Objectifs, forces et faiblesses de l'effectif, Parra... La saison 2024-2025 de l'ASM Clermont en questions
Quel objectif raisonnable ?
Trois saisons sans qualification, il faut remonter à plus de trente ans pour trouver une telle période de disette dans l’histoire de l’ASM.
Depuis le printemps 2021, la frustration de la « Yellow Army » est grande. L’équipe de Christophe Urios peut-elle, cette saison, viser le top 6 ? Après une 10e place pour son premier demi-mandat, puis une 8e la saison dernière, le manager clermontois a quasiment l’obligation de faire mieux.
Dans l’esprit de beaucoup et des dirigeants également, ne pas renouer avec les phases finales du Top 14 sera considéré comme une déception, voire un échec. Seulement, la concurrence est de plus en plus sévère. En termes de profondeur et de qualité d’effectif, il est difficile de situer l’ASM au niveau du Stade Toulousain, Bordeaux-Bègles, La Rochelle, Le Racing, Toulon et même le Stade Français. Sur la ligne de départ du marathon qu’est le championnat, les Clermontois semblent plutôt devoir « matcher » avec Castres, Pau, Perpignan, Bayonne, Montpellier… Le promu inédit vannetais n’est pas à prendre non plus à la légère eu égard à un recrutement étonnamment qualitatif.
Quelles forces de l’effectif ?Entre le recrutement extérieur, la montée en puissance attendue des jeunes et le retour de blessés longue durée, l’ASM possède cette saison une profondeur d’effectif supérieure à l’an dernier.
Certains postes ont clairement été renforcés. En premier ligne, le staff devrait pouvoir compter sur trois joueurs solides à chaque poste. Gaucher, droitier, talon… Clermont a beaucoup recruté, avec des profils différents, des tranches d’âges cohérentes aussi pour un meilleur équilibre de l’effectif.
Au poste de trois-quarts centre, rarement le club a possédé une telle densité de joueurs. À l’intersaison, un seul joueur est parti (Hériteau), un est arrivé (Tauzin) avec un profil (polyvalent) que l’ASM n’avait pas. Surtout, l’éclosion attendue de Darricarrère et le retour de Simone devraient être des valeurs ajoutées importantes, pour épauler Moala et Fouyssac. Le jeune Belaubre est également une alternative prometteuse.
En troisième ligne, même si la blessure récente de Dessaigne a jeté un voile sombre sur la fin de la préparation, le retour au premier plan de Fischer peut constituer (comme pour Simone au centre) une plus-value par rapport à la saison dernière. Ce secteur est aujourd’hui très dense, avec des joueurs capables en plus de dépanner en deuxième ligne (Yato, Kremer, Hemery).Le triangle de derrière (ailiers-arrière) semble bien fourni aussi, notamment avec les arrivées de Hamdaoui et de Tauzin, en attendant une montée en puissance du jeune Fall.
Quels points de faiblesse de l’effectif ?Les postes de la charnière ne sont pas à proprement parler des points de fragilité de l’effectif, mais la moindre blessure sérieuse pourrait bien créer un peu de tension dans la gestion.
À la mêlée, tant qu’il n’y a pas de visibilité sur le retour de Sanga (en raison d’une blessure sérieuse à une cheville), il faudra croiser les doigts pour que Jauneau et Bézy enchaînent sans pépin. À l’ouverture, Urdapilleta recule toujours un peu plus les limites d’âge (38 ans) pour se maintenir au plus haut niveau, mais on peut légitimement s’interroger sur sa capacité à suivre les cadences. D’autant que les pépins de la saison dernière (biceps et épaule) ont sans doute entamé son capital-santé et ses aptitudes physiques. Derrière Belleau, qui se disputera le poste de numéro 1 avec l’Argentin, le jeune Giral aura cette saison l’occasion d’éclore un peu plus chez les pros.
Urios, stop ou encore ?En fin de contrat à la fin de saison, le manager général souhaite prolonger et rapidement. Dans deux mois, à la trêve internationale, on devrait savoir.
Christophe Urios n’est pas un homme à s’exprimer avec circonlocution. Il le dit clairement : soit il prolonge (sans doute 3 ans) son contrat, soit il partira. Le bon fonctionnement d’un club impose nécessairement un balisage rapide de l’encadrement, et donc de son chef, pour la saison prochaine.
Aujourd’hui, on peut dire que les signaux sont plutôt au vert pour une prolongation, mais le verdict sportif des deux premiers mois de compétition (jusqu’à la réception de l’UBB et la trêve internationale) sera sans doute déterminant dans la décision de la gouvernance de l’ASM. Lesquels dirigeants ont sans doute dans un coin de la tête l’idée de travailler rapidement sur un plan B.
Et là, entre fantasmes des supporters et (peut-être) volonté de certains dirigeants de s’approcher du modèle toulousain, un staff du futur autour d’un Morgan Parra, par exemple, ne relèverait pas forcément d’une lubie. Le retour en France, autour de Clermont où il vient de se réinstaller, de Jamie Cudmore, agite également quelques conversations de comptoir…
Christophe Buron