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Сентябрь
2024

"Chats et chiens mangés", bébés "exécutés", pays "en enfer" : face à Harris, Trump a multiplié outrances et fake news

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Le ton a été donné avant même le coup de sifflet inaugural. Alors que les deux candidats faisaient leur entrée de part et d’autre du plateau de la chaîne ABC, Kamala Harris a filé droit sur son contradicteur, d’un pas décidé. Une fois devant le pupitre de Donald Trump, elle a tendu le bras et provoqué une poignée de main à laquelle le républicain a dû se plier de mauvaise grâce, visage fermé.

Tout sauf un hasard, évidemment. « Harris a opté pour une stratégie résolument offensive, qui consistait à aller chercher Trump, à le provoquer. Elle s’y est tenue dès le départ », relève Simon Grivet, maître de conférences en histoire et civilisation des États-Unis à l’université de Lille, et téléspectateur attentif du débat.

Trump a fait du Trump

Propulsée dans la course à la Maison Blanche après le retrait surprise de Joe Biden, le 21 juillet, l’ex-procureure de San Francisco devait faire oublier la prestation cataclysmique de son actuel boss octogénaire face au même Trump, fin juin. « Ce jour-là, rappelle Simon Grivet, les plans de coupe montrant un Biden totalement perdu, la bouche ouverte, avaient eu un impact désastreux. »

Sa successeure a semble-t-il retenu la leçon, alternant les sourires ironiques et/ou interloqués pendant les prises de parole de son adversaire, les regards insistants lancés vers un Donald Trump qui n’a jamais tourné la tête vers elle, et les déclarations “face caméra”, s’adressant directement aux Américains. « Elle avait minutieusement travaillé ses attitudes », observe l’enseignant.

Trump, lui, a fait du Trump. Simon Grivet encore : « C’est toujours la même chose avec lui. Il est en roue libre et répète les mêmes phrases que l’on entend dans ses meetings. Quand on lui pose une question, soit il n’y répond pas, soit il l’évacue en deux mots avant de revenir à ses thèmes habituels et quasi-obsessionnels, à commencer par l’immigration illégale et la crise inflationniste. »

Sur le premier sujet, l’ancien président a de nouveau accusé l’administration Biden-Harris de laisser se « déverser » sur le sol américain des « millions de criminels sortant de prison ou d’instituts psychiatriques, des terroristes, des trafiquants de drogue » qui « prennent possession de nos immeubles, de nos villes », provoquant ni plus ni moins que la « destruction » d’un pays projeté « en enfer ».

Sur sa seconde thématique fétiche, Trump a assuré que « des gens meurent aujourd’hui » parce qu’ils « n’arrivent même plus à acheter des céréales, du bacon ou des œufs ».

"Disque rayé" et fake news

Ce discours « aux airs de disque rayé », selon l’universitaire lillois, a été comme toujours ponctué d’outrances et de “fake news” de l’ex-magnat. Exemple, parmi d’autres : « A Springfield, Ohio, les réfugiés volent les chats et les chiens des habitants pour les manger. » Une accusation aussitôt démentie, preuve à l’appui, par les présentateurs d’ABC. Soupir dépité de la démocrate : « Encore un tas de mensonges… »

Photo SAUL LOEB/AFP

L’affrontement sur l’avortement, l’un des sujets centraux de la campagne, a illustré jusqu’à la caricature le fossé qui sépare les deux postulants. Pendant sa présidence, Trump avait nommé plusieurs juges ultraconservateurs à la Cour suprême afin d’ouvrir la voie, en 2022, à la suppression du droit fédéral à l’IVG, renvoyant la question à chacun des 50 États.

Ce mardi soir, après avoir salué « le génie, le cœur et la force » des magistrats à l’origine de cette rupture majeure, il a prétendu – à tort, là encore – que les « radicaux » démocrates prévoyaient d’« autoriser l’avortement jusqu’au neuvième mois de grossesse » et même « d’exécuter des nouveaux nés ».

« C’est inexact », l’a recadré le présentateur, avant que Harris ne renouvelle son « soutien inconditionnel » à la réinstauration de la législation antérieure, à rebours de « l’immoralité » de son adversaire. Et d’ajouter, des trémolos dans la voix : « Personne n’est obligé d’abandonner sa foi ou ses convictions profondément ancrées pour s’accorder sur le fait que le gouvernement, et certainement pas Donald Trump, ne devrait pas dire à une femme ce qu’elle doit faire avec son corps. »

Swift avec Harris. À l’issue du débat, la mégastar de la pop américaine Taylor Swift a annoncé sur Instagram qu’elle voterait pour la candidate démocrate car « elle se bat pour les causes et les droits auxquels je crois ». Sa publication a récolté plus d’un million de mentions « J’aime » en moins de 15 minutes.