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Сентябрь
2024

"Le bénévolat interroge toute notre société" : discussion avec des représentants associatifs thiernois

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Mercredi 28 août, se sont réunis à La Gazette Pascal Magnier (Handigirls), Gisèle Collas-Pradel (Restos du cœur), Barbara Sergère (Judo club Thiernois), Pierre Contie (Les amis du patrimoine thiernois) et Catherine Paput (adjointe à la vie associative de la Ville de Thiers).

Vos associations font-elles face à des difficultés de recrutement de bénévoles ?

B. Sergère : Ce sont toujours un peu les mêmes personnes qui se relaient au bureau. Des parents aident ponctuellement mais quand il faut s’engager, c’est plus compliqué.

P. Magnier : Pour Handigirls, la difficulté est surtout d’élargir notre public : nous voulons de la mixité entre personnes en situation de handicap et personnes valides. Pour ce qui est des bénévoles, nous sommes une toute petite association donc il n’y a pas forcément de gros besoin.

G. Collas-Pradel : Aux Restos du cœur, nous étions 38 bénévoles avant le Covid. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine ce qui ne pose pas trop de problèmes puisque l’on ne travaille plus que sur une journée au lieu de deux demi-journées. Ce sont surtout des retraités.

Nous n’avons pas trop de mal à recruter car l’association a pignon sur rue.

P. Contie : Nous avons un noyau dur d’une trentaine de personnes, dont beaucoup de jeunes. Mais je dirais que nous avons une situation un peu particulière, car nous proposons des chantiers participatifs de mise en valeur du patrimoine, auxquels des bénévoles peuvent prendre part sans adhérer à l’association.

Quelles explications à ces difficultés de recrutement ?

C. Paput : Il y a une chose importante à noter selon moi : pour s’engager, il faut être libre dans la pensée. Quand on a des problèmes d’argent, on n’a pas l’esprit à s’engager pour les autres. Je crois aussi qu’il y a une recherche du plaisir immédiat, là où la gestion d’une association peut être lourde et difficile. On est dans une époque où les gens consomment : je paie mon adhésion, je consomme.

P. Contie : Je suis d’accord, l’immédiateté du résultat est importante. C’est peut-être pour ça que nos chantiers fonctionnent bien, parce que l’on voit tout de suite les effets de notre travail.

B. Sergère : Il y a aussi un certain état d’esprit à avoir. Mon père faisait partie d’une association, j’ai baigné dedans et maintenant mes enfants participent à leur tour.En discussion avec Barbara Sergère, du Judo club thiernois.

P. Contie : On a aussi une impression d’un individualisme grandissant. Être membre d’une association, d’un collectif, n’est plus naturel. On le voit par exemple avec les biens sectoriels : ce sont des biens qui appartiennent aux habitants et qu’ils doivent entretenir. Il y en a beaucoup à Thiers mais les gens ne savent plus ce que c’est, alors que c’était naturel avant d’entretenir le lavoir commun par exemple.

Cela ne vient plus à l’esprit aux gens que c’est aussi parfois à eux d’être moteur dans cette vie sociale. En fait le bénévolat, ça interroge toute notre société.

Qu’est-ce que vous avez mis en place pour attirer des bénévoles ?

B. Sergère : Au forum des associations, nous avons changé notre façon de faire. Avant, nous faisions des démonstrations. Maintenant, nous faisons des ateliers pour impliquer davantage les visiteurs, susciter des rencontres.

G. Collas-Pradel : Le forum des associations aide beaucoup en effet, les gens viennent échanger et là, on peut trouver du monde même s’il n’y a pas de recette magique.

P. Contie : Nous, nous essayons de créer un prospectus avant chaque chantier avec une photo d’un monument à restaurer que nous glissons dans les boîtes aux lettres. On joue sur l’aspect iconographique et ça fonctionne, mais ponctuellement comme on le disait tout à l’heure.

Marika Eskil (animatrice danse à Handigirls) et Pierre Contie (Les amis du patrimoine thiernois).

B. Sergère : L’ambiance, c‘est important aussi : quand on s’entend bien cela donne envie de rester.

C. Paput : En tant qu’adjointe aux associations, je me dois surtout d’être proche d’elles. Quant à leur trouver des bénévoles, c’est autre chose. Je n’ai pas forcément la solution.

Pourtant le bénévolat apporte beaucoup de choses sur le plan humain et à tous les niveaux ! C’est très important dans une vie.

Qu’est-ce que le bénévolat vous apporte ?

P. Contie : C’est mon expérience personnelle et je ne suis pas sûr que cela soit représentatif, mais d’une certaine manière ça défrustre, si le mot existe (rires). On est frustrés de voir le patrimoine se dégrader et le valoriser, finalement, ça donne une touche de fierté.

G. Collas-Pradel : Oui, cela apporte plein de choses ! Quand des personnes que l’on a aidées viennent nous voir pour nous annoncer qu’ils ont trouvé du travail, c’est ça notre récompense. Ce n’est pas à sens unique.

Louise Llavori et Roman Routault