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Сентябрь
2024

"Une fois que les symptômes sont là, les brebis meurent en moins de 24 heures" : la Haute-Loire, "épicentre" de la fièvre catarrhale ovine

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Depuis mi-août, la Haute-Loire est touchée de plein fouet par l’épidémie de fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 8. Un virus qui était déjà présent dans le département les années précédentes, mais sur une période plus courte. Il a muté, ce qui le rend terriblement meurtrier.

Des pertes de  5 à 40 % du cheptel

Le dernier chiffre mentionné, lors de la deuxième réunion de la cellule de crise qui s’est tenue vendredi matin en préfecture, fait état de « 500 élevages touchés sur les 650 recensés en Haute-Loire », indique le président de la Chambre d’agriculture, Yannick Fialip. « Les taux de perte sont très importants et vont de 5 à 40 % des cheptels, estime-t-on à la Chambre. On est l’épicentre de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8. La Haute-Loire est, avec l’Isère, le département le plus touché de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les bovins sont également concernés. »

Devant la porte de la bergerie de Jérôme Ambert, la brebis n° 92 903, tient à peine sur ses pattes. Son abdomen est creux et sa bouche, en sang, est pleine d’aphtes qui provoquent une telle douleur qu’elle est incapable de se nourrir. Une muqueuse épaisse est en train de l’étouffer, lentement. Atteinte de FCO de sérotype 8, elle ne passera pas la nuit. « Une fois que les symptômes sont là, avec une fièvre qui atteint 42°C, les brebis meurent en moins de 24 heures. » Dans son élevage à Saint-Jean-de-Nay, les équarrissages doivent passer pour récupérer un monticule qui comptait déjà 8 carcasses d’ovins. La brebis n° 92 903 sera, probablement, elle aussi du voyage.

Ses brebis tombent malades et meurent : la fièvre catarrhale fait des ravages en Haute-Loire

À Saint-Privat-d’Allier l’éleveur du Gaec de la Clairière, Stéphane Roche, a eu 92 ovins malades. « J’ai pu en sauver deux en mettant une pierre à sel à côté d’elles pour les forcer à boire beaucoup. » L’élevage du Gaec de la Fontaine du loup à Séneujols a été touché vers le 20 août. « On a perdu 15 bêtes, témoigne Véronique Roux, présidente de la fédération départementale ovine. Elles sont restées enfermées et, depuis lundi, nous n’avons plus de symptômes. »

Le confinement du bétail permet d’éviter aux moutons d’être en contact avec l’insecte qui vectorise la maladie : le culicoïde. C’est la seule solution préventive qui fonctionne encore puisque la France est en pénurie de vaccins monodose. Face à l’épidémie, le prix du vaccin avec une dose de rappel a flambé et, de toute façon, il faut compter 39 jours d’incubation pour qu’il soit totalement efficace. « Nous allons demander à l’État de passer une commande nationale auprès du laboratoire espagnol qui fabrique le vaccin monodose », a annoncé Yannick Fialip, vendredi après-midi, lors d’une conférence de presse.

Cependant, après le problème sanitaire, arriveront inévitablement les soucis financiers. « Le fonds national agricole de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) devrait prendre en charge la perte des brebis à hauteur de 300 € pour couvrir les frais de vétérinaire, d’analyses et les pertes induites. Mais nous avons besoin de solidarité nationale car nous n’avons qu’un tiers de ce montant pour le moment », a poursuivi le président de la Chambre d’agriculture.

À savoir. La MSA accompagne les éleveurs face à la recrudescence de cas sur le plan économique, social mais aussi psychologique. Un dispositif permet de dialoguer avec un psychologue au 09.69.39.29.19.

Céline Demars