L’impossibilité d’une île
Yasser al-Habib ne pourra finalement pas préparer « la domination civilisationnelle chiite » de l’Occident depuis l’île de Torsa, à l’ouest de l’Écosse.
Au registre des séparatistes musulmans prompts à abuser du droit d’asile occidental, Yasser al-Habib est un cas d’école. Voilà une quinzaine d’années, ce prédicateur chiite koweïtien s’est installé au Royaume-Uni, où le statut de réfugié lui a été reconnu en raison de la persécution judiciaire qu’il subissait dans son pays pour avoir exprimé des positions théologiques dissidentes. En 2003, le quadragénaire avait déclaré publiquement qu’Aïcha, la plus jeune épouse de Mahomet, était une « ennemie de Dieu ». Un grave blasphème aux yeux de la plupart des autorités religieuses du monde islamique. Qui a valu à son auteur dix ans de prison par contumace au Koweït, assortis d’une déchéance de nationalité. Depuis, al-Habib vit exilé dans le village de Fulmer, à 30 kilomètres de Londres, où il a ouvert une mosquée fondamentaliste, créé une chaîne télévision et même tenté une aventure dans le cinéma en produisant récemment un long-métrage sur la vie de Fatima, la fille de Mahomet. Las, le film n’a pas rencontré son public… Comment rebondir après ce cuisant échec ? En prenant possession d’une île écossaise !
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L’année dernière, al-Habib a lancé une souscription pour racheter l’île privée de Torsa (« l’île de Thor » en vieux norrois, langue scandinave médiévale), sur la côte ouest de l’Écosse, mise en vente pour 1,5 million de livres sterling. Son projet : permettre à ses fidèles « de s’installer à un endroit spécial en Occident » et d’y préparer « la domination civilisationnelle chiite ». Trois millions de livres sterling ont été récoltées dans le cadre de la levée de fonds. De quoi construire, sur ce territoire grand comme un quartier parisien, une école, un centre médical et même un camp d’entraînement pour une milice privée. Patatras. Face à la levée de boucliers des médias et des politiques locaux, les vendeurs ont fait savoir cet été qu’ils refusaient l’offre d’al-Habib. « Ils souhaitent que l’on continue de vivre sur leur propriété comme leur famille l’a fait durant des générations », a justifié l’agence immobilière en charge du mandat. Comment dit-on « continuité historique » en vieux norrois ?
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