Pourquoi des collégiens de Haute-Loire ont fait leur rentrée scolaire... aux Jeux paralympiques ?
Ce lundi 2 septembre, de nombreux enfants ont repris leur cartable, direction les bancs de l’école. Après deux mois de vacances, l’heure de la rentrée scolaire a sonné. Pour 30 d’entre eux, tous collégiens du Territoire éducatif rural (TER) de Paulhaguet, cette journée a été bien différente. Ils ont assisté à la compétition de cécifoot des Jeux paralympiques de Paris, dans l’un des plus beaux écrins, face à la tour Eiffel, grâce à l’initiative Ma classe aux Jeux.
Ce dispositif, lancé par le ministère de l’Éducation nationale et la SNCF a tout de suite tapé dans l’œil de Laurence Weis, principale de l’établissement. Depuis son arrivée, cette femme hyperdynamique a fait le choix de s’inscrire à « toutes les propositions de l’institution. Et, elles sont nombreuses. On peut faire beaucoup de choses pour un budget peu élevé et c’est super pour les enfants », lance-t-elle, en appuyant son propos avec des mouvements de bras.
Ancienne basketteuse de haut niveau, sœur d’un basketteur médaillé olympique, elle a le sport dans le sang. « C’est un super vecteur de développement pour les enfants. Il y a de belles valeurs. » Alors, il y a plus d’un an, quand l’occasion s’est présentée d’emmener des élèves aux Jeux paralympiques, elle n’a pas réfléchi très longtemps. « Peut-être trois minutes, mais pas plus. » Avec son équipe, ils se sont lancés dans l’aventure.
Je me suis quand même demandé si ce ne serait pas trop compliqué au niveau du budget. Mais, si cela avait été le cas, on aurait laissé notre place.
Avant de prendre en considération les problématiques financières, au sein de l’établissement, il a fallu choisir les 30 heureux élus parmi les 86 élèves. « Les troisièmes n’ont pas pu participer car ils ne sont plus là cette année, alors nous avons organisé un jeu avec les trois autres niveaux. »
Celui-ci a été conduit par Lou-Ann Robert. Assistante d’éducation au sein de l’établissement, elle est surtout cavalière professionnelle et passionnée de sport. « Tout au long de l’année, ils étaient en groupes et ils devaient répondre à une question par semaine », détaille la jeune femme. Drapeaux accrochés aux murs des classes, cartes plastifiées… l’établissement a été tourné vers ce questionnaire dont l’intégralité des questions portait sur les Jeux olympiques. Les 30 premiers ont été sélectionnés pour se rendre ensemble, ce lundi, à Paris.
Si l’aventure est belle, la responsable de l’établissement ne souhaite pas que cette opération soit ponctuelle. « L’idée est vraiment de s’en servir comme d’un projet collectif que l’on va utiliser tout au long de l’année. » Car les Jeux, qu’ils soient olympiques ou paralympiques, véhiculent des valeurs comme le dépassement, la différence ou encore la cohésion. Des points importants dans l’établissement. D’ailleurs, comme l’a souligné Laurence Weis à plusieurs reprises, ce projet a été possible grâce à l’investissement d’un grand nombre de personnes.
On a des personnes qui nous suivent financièrement mais aussi des associations qui nous accompagnent. Et puis il y a la motivation des enfants.
Pour preuve, à quelques mètres de son bureau où nous l’avons rencontré en fin de semaine dernière, des enfants courent et crient. Ces collégiens, 24 des 30 sélectionnés, ont accepté de venir au collège quelques jours en avance, dès le mercredi 28 août. Au programme, trois journées consacrées aux sports adaptés. Et, jeudi 29 août, sous un soleil vif, ils se sont initiés au cécifoot, discipline pour laquelle ils sont allés aux Jeux paralympiques, grâce à des membres du Clermont Joker’s, seul club de cécifoot de la région AuRA.
Sur le terrain en béton de l’établissement, en fin de matinée, plusieurs ateliers sont proposés par deux membres du club clermontois. Si quelques enfants profitent d’un moment de repos à l’ombre, d’autres doivent réaliser un parcours avec des obstacles à contourner. L’élève qui se lance, lunettes occultantes sur les yeux, est guidé par un second, quelques mètres plus loin, à l’aide de la voix.
« Ce n’est pas simple pour eux, mais ils comprennent l’importance du guide pour aider le joueur à se déplacer », sourit Dilane Dhampattiah, président fondateur du Clermont Joker’s. Le jeune trentenaire, qui a perdu la vue à l’adolescence, a toujours pratiqué le football. Alors, passer au cécifoot a été naturel pour lui. Aujourd’hui, il est pratiquant mais enchaîne également les demandes d’accompagnement pour les jeunes et les initiations.
« Il y a eu un vrai effet Jeux paralympiques », reconnaît le Clermontois. Avec les collégiens de Paulhaguet, il se réjouit de pouvoir travailler sur un temps long et pas seulement une heure ou deux. « On va essayer de jouer cet après-midi même si cela risque d’être compliqué. »
Un coup de pouce financierSi le niveau n’a pas été des plus élevés dans la cour du collège, les jeunes altiligériens ont pu côtoyer l’élite mondiale, ce lundi à Paris, lors d’une journée marathon. « Le programme est simple : départ en bus à 3?h?45 de Paulhaguet, on prend le train de 5?h?56 à Clermont pour Paris, et puis le métro 6 et une dizaine de minutes à pied. »
Dans tout ce périple, méticuleusement préparé par Laurence Weis, ce qui coûte le plus cher, c’est le trajet en bus, de Paulhaguet à Clermont-Ferrand, avec un montant de 1.015 €. Ensuite, le billet de train est à 8 € à l’aller et 14 € au retour, grâce à un tarif négocié entre la SNCF et le ministère de l’Éducation nationale. Pour ce qui est du métro, l’intégralité des billets est prise en charge par le ministère. Un coup de pouce financier qui a permis aux jeunes altiligériens de vivre une rentrée scolaire qu’ils ne vont pas oublier.
Alors forcément, après une journée aussi complète, le retour au collège, mardi matin, a été compliqué pour les acteurs de cette belle journée. Mais cela n’a pas de prix en comparaison des souvenirs engrangés la veille.
Nicolas Jacquet