Paralympiques: le para-judoka Cyril Jonard est éternel
Cyril Jonard, 48 ans, a montré la voie à tous ses partenaires de la délégation française en allant chercher avec le coeur la médaille de bronze, seize ans après Pékin, où il avait ramené l'argent et vingt après son titre à Athènes. Premier à combattre car seul à passer par des huitièmes de finale, il a aussi été celui qui a ouvert la session de l'après-midi, celle des finales.
Blessé à Londres, à court de rythme à Rio, non-sélectionné à Tokyo, le judoka sourd est revenu au premier plan notamment grâce à la création de la catégorie J1, pour les sportif aveugles et J2, pour les judokas mal-voyants. Auparavant, aucune distinction n'était faite.
Le judo aux Jeux paralympiques est une discipline ouverte uniquement aux athlètes déficients visuels. Les règles sont les mêmes que dans le judo valide à une exception: les séquences de combat ne s'engagent que lorsque le kumikata des deux athlètes est installé, ce qui signifie qu'ils ont déjà leurs mains posées sur le judogi de leur adversaire.
Le décuple champion du monde, la dernière fois en 2022, "n'était même pas fatigué", y compris après les plus de quatre minutes de golden score en demi-finales, perdue, à sa grande incompréhension, a-t-il expliqué en conférence de presse.
Il n'a pu pleinement réaliser l'engouement autour de sa performance qu'après la fin de son match pour le bronze, en remettant son appareil auditif. Porté en triomphe par le staff français, il a lui même joué au chauffeur de salle.
Le combattant a peut-être du mal à s'exprimer à l'oral - et veut pour les prochains mois apprendre le braille pour savoir lire, sa joie et son émotion ont transcendé toute la salle, de même que son abnégation au combat.
Après le podium, il s'est offert un tour d'honneur, portant sur les épaules son fils Naoki, et sous les yeux de sa fille, Athéna.
"C'était incroyable Il y a avait des gens qui portait la tête de papa. Ca criait, criait" a savouré la fille de 11 ans.
Latchoumanaya surpris
La victoire donnera des bons souvenirs aux fans français, échaudés ensuite par la défaite en finale d'Hélios Latchoumanaya.
Le double champion du monde en titre dans la catégorie des -90 kg J2 s'est fait surprendre en début de combat l'Ukranien Oleksandr Nazarenko et n'a pas su marquer à son tour. Il avait remporté le bronze à Tokyo.
"Je ne venais que pour l'or", a-t-il regretté en zone mixte, avant de reconnaître avoir pu "savourer" le podium grâce à l'ambiance qu'il "ne verra sans doute qu'une fois dans ma vie".
Une autre médaille de bronze est venue de Jason Grandry (+90kg J1), tandis que Nacer Zorgani (+90kg J2) a échoué dans son dernier match.
Seule Française engagée samedi, la championne d'Europe 2023 Prescillia Lézé (+70kg J2) a été battue dès son entrée en lice en quarts de finale, puis dans son match de repêchage.
La triple championne olympique Clarisse Agbegnenou est venue tenter de la consoler. "On est une seule et même équipe", a dit la -63 kg au micro de l'enceinte entre les finales.
Aucun judoka français n'a été titré en para-judo depuis Rio avec Sandrine Martinet, également médaillée d'argent à Paris jeudi. A Tokyo, les Bleus avaient décroché deux médailles (argent et bronze).
Mais au terme des trois jours de compétition, le nombre de médailles françaises est le plus élevé depuis Pékin, où les Bleus avaient rapporté cinq médailles.
"On a aligné neuf athlètes, on a une nouvelle génération de judokas qui arrive (...) peut-être que la suite, pour qu'on soit plus fort, est d'avoir des centres dédiés", afin de rattraper le Brésil, première nation au para-judo avec quatre titres et huit médailles, a estimé après la compétition le patron du judo français, Stéphane Nomis.