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Сентябрь
2024

Sept ans après la reprise, comment tourne l'usine des ex-GM&S dans la Creuse ?

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Ce jeudi soir, sur France 3 (*), un documentaire, signé Bernie Bonvoisin, leader du groupe Trust, revient sur les conséquences des licenciements à GM&S à La Souterraine en 2017 et dans l’usine Prysmian-Draka de Calais. « Ce film, il sort au bon moment, lâche Patrick Brun. Il montre les dommages collatéraux en donnant la parole aux filles de GM&S, aux conjointes des salariés licenciés comme à celles de cette boîte dans le Nord. Et ça claque. Ça montre bien tout ça. » Bêtes à bénéfices s’intéresse en effet à « un aspect peu questionné des luttes sociales et des plans sociaux. Il les regarde par le biais de l’impact sur l’humain, les relations familiales et sociales ».

C’était il y a sept ans, presque jour pour jour, que le tribunal de commerce de Poitiers scellait le sort des GM&S au terme d’une lutte sans précédent : 157 salariés – sur les 277 que comptait cette usine spécialisée dans la sous-traitance automobile – se retrouvaient sur le carreau lors de la reprise par le groupe GMD. 

80 salariés aujourd'hui sur les 120 repris il y a sept ans

Aujourd’hui ? Ils ne sont guère plus de 80 dans une boîte qui meurt à petit feu. Après un soubresaut l’an passé, l’activité est quasi au point mort en ce mois de septembre. « Là, on est dans la merde, reprend le secrétaire du CE dans cette usine désormais nommée LSI. On n’a plus de boulot, on bricole, on n’est vraiment pas à fond les manivelles. Le groupe est à vendre alors forcément, les clients ne te donnent plus de travail. On a des productions qui ont été stoppées : quatre millions de chiffres d’affaires en moins. Là, on bouffe notre trésorerie. On avait pourtant fait une année positive en 2023, avec presque 14 millions de CA, sauf que tout s’arrête derrière. Et l’arrêt des moteurs thermiques n’est compensé par rien. Franchement, si on passe l’année… À moins que quelqu’un nous rachète et encore… On connaît la chanson. »La chanson a même des airs de rengaine pour eux. En 2017, ce n’est pas la première fois que leur usine est rachetée pour une bouchée de pain devant un tribunal. Et le refrain est toujours le même. Les engagements et les promesses s’effacent aussi vite qu’ils ont été annoncés. À cette dernière reprise en septembre 2017, les constructeurs automobiles – les deux principaux donneurs d’ordre qu’étaient PSA et Renault à l’époque – s’étaient engagés sur un chiffre d’affaires, 22 millions annuels. Au mieux, il y en a eu 15 (comme en 2019)… Depuis, la masse salariale s’est dégraissée d’elle-même de par la moyenne d’âge. « Là, elle est à 57 ans, souligne Patrick Brun. Le prévisionnel du CA pour cette année est à 8 ou 9 millions. Avec le nombre de mecs qu’on est et la taille de l’usine, avec les frais fixes à assumer, ça peut pas le faire… Mais comment tu peux fermer une boîte en Creuse, où il n’y a pas de boulot, où on a compliqué les choses avec le chômage et la retraite ? Mais on va pas rester les bras croisés. On n’a jamais lâché, on lâchera rien. »Ils ne lâchent rien et ce documentaire diffusé ce jeudi soir montre qu’ils ne sont pas tombés dans l’oubli. La lutte des GM&S a eu aussi ceci d’exemplaire : suivie de près au plus fort du combat, elle a su intéresser bien au-delà du cercle médiatique. N’oublions pas qu’entre un livre (Ceux qui trop supportent, d’Arno Bertina) et une BD (Sortie d’usine, de Benjamin Carle et David Lopez) entre autres, le combat sans relâche de ces ouvriers les a aussi menés jusqu’au festival de Cannes en 2019 avec le long-métrage de Lech Kowalski, On va tout péter.

Séverine Perrier(*) Ce jeudi 12 septembre à 22 h 50 sur France 3 Nouvelle Aquitaine et sur France TV