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Un documentaire d'exception sur des soldats russes étonnamment "ordinaires"

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Durant plus de deux heures, "Russians at war" ("Des Russes à la guerre") offre un tableau exceptionnel et sans fard de soldats qui semblent pour beaucoup avoir perdu le sens de leur participation à ce conflit.

Manquant d'équipement, ils bricolent eux-mêmes leurs armes, à leurs risques et périls, recourant même à du matériel datant de l'ère soviétique. Enchaînant cigarettes et verres d'alcool, ils essayent de noyer leur désarroi et leur tristesse face à la tragédie sans fin de leurs camarades blessés ou morts sur le front.

"Pendant que les politiques discutent pour savoir qui a les plus grosses couilles, les gens continuent à mourir", lance ainsi l'un d'entre eux, tandis qu'un autre ne se reconnaît pas dans les reportages des journaux officiels: "Les médias ne font que mentir".

Auteure à ses risques et périls de ce documentaire hors normes aux accents parfois glaçants, Anastasia Trofimova, 37 ans, a répondu jeudi soir aux questions de l'AFP.

REPONSE: Pour moi, la plus grande surprise a été de constater à quel point ces gens sont ordinaires. Ils viennent de tous les horizons. Certains possèdent une entreprise (...) et sont venus au front en raison de leurs convictions idéologiques. D'autres sont pauvres et sont venus au front parce que, par exemple, ils voulaient trouver un sens à leur vie. C'était donc une expérience très révélatrice.

On s'attend presque à rencontrer des gens très motivés pour tuer, ce n'est pas le cas. On s'attend à rencontrer des gens pleins de haine, mais ils ne le sont pas. Et, souvent, il y a même une grande tristesse que cela puisse se produire.

Il y a tellement de gens dont les familles ont été déchirées par ce conflit. Et c'est ce qui est le plus triste, car les liens les plus importants sont ceux que nous avons tissés les uns avec les autres en tant qu'amis ou membres d'une famille. Ces liens ont été coupés en deux et c'est très triste.

R: Ils n'ont jamais vraiment critiqué le gouvernement russe en tant que tel, leurs critiques portaient sur le fait qu'ils ne se reconnaissent pas dans les histoires diffusées par les médias, qu'ils soient russes ou occidentaux. Lorsqu'ils appellent chez eux, ils doivent parfois dire à leurs parents d'arrêter de regarder la télévision.

R: Je n'y suis jamais allée officiellement. (...) J'étais seule, je n'avais même pas de carte de presse à l'époque.

Je suis allée au front et j'ai juste demandé aux soldats si je pouvais filmer leurs histoires en leur disant: c'est le plus grand événement dans notre histoire moderne. Est-ce que je peux vous filmer ? Ils se sont livrés à moi et m'ont permis de rester.

Je ne m'attendais jamais à aller aussi loin. Je ne m'attendais pas à vivre tout ce que j'ai vécu avec eux. Et je pense qu'aucun de nous ne s'y attendait, mais ils voulaient s'exprimer.

Et lorsque je leur ai fait part de mes inquiétudes ("Qu'en est-il des conséquences pour vous ?"), habituellement leur réponse était: "On ne nous enverra pas plus loin que le front et nous y sommes déjà". Cela ne me suffisait pas, alors quand je suis retournée à Moscou, j'ai fait vérifier notre film par trois avocats. (...) Parce que, pour moi, la chose la plus importante, en tant que documentariste, c'est de nous assurer qu'ils ne subissent pas de préjudice à cause de notre travail.

R: C'est une excellente question. On verra bien ce qui ce passe.