Unique en Europe de l’Ouest, une unité pilote de production d'hélium vient de naître dans la Nièvre

Et si Saint-Parize-le-Châtel, localité de 1.225 habitants où serpente une partie du circuit automobile de Nevers-Magny-Cours, devenait la première commune d’Europe de l’Ouest à produire en quantité industrielle de l’hélium, ce gaz rare et cher principalement extrait du sous-sol américain et qatari ?

Après six ans d’exploration dans cette commune du Sud Nivernais, les co-fondateurs de la société mosellane 45-8 Energy, Benoît Hauville, directeur général, et Nicolas Pélissier, président, ont fait part de leurs espoirs de gisements abondants, mercredi 11 septembre, lors de l’inauguration de leur unité pilote de production au lieu-dit Les Fonts Bouillants.

Unique en Europe de l’Ouest, achevée en juin après un an de travaux et alimentée par un puits d’une soixantaine de mètres de profondeur, elle capturera les premiers mètres cube d’hélium dans les prochains jours.

Que des tuyaux

Cette unité est un bâtiment de seulement 250 m² où s’entremêlent des tuyaux dans lesquels arrive le gaz, aspiré à quelques centaines de mètres de là. Il y est purifié par séparation du gaz carbonique et de l’azote mélangés dans le même flux. De la plomberie uniquement.

Modeste à cette profondeur, la production alimentera à petite échelle le marché français où l’hélium est utilisé comme gaz de propulsion, refroidissement ou levage dans les téléphones portables, airbags automobiles, appareils d’imagerie par résonance magnétique (IRM), téléviseurs… "C’est une première étape cruciale", estiment les dirigeants de 45-8 Energy. Elle précède une éventuelle exploitation industrielle du gaz extrait de tout ou partie de trois autres puits. Ils sont en cours de forage à des profondeurs de 800 à 1.500 mètres… "Nous avons hâte d’écrire la suite", lance Nicolas Pélissier, en annonçant que la ressource en hélium est estimée à "seize millions de mètres cube" dans le secteur de Saint-Parize-le-Châtel. "Trois ans de consommation de la France !"

"Une pépite"

La sénatrice Nadia Sollogoub voit cet hélium comme "une pépite". Mais concède que "nous ne mesurons que partiellement l’enjeu qui se joue à Saint-Parize-le-Châtel" où se dessine "un avenir plein de promesses et de prospérité". "Bonne chance pour la suite", a souhaité son collègue Patrice Joly.

Délégué interministériel aux approvisionnements en minerais et métaux stratégiques, Benjamin Gallezot juge que la production d’hélium est "une étape dans la souveraineté industrielle de l’Europe" quand le préfet de la Nièvre, Michaël Galy, devine "un atout économique majeur" et la "capacité à innover".

"Qui aurait pu imaginer qu’un jour, notre commune serait jalonnée de kilomètres de câbles pour explorer ses entrailles ? Et que le village serait ausculté par cinq mille capteurs, tandis que des camions vibreurs, venus d’Espagne, faisaient gronder notre sol sous nos pieds ?", s’est interrogé le maire, André Garcia. Aujourd’hui, l’élu peut se réjouir : sa commune est connue dans toute l’Europe de l’Ouest.

Ludovic Pillevesseludovic.pillevesse@centrefrance.com