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"Chaos", "panique totale", "gestion calamiteuse" : la PJJ (encore) en pleine tourmente

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La mèche a été allumée lors d’une réunion convoquée le 31 juillet, au beau milieu de l’été. Autour de la table, Caroline Nisand, la patronne de la PJJ, les directions interrégionales et les représentants syndicaux. La première annonce alors « la mise en œuvre de restrictions financières de l’ordre de 1,6 à 1,8 million d’euros, là, tout de suite, dès septembre », rapporte Béatrice Briout, la secrétaire nationale de l’Unsa-PJJ, présente ce jour-là.

Stupeur dans les rangs. « On a aussitôt demandé combien de postes allaient être concernés. Pas de réponse. On a voulu interroger les directions interrégionales pour en savoir plus, mais on n’a même pas eu le droit de leur parler », poursuit la responsable syndicale.

Dialogue de sourds

Partant de la somme globale des économies à réaliser, elle et ses collègues sortent donc leur calculette, se rapprochent des unités sur le terrain, et parviennent à la conclusion « forcément approximative » qu’« environ 500 postes de contractuels seraient menacés ». Une saignée majeure, qualifiée par l’intersyndicale de « plan social sans précédent », pour une entité qui tourne avec près d’un quart de personnels non titulaires – précisément 2.273 sur un total de 9.763 postes, d’après les données 2023.

Signe, quand même, de la gravité de la situation, le garde des Sceaux a décidé de missionner l’Inspection générale de la Justice. Objectif : comprendre et identifier l'origine d'un tel « dysfonctionnement » – le mot est lâché.

« Comment imaginer que des recrutements aient pu s’opérer sans contrôle, hors des limites budgétaires?? », interroge Béatrice Briout, qui pointe « une hiérarchie en panique totale, coupable d’une gestion calamiteuse », et la persistance dans le même temps de « nombreux postes non pourvus, faute de candidats ».

Avant même le nouvel échange prévu ce vendredi avec Caroline Nisand, « le mal est fait », jugent les syndicats. D’abord dans les rangs des agents, « qui ont vécu une maltraitance énorme, une de plus », insiste la secrétaire nationale de l’Unsa-PJJ. « Des contractuels qui avaient reçu la promesse orale d’être reconduits ont été appelés pendant leurs congés pour s’entendre dire que finalement non, ce n’était plus le cas. Et maintenant, on nous dit que l’on va peut-être les recontacter pour qu’ils reviennent à l’automne?? Ce n’est pas sérieux. Tout est fait “à l’arrache”, comme toujours. »

Inquiétude sur le suivi des mineurs

Même si le ministère affirme porter « une attention toute particulière à la qualité de la prise en charge des jeunes suivis par la PJJ », Béatrice Briout s’inquiète aussi des conséquences du « chaos actuel » sur ces 137.000 mineurs délinquants, souvent en grande difficulté. « Dans certaines unités, alerte-t-elle, un seul agent peut avoir plus de 25 gamins à sa charge. Comment voulez-vous que le boulot soit bien fait, alors qu’il faut tout à la fois gérer les rendez-vous judiciaires, s’occuper des démarches administratives, des soins – les soucis psychiatriques sont de plus en plus fréquents –, de la scolarisation, des formations, etc.?? Ce n’est juste pas possible. »

Dans ce contexte de grande tension, la responsable syndicale dit observer « un nombre croissant de dossiers mis en attente, faute d’effectifs ». « Quand des mesures éducatives ordonnées par la justice ne peuvent pas être mises en œuvre rapidement, cela pose un vrai souci, prévient-elle. Ces gamins sont dans l’immédiateté. La prise de conscience et la résilience passent par une réponse rapide. Sinon, vous renforcez chez eux le sentiment d’impunité. » Avec les risques que cela suppose, à la fois pour ces mineurs et pour la société.