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À Vichy, un site de rencontre pour les chiens et leurs maîtres

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Ce mardi matin, 10 heures trente, il fait encore un peu frisquet sur les berges d’Allier. Patch, beauceron croisé d’à peine plus d’un an, joue avec sa balle, dans l’espace canin gazonné entouré de barrières qui jouxte le restaurant Les Planches. Laurent, son maître, renvoie tranquillement le projectile en consultant son portable. Une dizaine de minutes plus tard, l’homme et son compagnon se précipitent contre la grille qui borde le sentier : un jeune eurasier et sa maîtresse sont en approche. « Mais c’est le petit Wolverine ! »

Soudain, le parc prend vie : les chiens s’élancent à travers la pelouse, sautent après la balle, se mordillent gentiment sous les exclamations ravies de leurs propriétaires, et sont rejoints par un troisième. « Comment elle s’appelle, déjà ? », « Sandy », « Oh c’est mignon ! »… Puis par Uzzi, un teckel à poils ras, qui se précipite dans la joyeuse mêlée.

Un espace de liberté

« Ici on connaît tous les chiens, explique Nathalie, la propriétaire de Wolverine. On a des pitbulls, des bergers allemands… On est en confiance, on peut tous les lâcher, et ils sont tous gentils. » « Mais ils ont tous leur caractère ! », précise Laurent. Deux fois par jour, ce dernier accompagne Patch se dépenser à l’espace canin, seul endroit où la laisse n’est pas obligatoire. « J’habite en appartement à Vichy, je l’emmène pour qu’il se défoule, et pour qu’il se sociabilise en jouant avec ses copains. » Pourquoi ce parc-ci ? « Parce que c’est le plus grand, et qu’il y a des bars à côté, pratique pour prendre un café. » Mais ce matin, c’est Laurent qui régale : il a prévu tout le matériel pour hydrater la meute qui commence à tirer la langue.Laurent lance la balle à Tino, le copain de Patch.

Nathalie se rend également sur ce site, et pas un autre, pour que Wolverine joue avec d’autres chiens. « C’est indispensable. On a un grand jardin, sur les hauteurs de Bellerive, mais il faut qu’il se sociabilise. Une dame m’a déjà emmené à l’autre espace canin, plus bas sur les berges… Mais je préfère celui-ci : les gens se connaissent et on s’y sent libre. » À 58 ans, c’est la première fois que la Bellerivoise, originaire de Vichy, adopte un canidé. « Je suis revenue m’installer ici notamment pour les parcs. C’est merveilleux, surtout avec un chien. D’ailleurs le mien se baigne dans l’Allier ! »Wolverine, eurasier.

Tout est source d’enthousiasme et d’apprentissage pour elle, et donc d’échanges avec les autres propriétaires. Astuces, mises en garde contre les cadors du quartier qui attaquent les autres chiens, partage des derniers gadgets sortis, comme le pistolet lance balle qui fait rêver Laurent… Tous n’ont qu’un seul sujet de conversation : leur passion commune pour leurs petits compagnons poilus.

Une nouvelle truffe se juche sur ses deux pattes arrières, debout contre le portail du parc, comme pour demander à rentrer. « C’est Tino, le grand copain de Patch ! », explique Laurent, en allant lui ouvrir. Sa propriétaire n’est pas encore arrivée, mais peu importe : ici, ce sont les chiens qu’on reconnaît, et dont on connaît tous les prénoms. « C’est dommage, vous avez loupé les deux corgis Voyou et Choupette qui sont passés hier, avec leur maître. C’est lui qui a réparé la poignée du portail, elle nous restait dans la main depuis un an. »

« Ils ne veulent plus se quitter ! »

Cette petite communauté, autonome et solidaire, évolue avec bienveillance dans ses quelques mètres carrés de liberté, en plein cœur de la ville. Ils viennent en claquettes, en baskets, en tenue de sport ou du dimanche, sans jugement, et avec suffisamment de biscuits pour tous les chiens. « C’est sûr qu’on vient pour discuter aussi, avoue Ilia, 35 ans, propriétaire du teckel Uzzi. On retrouve tout le temps du monde. »Nathalie partage des biscuits à tous les visiteurs du jour.

Il est maintenant l’heure de rentrer, et la meute traîne la patte. « C’est toujours un cinéma pour partir, ils ne veulent plus se quitter. » Mais les belles rencontres ne se font pas qu’au sein du site dédié. À peine passé l’angle du parc, Wolverine se fait un nouvel ami : Vicomte, lévrier afghan. Cinq minutes plus tard, les propriétaires échangeront leur numéro. « Ils ont l’air de bien s’entendre, on s’appellera pour qu’ils se revoient ! »

Texte et photos Sandrine Gras