En Haute-Loire, son fils meurt dans l’accident, le père jugé coupable mais dispensé de peine
Le 15 janvier 2023 était un dimanche presque comme les autres. Le retraité domicilié à Monistrol-sur-Loire, accompagné par son fils de 28 ans, se rendait chez la mère de ce dernier, à Craponne-sur-Arzon. « Cette route, je la connais par cœur. Je l’ai faite tous les jours durant 15 ans », explique l’automobiliste. Il ne sait pas expliquer pourquoi ou comment « la voiture est partie en tourbillon ».
L’accident s’est produit à 13 h 30 à Beauzac, dans le virage de Pirolles, sur la RD 13. La Renault Clio achetée en 2011 a décroché dans une courbe à gauche en légère descente et a percuté de plein fouet le mur d’une maison. Les deux hommes qui se trouvaient à bord se sont retrouvés incarcérés. Le conducteur a été évacué vers le service de réanimation de l’hôpital Nord de Saint-Étienne. Les secours ne sont pas parvenus à réanimer le passager avant. Le jeune homme de 28 ans est décédé sur le lieu de l’accident, à 15 heures. Son père ne l’a appris « que le soir ».
Après plusieurs jours de réanimation et des mois de rééducation, le conducteur s’est peu à peu remis des « 30 fractures aux côtes, d’une blessure au foie et d’un déplacement du bassin ». Un an et demi après le drame, il est arrivé dans la salle d’audience, soutenu par son fils aîné. En pleurs à la barre du tribunal dès le début de l’audience, il a expliqué qu’il ne « se passe pas une heure sans que je pense à lui. Tous les matins, j’ai honte que je puisse me réveiller et pas lui. » Le sexagénaire était très proche de son fils et le conduisait régulièrement car il n’avait pas le permis.
L’accident est resté inexpliqué jusqu’aux conclusions de l’expert automobile. Pour ce dernier, le conducteur roulait à 95 km/h alors que la limitation est de 70 km/h. Les freins étaient défaillants et le contrôle technique était dépassé de plus de 3 mois. « Le véhicule était pourtant entretenu par un garagiste. Les pneus avaient été changés un mois plus tôt », affirme le prévenu.« On a conscience que c’est épouvantable. Lorsque l’on prend un volant entre les mains, on est responsable à double titre : le respect du Code de la route et l’entretien du véhicule. C’est à ce double titre qu’il est responsable de la mort de son fils », a expliqué la vice-procureure avant de requérir une dispense de peine. La défense a plaidé la dangerosité des lieux avec « 13 accidents qui se sont produits-là en 20 ans ».
Le tribunal a prononcé la culpabilité du conducteur et l’a dispensé de peine. Des aménagements ont été réalisés à Pirolles en juillet dernier. Une glissière en béton armé de 60 mètres de long a été installée pour protéger la maison. Un aménagement global de la zone, entre l’entrée d’agglomération et les accès à Pirolles, est actuellement à l’étude et devrait être réalisé à partir de 2025.
Céline Demars