Covid-19 : pourquoi la nouvelle publication de Didier Raoult fait polémique
Les polémiques mentionnant son nom seront bientôt aussi nombreuses que ses publications. Ce jeudi 5 septembre, le microbiologiste controversé Didier Raoult a de nouveau fait parler de lui. Selon une information du Point, confirmée par l’AFP, l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et la Fondation Méditerranée Infection ont récemment signalé à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) une publication cosignée par le professeur, ainsi que par son ex-bras droit, Philippe Brouqui. Cet article, publié dans l’édition d’août 2024 de la revue Acta Scientific Microbiology, promeut l’hydroxychloroquine, un médicament débattu dans le traitement du Covid-19. L'Agence du médicament a annoncé ce vendredi à l'AFP qu'elle allait "saisir de nouveau la justice".
Un traitement à risque
Présentée par une minorité de professionnels de santé comme un remède miracle contre le Covid-19, l’hydroxychloroquine a trouvé en Didier Raoult son plus fidèle défenseur. Dans ce nouvel article, l’ex-patron de l’IHU Méditerranée Infection de Marseille tente une nouvelle fois de démontrer l’efficacité de ce traitement en utilisant les données de 1 276 patients atteints du virus traités à l’IHU, dont 776 avec de l’hydroxychloroquine. Une méthodologie hautement critiquée par l’AP-HM et la Fondation Méditerranée Infection qui "signalent et se désolidarisent", affirmant que celle-ci repose sur "l’utilisation de données de patients et de recherches non autorisées".
Mais outre ce procédé scientifique non-conventionnel, le signalement repose sur la promotion de ce traitement controversé contre le Covid-19. Un médicament qui s’est notamment révélé responsable d’effets secondaires graves, à l’instar d’anomalies du rythme cardiaque, de troubles sanguins et lymphatiques, de lésions rénales ainsi que de troubles et d’insuffisance hépatiques. L’Organisation mondiale de Santé (OMS), la première, avait rapidement mis en garde tout patient ayant recours à l’hydroxychloroquine. Et pour cause, ce traitement normalement administré aux personnes atteintes d’une maladie auto-immune, ne réduit pas la mortalité, ni la nécessité de recourir à la ventilation artificielle d’après les résultats de 30 essais réalisés par l’OMS sur plus de 10 000 patients contractants le Covid-19.
L’IHU, honteuse de son passé ?
Malgré une utilisation inefficace et délétère pour les personnes atteintes du virus, le traitement à l’hydroxychloroquine n’a pas manqué d’être relayé par certains responsables politiques, et surtout, d’être administré systématiquement par l’IHU à des milliers de patients. Et ce, en dépit du refus du fabricant du médicament de soutenir ce mésusage et du désaccord de l’Agence nationale de sécurité des médicaments.
L’ASNM avait également saisi la justice en novembre 2023 à la suite de la publication d’une étude cosignée par le microbiologiste, qui n’avait, déjà à l’époque, pas obtenu les autorisations obligatoires. Entre autres, comme l’avait raconté L’Express, l’ancien directeur de l’IHU et son équipe sont suspectés d’avoir mené des études "sauvages" lors de l’épidémie de Covid-19.
Mais depuis quelques mois, la tendance s’inverse : l’IHU multiplie les actions à l’encontre de son ancien directeur. En février dernier, l’établissement avait supprimé de sa chaîne YouTube officielle, près de 200 vidéos mettant en scène Didier Raoult. Parmi la longue liste : "Coronavirus : fin de partie", une vidéo publiée le 25 février 2020, annonçant au monde entier la prétendue efficacité du traitement à base d’hydroxychloroquine. Cette énième polémique signera-t-elle définitivement la "fin de partie" de ce traitement controversé ?