Malgré l'obtention de leur brevet des collèges, des élèves de troisième doivent redoubler
Elle avait tout prévu : un stage en milieu social, une journée d’immersion au lycée Suzanne-Valadon de Limoges. Mais en juin, mauvaise nouvelle : Mélya n’est pas acceptée en seconde professionnelle ASSP*.
Du moins pas dans l’immédiat : les candidats se bousculent à l’entrée de cette filière très convoitée qui compte une cinquantaine de places, et la liste d’attente est longue.
Silence inquiétantSoit. La jeune fille et ses parents patientent, confiants.
« La moyenne de Mélya était trop juste pour une seconde générale, mais elle avait accepté volontiers une orientation vers un bac pro, dans la mesure où elle a un projet précis, explique sa maman, Eva. En juin, ma fille a bien obtenu son brevet et le collège a approuvé son vœu. Bref, dans notre esprit il n’y avait pas de doute. »
Un courrier au ministèreMais au fil de l’été, le silence de l’administration devient inquiétant. Et le couperet finit par tomber : pas de place. En août, Eva multiplie les démarches, contacte l’administration, prend rendez-vous dans un CIO, et adresse même un courrier au ministère de l’Éducation Nationale.
« J’ai reçu une réponse type me promettant de transmettre le problème au rectorat, mais je ne sais même pas s’ils l’ont fait, je n’ai jamais été contactée », soupire la mère de famille.
Mélya, qui rêve d’être infirmière, refuse une orientation par défaut vers une filière qui ne la motive pas et ne correspond pas à son profil. La jeune fille, n’a donc qu’une solution : redoubler sa troisième dans son collège, à Ambazac.
Un problème récurrentLe rectorat de Limoges, que nous avons contacté hier, confirme que le cas de Melya n’est pas unique. Le lendemain de la rentrée, il resterait encore dans l’académie une dizaine d’élèves dans une situation similaire. Principale raison : le manque de places dans certaines filières de plus en plus prisées par les élèves de 3e.
« Ce n’est pas nouveau, c’est un problème récurrent qui revient chaque année, précise-t-on au rectorat de Limoges. Les filières les plus concernées sont ASSP, mais aussi les métiers de la petite enfance, de la sécurité, ou encore de la conduite routière au lycée Saint-Exupéry à Limoges. Le bac pro Relations clients au lycée Marcel-Pagnol (à Limoges), et les métiers de l’alimentation au lycée Jean-Monnet (à Limoges également) sont aussi particulièrement demandés. »
« Elle est extrêmement déçue et démotivée »Mais les éventuelles lacunes de la carte des formations ne seraient pas les seules en cause. Le fonctionnement d’Affelnet interroge également.
Désormais incontournable, cette plateforme d’orientation - l’équivalent de Parcoursup pour les élèves de troisième -, peut aussi se transformer en piège pour des parents et des élèves mal informés.
Plusieurs vœux conseillés« Il est vivement conseillé de faire plusieurs vœux d’affectation pour avoir un maximum de chances, poursuit le rectorat, qui assure que les notes obtenues constituent le principal critère pour départager les candidats.
Mais à l’instar d’autres parents et de plusieurs syndicats, Eva dénonce un certain manque de transparence, voire des bugs.
« Ma fille avait aussi fait un vœu pour le bac Pro SAPAT**, une filière similaire proposée au lycée des Vaseix (à Verneuil-sur-Vienne), mais ce lycée dépend du ministère de l’Agriculture, pas de l’Éducation nationale, et les dossiers ont mis du temps à remonter », explique Eva qui déplore par ailleurs l’absence de classement visible dans les listes d’attente, générant une incertitude anxiogène pour les enfants.
Sans garantie…En attendant une hypothétique solution (la filière ASSP de l’institut privé Polaris, également contacté par sa maman, affiche aussi complet), Melya vient de faire sa rentrée dans son collège, toujours en troisième.
« Je l’encourage, je lui conseille de tout faire pour monter ses notes cette année, mais elle est extrêmement déçue et démotivée. »
D’autant que la jeune fille n’aura pas davantage de garantie, à la fin de cette nouvelle année de troisième, d’obtenir enfin la filière de son choix.
(*) Accompagnement, soins et services à la personne. (**) Service aux personnes et animation dans les territoires.
Florence Clavaud-Parant