le Grupo de Puebla 

L’ancien président du gouvernement espagnol (2004-2011) joue un rôle actif dans la légitimation de la dictature chaviste. D’abord engagé comme médiateur entre le régime de Nicolas Maduro et l’opposition, il est depuis devenu un soutien du régime vénézuélien.

En 2017, les manifestations postérieures à la substitution par Maduro de l’Assemblée nationale vénézuélienne acquise à l’opposition par une Assemblée constituante ad hoc se soldèrent par un bilan de 163 morts et près de 3000 blessés.

Zapatero officia comme médiateur lors des négociations entre la dictature vénézuélienne et l’opposition, à Saint-Domingue. Julio Borges, député de l’opposition et président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, critiqua ouvertement l’ancien président espagnol et l’accusa de soumettre l’opposition démocratique à « davantage de pressions et de menaces qu’au gouvernement vénézuélien », faisant pencher les négociations en faveur de Maduro. 

En 2019, il participa à la création du Groupe de Puebla, forum politique réunissant les représentants de la gauche hispano-américaine aux CV les plus reluisants : Cristina Fernandez de Kirchner, ancienne présidente argentine condamnée pour de multiples cas de corruption, Ernesto Samper, ancien président colombien financé par le Cartel de Cali, l’ex-président bolivien Evo Morales, habitué à la fraude électorale ou encore Rafael Correa, ancien président équatorien condamné pour corruption

En 2023, Zapatero s’est même affiché tout sourire aux côtés de Nicolas Maduro lors d’une visite au Palais de Miraflores, durant laquelle il a fait part de son objectif : obtenir le retour de Maduro sur la scène internationale. 

À quelques semaines des élections présidentielles du 8 juillet dernier, Zapatero a ouvertement critiqué, dans une interview, « le mauvais chemin pris par la communauté internationale, sous la houlette de Trump, qui est marqué par la désinformation relative à ce qui se passe au Vénézuela, et empreint de préjugés ». En 2020, il avait appelé à plusieurs reprises l’Union européenne à se désolidariser de la stratégie américaine. 

 

Pas qu’une simple brebis galeuse… 

Malheureusement, Zapatero n’est pas une exception parmi les socialistes espagnols.

Ces derniers ont formé une alliance de gouvernement avec Podemos, formation qui a joué un rôle actif dans la promotion de la dictature vénézuélienne. Les camarades espagnols de Jean-Luc Mélenchon ont notamment fait l’objet d’une enquête pour financement irrégulier de leur parti, provenant du Vénézuela. Un des fondateurs de Podemos, Juan-Carlos Monedero, soutient Maduro de façon moins subtile que Zapatero, puisqu’il s’affiche désormais en meetings et interviews à ses côtés. 

Mais l’événement qui a le plus jeté le trouble sur les relations entretenues entre la dictature vénézuélienne et les socialistes espagnols est le Delcygate. La nuit du 19 janvier 2020, la vice-présidente vénézuélienne Delcy Rodriguez, dont l’entrée sur le territoire européen est prohibée par l’Union européenne, fut reçue par José-Luis Abalos, bras droit de Pedro Sanchez, lors d’une réunion à l’aéroport de Madrid. Lors de cette réunion secrète de plusieurs heures révélée postérieurement par la presse, plusieurs valises furent transférées d’un avion à un autre, sans faire l’objet des contrôles de sécurité réglementaires.  

Cet historique de relations ambiguës entre les socialistes et la dictature vénézuélienne font redouter une collusion dans le cadre de l’asile politique accordé par le gouvernement espagnol à Edmundo Gonzalez Urrutia. Si le statut d’exilé politique en Espagne offre la possibilité à celui à qui il est accordé d’exercer une activité professionnelle, l’usage veut que son bénéficiaire n’exerce pas d’activité politique, ce qui serait très profitable à Nicolas Maduro. 

Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères du Parti populaire, José Manuel-Garcia Margallo, « il existe un accord entre le gouvernement de Sanchez, Maduro et Eduardo Gonzalez pour qu’il garde silence, pour le neutraliser et le sortir de la vie politique ». Selon lui, c’est à sa lumière qu’il faut lire le communiqué au ton résigné publié par l’opposant vénézuélien à son arrivée en Espagne. C’est ce qui a été confirmé par Delcy Rodriguez, qui a confirmé l’existence « d’amples conversations » avec le gouvernement espagnol.

Maria-Corina Machado, cheffe de l’opposition restée au Vénézuela, poursuivra la lutte depuis son pays natal. Dans un message posté sur ses réseaux sociaux, elle a expliqué que le mandat d’arrêt, les pressions et menaces subies par Edmundo Gonzalez Urrutia lorsqu’il était réfugié à l’ambassade des Pays-Bas au Vénézuela faisaient peser un risque pour sa vie. Elle a également souligné la complexité de l’opération qui a abouti à son départ et prévenu que ses détails seraient connus le moment venu.

Affaire à suivre.