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Au lycée Edmond-Perrier à Tulle, les élèves accueillis à l'infirmerie par Loreleï, un setter anglais

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Si elle est la star des conversations au lycée Edmond-Perrier, Loreleï est pourtant tout ce qu’il y a de plus discret. Derrière le bureau de sa maîtresse, l’infirmière scolaire Élodie Brenin, la toute jeune setter anglaise, collier bleu « therapy dog », pique un petit roupillon. En boule sur son coussin. À proximité, quelques jouets et surtout un bois de cerf déjà bien rogné. On l’appelle et Loreleï consent à se lever. Elle s’étire et vient renifler. Éventuellement, elle accepte une petite papouille.

Au contact des élèves

Depuis la rentrée, la chienne de 18 mois a pris ses fonctions à l’infirmerie. Elle y fait de la médiation animale grâce à un projet d’établissement voté en conseil d’administration (*). Élodie Brenin porte cette initiative. Elle a adopté ce chien qu’elle a sociabilisé et habitué à l’enceinte scolaire depuis qu’elle est toute petite. Élodie et Loreleï habitent dans le lycée et les élèves de première et terminale ont déjà eu l’occasion de croiser la chienne lors de ses sorties au parc. Elle est prédisposée à être au contact des élèves. Son caractère idéal est renforcé par un suivi, depuis qu’elle a 8 semaines, avec un éducateur comportementaliste canin.Loreleï a le caractère idéal pour de la médiation animale, conforté par une éducation adéquate.

La médiation animale, c’est le fait d’utiliser l’animal comme un outil - même si je n’aime pas le terme- pour quelque chose, détaille l’infirmière.

Par exemple pour détendre un élève quand une crise d’angoisse intervient. Le chien permet de diminuer le cortisol, à savoir l’hormone du stress et génère celle du plaisir, la dopamine ». Et tout cela, sans forcément le caresser, rien qu’en ayant une interaction positive. Concentrer sa pensée sur le chien, le voir faire une ânerie dans le couloir, détourne de ses propres soucis. Loreleï va aussi développer des pouvoirs qu’elle-même ne se soupçonne pas comme créer du lien social entre élèves ou permettre l’estime de soi. « Parler du chien à plusieurs, c’est faire un pas vers l’autre, c’est une rencontre autour d’un sujet commun et positif », poursuit Élodie. Les lycéens peuvent parler de leurs propres animaux…

"Elle est sans jugement"

« Obtenir quelque chose de la chienne met en réussite », observe l’infirmière au bénéfice des élèves en difficultés. La professionnelle de santé, et sa collègue Marie-France Galvin, sont des témoins du mal-être adolescent qui ne fait que grandir. Troubles anxieux, tentatives de suicide… La chienne pourra aussi permettre d’aborder la délicate question du consentement. « En éducation à la sexualité, les ados en parlent beaucoup. Or, s’ils voient la chienne avoir un mouvement de recul, ils comprennent tout de suite. Elle permet de décrypter les signaux. On n’a pas besoin de parler le même langage pour savoir si on est d’accord ou pas ». Loreleï, on ne peut pas l’approcher n’importe comment.Et elle a un gros avantage sur nous : « elle est sans jugement. C’est très important avec des ados très attachés à leur image ».

Loreleï a été sociabilisée par Elodie. 

Un profil rassurant

Élodie Brenin fait partie d’une ERR (Équipe de Réflexion et de Recherche) mise en place par la rectrice pour, sur trois ans, bâtir un cahier des charges.« L’infirmerie est un lieu à part. On n’est pas à l’école tout en étant dans l’école et on veut accompagner les élèves aux mieux ». Ils peuvent donc passer la porte de l’infirmerie pour autre chose qu’un mal de tête ou de ventre.

Loreleï sera là et pour ceux qui n’apprécient pas les chiens, phobies ou allergies, des solutions existent. Un élève qui aurait peur des chiens peut passer par une autre porte et être reçu par une infirmière sans présence animale.Pour les autres, Loreleï a un profil rassurant. « J’ai toujours apprécié les setters, indique Élodie Brenin. Le setter a la bonne taille, pas trop petit, pas trop grand. Il est doux ».Les élèves font la découverte de la chienne peu à peu.Élodie a habitué sa chienne à l’environnement du lycée, son bruit… Une sociabilisation qui passe par la bonne réaction par exemple en cas d’exercices avec sonnerie. « Pour l’alerte intrusion, on doit se cacher et ne pas faire de bruit, si le chien hurlait à la mort, ça ne marcherait pas », explique Élodie. L’infirmière a passé plusieurs attestations et garantit la sécurité aux personnels, aux élèves et en même temps à son chien. Loreleï n’a plus qu’à mettre son pouvoir apaisant au service des ados.(*) Six établissements scolaires corréziens travaillent avec un chien.

Laetitia Soulier, photos Fabrice Combe