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Сентябрь
2024

À quoi ressemblerait l'école sans association de parents d’élèves ? Comment la crise du bénévolat impacte les enfants

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« Toutes les bonnes volontés sont bonnes à prendre. Si quelqu’un a un peu d’énergie et de temps à consacrer… » Nous sommes dans la classe de CP de l’école du Palais, à Aurillac. Anne Poulhès, secrétaire de l’APE (association de parents d’élèves), et la présidente, Géraldine Issiot, courent les réunions de rentrée. Pour recruter. « On est en fin de parcours, ma fille est en CM1, le fils de la présidente en CM2. On aimerait passer la main aux parents qui arrivent. » À Roumégoux, Véronique Dugas, mère d’une élève en CM2 au RPI Roumégoux-Cayrols, n’a pas hésité à prendre la présidence, puis le poste de secrétaire. « J’ai pensé au bien des enfants. Les enseignants ont un projet pédagogique, des activités. Et quand on est à 25 minutes d’Aurillac, tout coûte plus cher. L’enseignement de la natation est obligatoire, mais se rendre à Aurillac en bus coûte 200 € par sortie piscine. » C’est l’APE qui paye. Pour cela, il faut des événements qui permettent de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Les APE doivent organiser plusieurs temps forts dans l’année.

Associations du Cantal en mal de bénévoles : elles tirent la sonnette d'alarme

Halloween, belotes, quine, fête de Noël, fête de l’école, vente de plants, de chocolats, de tote bags, de madeleines, randonnées… Autant de rendez-vous qui permettent à l’association de financer les sorties et les voyages scolaires. À Ally, toute l’école part, tous les ans. « À titre d’exemple, quand les élèves sont partis entre le Lot et la Dordogne, ça coûtait 300 € par enfant. On a demandé 80 € aux familles », raconte Caroline Cheynol, secrétaire de l’APE d’Ally. Quant aux événements ponctuels… « On essaie de motiver les troupes. On demande individuellement aux parents et en fonctionnant comme ça, ça va. »

À Ally, ça fonctionne et les membres de l'APE sont ravis

Une grande solidarité entoure cette APE. « Chaque parent est membre de droit, on fait sans cotisation. On anticipe beaucoup, pour avoir les meilleurs tarifs, les promos sur les lots. Quand on a besoin d’un chapiteau pour la rando, la commune vient nous l’installer ou on demande à notre comité des fêtes. On formule aussi des demandes de subventions à d’autres communes dont certains habitants ont leurs enfants à Ally. » Si cette maman s’est investie il y a cinq ans, elle ne le regrette pas.

Ça a l’air bateau de dire que c’est pour le lien social, mais c’est une réalité?! Moi, je suis agricultrice, je répartis mon temps comme je le souhaite. Mais on rencontre plein de gens, on participe à la vie de la commune. Et puis chacun s’investit à des degrés différents, se sent libre, c’est bien aussi.

À l’heure du renouvellement du bureau, l’inquiétude gagne néanmoins certaines APE. À l’école maternelle Jean-Baptiste- Rames, à Aurillac, Marlène Granouillac, investie depuis un an au sein de l’association, cherche quelqu’un pour la remplacer à la présidence. « Je me suis présentée car la présidente précédente avait fait une année de plus alors que son enfant était au CP… Donc il n’y a pas eu de passation, et je n’avais aucune connaissance. Avant, je pensais naïvement que l’État finançait tout. Alors que l’APE a un budget trois fois supérieur à celui de l’école… » À l’heure de repartir pour un an, elle hésite. « Comme nous n’étions pas assez nombreux, je me suis retrouvée avec une charge de travail qui normalement, est répartie entre les membres. Donc je suis partagée. J’aimerais idéalement seconder quelqu’un. » À Roumégoux, la succession est aussi un enjeu. « C’est une année charnière, nous aimerions passer la main tout en étant là, pour transmettre les notions de la vie d’une association. Mais les gens s’investissent de moins en moins. »

Sans APE, plus de sorties, plus de voyages

Pourtant, si les APE venaient à disparaître, c’est tout un pan de la scolarité qui disparaîtrait avec elles. « Elles sont indispensables, tranche le directeur d’une école élémentaire d’Aurillac. Sans APE, une partie des sorties ne pourrait plus se faire. On pourrait toujours assurer les enseignements obligatoires, mais on ne pourrait plus sortir les élèves de leur milieu et leur faire découvrir autre chose. C’est important au niveau culturel. Dans notre établissement, sur 140 familles, il y en a peut-être huit qui sont investies… » Un manque d’investissement que le directeur n’explique pas. « J’arrive à la fin de ma carrière et je constate un net recul, même si ça a toujours été difficile. » 

Anna Modolo