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Сентябрь
2024

Quels sont les projets de Claude et Bernadette Aguttes, nouveaux propriétaires du château de Culan ?

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« C’est la première fois que j’ouvre cette porte », souriait Claude Aguttes, vendredi dernier, en entrant dans le château de Culan par l’un des accès possibles depuis la cour. 

Une semaine après avoir signé l’achat, avec Bernadette, son épouse, le couple s’était muni d’un plan pour se repérer dans cette immense forteresse médiévale.

« Je commence à comprendre un peu comment c’est fait », partageait le nouveau propriétaire, se dirigeant spontanément vers l’une des salles du rez-de-chaussée, ouvrant les volets pour faire entrer la lumière.

« Regardez ces grandes salles, avec leur cheminée, on est tout de suite dans une ambiance Jacques-Cœur?! Elles ne sont pas toutes aussi somptueuses, mais nous en sommes tombés sous le charme, tous les deux, lors de la visite. Le petit jardin est très joli, aussi, même si beaucoup d’arbres ont poussé. Et cette vue, côté ravin, c’est exceptionnel?! »

Claude Aguttes, commissaire-priseur natif de Bourges, et son épouse, originaire de l’Indre, avaient déjà été reçus, chacun, à Culan, du temps de Jean Ferragut, l’un des anciens propriétaires. En fin d’année dernière, ils avaient été alertés de l’impasse dans laquelle se trouvait le château, mis en vente par Monique Brulé après le décès, en 2020, de son fils, Edouard Marquis, qui en avait lui-même hérité de son père. 

Le Département du Cher avait refusé le legs face à l'ampleur des travaux, et plusieurs acquéreurs potentiels s’étaient présentés, sans qu’aucune procédure n’aboutisse.

Visite du chateau de Culan avec le nouveau proprietaire Claude AGUTTES - Culan, le 06/09/2024, photos Pierrick Delobelle  

Une première approche leur avait permis d’apprendre que le château était sous compromis, de la part de Charles Gravier, responsable de l’agence immobilière saint-amandoise Orpi-Les-Halles. « Il nous a rappelés, en juin, pour nous indiquer qu’il était à nouveau en vente. Le jour de la visite, en juin, on en a parlé une seconde tous les deux, et on a fait une proposition. Une heure plus tard, on signait le compromis. »

Le couple a ainsi fait pour Culan ce qu’il a fait pour Tournoël. « Je l’avais acheté au cours d’un dîner, raconte Claude Aguttes. Avant, je ne savais pas. Après, j’étais d’accord. »

Les Aguttes ont déjà œuvré à rendre son âme d’antan à ce château du Puy-de-Dôme?; et aussi à restaurer « un petit château du XVIIIe siècle » à Blanzat, toujours dans le Puy-de-Dôme, où ils vivent. Ils se sont engagés, également, en faveur de la Prune-au-Pot, à Ceaulmont (Indre).

Les monuments historiques, nous n’en avons pas besoin… Nous aimons ça?! », souligne Claude Aguttes. « Je suis un peu une sœur Teresa des vieilles pierres, appuie Bernadette Aguttes. Dès que je vois un monument en difficulté, j’ai envie de le sauver.

Humble et déterminé, le couple n’ignore pas l’engagement financier à assumer pour ce château mis en vente à 880.000 euros, honoraires compris?; le montant de la transaction restant à la discrétion de la vendeuse et des acquéreurs. Rouvrir au public : « oui », mais avec une proposition de visite à travailler Il suffit de lever les yeux pour constater que l’une des tours se trouve très endommagée.

Visite du chateau de Culan avec le nouveau proprietaire Claude AGUTTES - Culan, le 06/09/2024, photos Pierrick Delobelle  

« Nous avons déjà fait une matinée de travail avec l’architecte des monuments historiques et une entreprise est venue, l’après-midi-même, faire un devis. Dans un premier temps, nous allons la couvrir. On n’est pas dans des travaux normaux d’un propriétaire d’un monument historique qui fait de l’entretien classique. On est en face d’un monument en péril », insiste Claude Aguttes, qui espère trouver, auprès des institutions et collectivités, des aides sortant de l’ordinaire.

Avant lui, une étude avait estimé la réhabilitation du bâti à dix millions d’euros. « Mais on refaisait un Culan à neuf, avec toute une modernité pas indispensable à mon sens, et le château repartait pour trois siècles… L’important, déjà, c’est la charpente et les toits », commente-t-il.

L’homme se montre pragmatique, aussi, au moment d’évoquer la réouverture au public :

« Oui, mais pas tout de suite, probablement l’été prochain. Le public est quand même exigeant, on ne peut pas lui proposer de seulement se promener dans des salles vides… Il y a tout un boulot de décoration à faire, il faut trouver un thème de visite, une histoire à raconter, quelque chose de vivant. Les escape games, ce n’est pas mon truc. Peut-être que j’ai tort, et que j’y viendrai, mais je préfère un côté un peu intello. »

« Pourquoi pas louer des salles, aussi », avance Bernadette Aguttes. Le couple ne sait pas encore si Culan deviendra sa résidence principale, mais envisage de s’y aménager, très vite, « un deux pièces-cuisine. Pour que ça avance ici, il faut être sur place. Et puis se réveiller là, ça doit être sympa. »

 

Claude et Bernadette Aguttes organisent une réunion publique d’information et de présentation, samedi 14 septembre, à 11 heures, dans la cour d’honneur. « Nous souhaitons que les gens nous connaissent, qu’on puisse se saluer les uns les autres quand on se croise. Peut-être aussi faire tomber quelques fantasmes et préjugés sur qui nous sommes et sur notre projet pour le château ». Le couple mesure déjà l’attachement incroyable des habitants à « leur » forteresse. Un lien qui tient, sans doute, à la tradition d’ouverture au public, mais également, devine Claude Aguttes, à la position dans le village, littéralement. « On arrive par la route de Montluçon (Allier) et, d’un seul coup, au sortir d’un virage, le château apparaît, décrit-il. C’est comme si vous arriviez chez vous. “Regardez le château, on arrive à la maison…” Tous les gens de Culan ont dû dire mille fois cette phrase à leurs enfants, en rentrant. » À l’issue de la rencontre, suivie d’un verre de l’amitié, les Aguttes se retrouveront pour un moment d’intimité en famille. Le couple, qui vient de fêter ses cinquante-quatre ans de mariage, a, en tout, six enfants et trente et un petits-enfants.

 

Marlène Lestang (textes) Pierrick Delobelle (photos) marlene.lestang@centrefrance.com  pierrick.delobelle@centrefrance.com