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En 1884, la chasse à courre au sanglier est un évènement cynégétique et mondain

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Mise sur pied le 4 novembre 1884 par des notables du cru, à Clairavaux, une chasse à courre aux sangliers fut un évènement cynégétique et mondain auquel « L’Abeille de la Creuse » donna une allure d’épopée dans son édition du 12 novembre. Le ton de l’article fera sourire le lecteur d’aujourd’hui. Il pensera que l’auteur se gausse des participants, ce qui n’est guère probable, « L’Abeille » étant l’organe du parti conservateur. Mais c’était le style journalistique de l’époque.

Trente-six chiens sur pied de guerre

« En l’honneur du grand Saint-Hubert, mardi 4, l’on chassait le sanglier dans la forêt de Louzetergue (NDLR : Louzelergue, commune de Clairavaux), sous la direction de M. Albert Thonier, châtelain à Blanzat, près de Chantelle (Allier). Etaient invités : MM. Lajoie, capitaine de louveterie ; marquis de Brachet du Maslauret ; de Montbas, père et fils ; Bayle, de Saint-Septier (NDLR : sans doute Saint-Setiers, Corrèze) ; Auguste Champeaux et Henri Périchon fils, d’Ahun ; Dessassis, de Poussanges et Vial, receveur d’enregistrement à Felletin, tous disciples émérites de saint Hubert. Une meute de 36 vigoureux chiens, conduite par les piqueurs fameux Gilbert et François, faisait campagne. Les rudes compagnons avaient remarqué, la veille, en fouillant les bois, la passée d’une bande. Le matin du 4, ils trouvaient avec leurs limiers l’entrée au bois d’un sanglier, énorme solitaire de dix ans aux longues défenses et du poids de 150 kilos. A midi, chacun se trouvait au quartier général, à Boucheresse (NDLR : commune de Clairavaux). Les chasseurs défilent au son du cor et vont garder le bois. Les piqueurs, à cheval, en traversant un semis de sapins, rencontrent la bête couchée dans sa bauge. Les chiens la forcent. L’un d’entre eux fait le saut sur l’animal qui sort du fourré. Une première balle lui brise la mâchoire, une deuxième le blesse à la cuisse. « Ne tirez plus ! s’écrie l’intrépide Gilbert, je m’en charge ». Et les piqueurs se lancent à fond de train à la poursuite du gibier. La meute alors carillonnait à ravir.

Trois sangliers au tableau de M. Thonier

Rentré dans le taillis, le sanglier en ressort aussitôt et va s’acculer dans un marais au milieu des chiens. François, le vaillant François a fait tous ses efforts pour remettre l’animal sur pied afin de prolonger la chasse. Celui-ci se jette dans le houx, admirablement coiffé par les chiens. M. Thonier, en costume rouge, s’avance à cheval dans le ravin escarpé, achève le fauve d’un coup de fusil et le dague avec son couteau de chasse. La curée se fait. Les curieux affluent. Le gibier sanglant est porté jusqu’au chemin le plus proche et hissé sur la voiture de M. Dessassis qui le conduit à Boucheresse. Là on l’étale sur la voiture de chasse de M. de Montbas, splendidement décorée, et le cortège se met en route. L’entrée à Felletin était féérique. Les chiens, ces beaux bâtards anglais faisaient escorte au char d’honneur. Cinq cors sonnaient la Saint-Hubert. L’hôtel Loze, devant lequel on avait exposé la victime, était brillamment illuminé. La foule stationne longtemps dans la rue. Un dîner à la Sardanapale est servi aux héros de la journée. Gais propos, chants joyeux, airs cynégétiques se succèdent avec entrain et se prolongent bien avant dans la nuit. Les Felletinois n’oublieront pas cette fête qui fera époque dans les annales du pays. C’est la troisième prouesse de M. Thonier dans nos parages. Les deux autres sangliers ont été tués, l’un à Clairavaux, l’autre à Châteauvert. Honneur à M. Thonier ainsi qu’à ses braves piqueurs ».

Les sangliers, bêtes noires des agriculteurs creusois (31/08/2024)