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Сентябрь
2024

Le parcours atypique d'Émilie Acquistapace, du podium des Jeux paralympiques à une sous-préfecture de la Nièvre

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Médaillée paralympique… sans être en situation de handicap. C’est ce que vient d’accomplir Émilie Acquistapace (36 ans), barreuse de l’équipe de France de para-aviron. Dimanche, la future sous-préfète de Château-Chinon (Nièvre) s’est parée de bronze en catégorie PR3 quatre de pointe mixte, aux côtés des rameurs Grégoire Bireau, Margot Boulet, Candyce Chafa et Rémy Taranto. "C’est un accomplissement après trois ans d’entraînement et une fierté d’avoir gagné cette médaille sur les Jeux de Paris, devant 15.000 spectateurs", sourit-elle.

"Je suis considérée comme une guide", explique la Savoyarde. Assise sur la poupe de l’embarcation, elle tourne le dos à ses rameurs et porte un micro pour communiquer avec eux. "Je fais la stratégie de course, je leur dis à quelle position nous sommes."

Barreuse depuis ses années collège

Un rôle de barreuse qu’elle occupe depuis ses débuts en aviron et qui lui convient à merveille. "Je le suis devenue au collège, lorsque j’étais en classe sport. J’arrivais à aller droit, à prendre des décisions rapidement." Après seulement trois ans de pratique, en 2005, elle intègre l’équipe de France junior.

"Il faut avoir une intelligence relationnelle, s’adapter à son équipage. Les attentes ne sont pas les mêmes et les forces et les faiblesses aussi. Il faut être quelqu’un de calme, car il ne faut pas ajouter de stress à l’équipe."

Des qualités qu’Émilie Acquistapace met à disposition de l’équipe de France paralympique depuis 2022, après avoir mené une carrière à haut niveau chez les valides, qui lui avait permis de décrocher de nombreuses médailles aux championnats de France. "J’ai porté ma candidature, car des amis blessés de guerre m’y ont poussé. Il y a trois ans, je n’aurais jamais pensé être médaillée aux Jeux." C’est donc avec une médaille paralympique dans ses bagages qu’elle va débarquer à Château-Chinon, où elle occupera son premier poste de sous-préfète.Emilie Acquistapace est assise à l'arrière de l'embarcation 

Retraite sportive pour devenir sous-préfète

Peu de chances pour les Nivernais de la voir sur les cours d’eau, puisque la barreuse a fait ses adieux à sa carrière sportive après avoir franchi la ligne d’arrivée dimanche 1er septembre. "Je savais que je n’allais pas faire Los Angeles et ma nomination à Château-Chinon est un nouveau challenge qui s’est présenté à moi et qui me permet de me projeter. C’est la fin d’un cycle, j’ai vécu de très beaux moments dans l’aviron et le para-aviron. Je continuerai à faire du sport tout de même je pense. En plus, la Nièvre est un territoire qui s’y prête bien."

L’engagement comme fil rouge

Ses années de barreuse devraient lui servir dans ses nouvelles fonctions, où la prise de décision sera au centre de son quotidien, comme lorsqu’elle est assise dans une embarcation. Des qualités transversales qu’Émilie Acquistapace a développées au fil de nombreuses expériences. En 2010, elle devient réserviste chez les chasseurs alpins, avant de basculer dans la marine nationale en 2016. "J’ai dû faire une pause dans ma carrière d’aviron et je me suis engagée. Ça s’est fait à ma vingtaine", détaille-t-elle.

Sur son CV, très fourni et varié, apparaissent aussi des rôles de première adjointe au Bourget du Lac (Savoie) depuis 2020 ou encore de directrice de cabinet de la Ville d’Arques (Pas-de-Calais) entre 2014 et 2017, entre autres. "Ce n’est pas que je m’ennuie, c’est que l’engagement se construit. Il y a un cheminement, un fil conducteur : l’engagement, le challenge, se sentir utile." Un sentiment qu’elle a ressenti sur le bassin de Vaires-sur-Marne et qui s’emparera à nouveau d’elle lors de sa prise de poste le 16 septembre à Château-Chinon, où sa médaille de bronze trônera dans son bureau.

Martin Lhôte