Un cadeau, vraiment ?

Un nom suffit-il à dissiper le brouillard et y voit-on plus clair maintenant que Matignon a, enfin, trouvé son locataire ? Après 60 jours et presque autant de ballons d’essai lancés au nom d’une « consultation » bien trop longue pour ne pas ressembler à de l’indécision, voici Michel Barnier promu rue de Varenne. L’homme a le profil recherché dans l’instant, négociateur habile, ce qui, sur le papier, ne sera pas de trop pour construire des coalitions face à la poudrière de l’Assemblée. Il n’empêche : deux mois après ces législatives qui ont mis le pays sur les nerfs, tout ça pour ça. Et quelle lisibilité ? La droite, ultra-minoritaire dans l’Hémicycle, décroche Matignon, timbale inespérée offerte par Emmanuel Macron, son bourreau et son sauveur. Aujourd’hui, force est en tout cas d’observer qu’il change le capitaine mais pas grand-chose à son propre cap. Et pour son nouveau Premier ministre, à peine a-t-il posé ses bagages que, déjà, les ombres rôdent dans les couloirs. Le RN a promis qu’il ne le censurerait pas par principe. Merci pour le répit et pour le cadeau. C’est une maigre assurance sur l’avenir. Et un horizon guère plus dégagé après la dissolution qu’avant.

l’éditorial

Stéphane Vergeade