"Nous ne nous y attendions pas" : en Haute-Loire, cette maison du XVIIIe siècle a été sélectionnée par le Loto du patrimoine
Depuis maintenant sept éditions, la Française des jeux propose son offre « Mission patrimoine ». Un ticket à gratter en partenariat avec la Fondation du patrimoine, soutenu par le ministère de la Culture, dont une partie des bénéfices profitent à 118 sites lauréats.
Récemment, Stéphane Bern a présenté la liste des 100 sites départementaux retenus pour obtenir une subvention du Loto du patrimoine pour l’édition 2024. Parmi les noms figure celui de la Maison de Vinols à Craponne-sur-Arzon. La bâtisse du XVIIIe siècle, propriété d’un couple de passionnés, a séduit le jury du Loto du patrimoine. Et ses propriétaires, les Ferrand, ont été les premiers surpris par cette annonce !
Un projet de retraite« C’est une très très bonne nouvelle, nous ne nous y attendions pas ! Quand j’ai envoyé le dossier, je l’ai fait sans trop y croire », réagit Gabriel Ferrand, propriétaire de la Maison de Vinols avec son épouse Michèle depuis 25 ans. Amoureux du patrimoine et de leur commune, les Ferrand se sont lancés dans l’aventure quand l’ancien hôtel particulier a été mis à la vente par la paroisse. « Il y a eu plusieurs acquéreurs crédibles, mais quand j’ai pris connaissance des projets qu’ils avaient pour la Maison, je me suis dit que nous devions faire quelque chose. Nous en avons parlé à nos enfants et nous nous sommes lancés. C’est notre projet de retraite », explique Gabriel Ferrand, également président de la Société d’archéologie, d’histoire et de géologie de la région de Craponne.
Depuis qu’ils en ont récupéré les clés, ils rénovent petit à petit la bâtisse. « À l’époque, c’était une école privée et j’y ai fait une partie de ma scolarité, se souvient-il avec nostalgie. Nous l’avons achetée pour la sauver. » Depuis des années et au gré de leurs finances, les Ferrand rénovent leur bien de quelque 600 m2 au sol. « Nous voulons remettre la maison dans son état d’origine. » Et pour ce faire, ce passionné d’histoire se réfère aux archives qu’il déniche ci et là. « L’école avait tout bétonné, nous avons passé plusieurs années à tout casser. »Maison de Vinols à Craponne Loto du patrimoine
La nouvelle tombe au meilleur momentLe gros œuvre a ensuite débuté en 2008 avec l’abaissement d’un niveau et la réfection de la toiture qui « menaçait de s’effondrer » après tant d’années d’abandon. « Nous avons pu conserver la charpente d’origine », indique fièrement Gabriel Ferrand. Puis, les années sont passées et le couple a continué son travail de restauration. « C’était totalement démesuré comme projet de retraite par rapport à nos moyens, mais on fait beaucoup avec de la volonté. »
À l’heure actuelle, un primaire d’accrochage a été coulé dans la Maison de Vinols. Du carrelage sera bientôt posé. La prochaine grosse dépense concernera les 54 menuiseries extérieures. Une grosse dépense en perspective. Et l’annonce de Stéphane Bern vient de tomber… « Le travail est énorme, mais les finances manquent. La Mission Bern se présente au meilleur des moments. Nous ne savons pas encore grand-chose, à l’image des sommes que nous pourrions toucher. La nouvelle est encore toute fraîche, mais c’est déjà une excellente chose de faire partie des 100 sites départementaux sélectionnés ! »
En faire un lieu d’échanges culturelsPlusieurs jours après l’appel téléphonique venu de Paris, les Ferrand ne réalisent toujours pas. « Je suis resté bouche bée au téléphone, nous n’y croyions tellement pas ! » Et pourtant, la Maison de Vinols à Craponne fait bien partie des lauréats. À terme, l’ancien hôtel particulier souhaite devenir un lieu d’échanges culturels pour « valoriser le patrimoine et la région ». Un objectif important pour Gabriel et Michèle Ferrand, tous deux passionnés et surtout éperdument attachés à leur hôtel particulier craponnais.
Nathan Marliac
Pourquoi la candidature de la Maison de Vinols a-t-elle été retenue par le jury du Loto du patrimoine ?Chaque année, le Loto du patrimoine reçoit de nombreuses candidatures, mais seulement 100 sites sont retenus. Un par département. Il existe des critères de sélections pour filtrer les candidatures. La Fondation du patrimoine a établi quatre critères à respecter par les candidats pour être éligible.Quatre critères d’éligibilitéTout d’abord, il faut que le projet ait un intérêt patrimonial, ainsi que la notion d’état de péril soit avérée : « Parfois, il s’agit de ruines, donc c’est évident, mais d’autres fois, c’est plus insidieux que les bâtisses sont en mauvais état », explique Thierry Martin-Lassagne, délégué régional Auvergne-Rhône-Alpes pour la Fondation du patrimoine. Le niveau de maturité du projet est aussi un élément qui compte. Il faut que les candidats aient déjà bien avancé sur les objectifs et l’avenir qu’ils veulent donner au site. Enfin, penser à l’impact sur le territoire : « On ne veut pas rénover pour rénover, si derrière, il n’y a pas de visite. C’est vraiment l’un des critères fondamentaux. Il faut que les travaux soient bénéfiques au territoire. Que cela permette de développer l’aspect social ou économique de la commune, voire le tourisme », détaille Thierry Martin-Lassagne. Thierry Martin-Lassagne, délégué régional, est rigoureux sur les candidatures. Photo DREn Haute-Loire, 5 à 6 projets ont été proposés, et la délégation régionale en a retenu et présenté trois au niveau national. « C’est donc la Maison de Vinols à Craponne-sur-Arzon qui a été retenue. C’est un beau projet qui répond aux quatre critères d’éligibilité. Donc, on n’a pas eu vraiment de problèmes ou d’hésitation. Les propriétaires ont un projet culturel très développé et différent. Les activités culturelles qu’ils veulent proposer sont originales. Ça a été l’un des points forts de leur candidature. Ce n’est pas courant au fin fond de la Haute-Loire, un hôtel particulier à la parisienne et de haut de gamme. On veut que la Maison de Vinols retrouve son lustre d’antan. »Depuis 2018, sur les 950 sites en France qui ont été retenus pour le Loto du patrimoine, 70 % des projets ont pu être totalement sauvés. C’est à la fin de l’année, en décembre, que les Ferrand pourront recevoir leur donation, issue des gains du Loto du patrimoine. Fatima Khiati
