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La colère et l'exaspération des buralistes du Puy-de-Dôme après une nouvelle attaque contre un tabac

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Le soulagement aura été de courte durée. Trois jours après la mise en examen et le placement en détention provisoire de cinq hommes suspectés d’une cinquantaine de cambriolages dans les bureaux de tabac du Puy-de-Dôme et de l’Allier, l’un de ces commerces a été la cible d’une attaque à la voiture bélier, lundi, dans le quartier de La Plaine, à Clermont-Ferrand. Un nouveau coup dur pour la profession qui, depuis plusieurs mois, subit une vague sans précédent de vols ou de braquages (48 depuis le début de l’année). Vincent Charbonnel, président de la fédération départementale, exprime sa colère et son exaspération. 

Dans quel état d’esprit se trouvent les buralistes du Puy-de-Dôme après cette nouvelle attaque ? Nous sommes complètement abattus, choqués. Nous étions un peu tranquilles après l’arrestation de cinq cambrioleurs présumés, la semaine dernière. Et là, on se dit que nous ne sommes pas protégés. Toute l’année, nous collectons des taxes pour l’État et finalement, l’État ne nous protège pas suffisamment. Nous sommes vraiment remontés, certains de mes collègues ont peur.

Un bureau de tabac attaqué à la voiture bélier à Clermont-Ferrand

On a le sentiment d’être un peu abandonné. Je regrette aussi qu’il n’y ait eu aucune réaction de politiques. Je ne sais pas s’ils se rendent compte de ce que c’est. Il y aurait pu avoir des morts. Le gérant du tabac de La Plaine, en cinq minutes, sa vie est bouleversée.

Comment se remet-on d’une telle agression ? L’assurance de la profession est assez réactive. Elle a envoyé un expert et un vigile, hier. Il y a quand même une assistance. Mais psychologiquement, c’est toujours compliqué. Le gérant partait au travail et il se retrouve à garder son magasin toute la journée. Tous les buralistes cambriolés me le disent, à chaque fois, c’est un traumatisme.

En cause, le marché parallèle

Comment expliquez-vous cette série ? Pour moi, il y a un lien avec les hausses du prix des cigarettes depuis trois ou quatre ans. Nous sommes le pays le plus cher d’Europe dans ce domaine. Cela crée un marché parallèle illégal, un trafic de cigarettes. C’est l’État français qui a créé indirectement ce marché parallèle, alimenté par ces cambriolages. Nous avons remarqué que quand il y a des cambriolages en milieu rural, les cigarettes volées sont revendues en ville. Les malfaiteurs en profitent aussi pour voler autre chose, comme des jeux à gratter. Mais c’est essentiellement le tabac qui est visé pour sa valeur marchande importante.

Comment endiguer ce fléau ? Il y a déjà eu des réponses de la part de la police et de la gendarmerie. C’est vrai que leur travail n’est pas facile. Il faut peut-être plus de rondes autour des magasins.

Il faut aussi que les politiques prennent le dossier à bras-le-corps, qu’ils expriment leur soutien aux buralistes.

Il y a deux ou trois ans, Gabriel Attal avait promis que la peur allait changer de camp. Là, nous avons toujours peur. Il faut que l’État nous soutienne. Si rien n’est fait, le trafic de cigarettes, d’ici quelques mois, aura les mêmes conséquences que le trafic de drogue.

 Où en est-on de la sécurisation des bureaux de tabac ? Honnêtement, 95 % des bureaux de tabac sont bien sécurisés, avec des rideaux métalliques, des alarmes… Et malgré ça, nous subissons une série de cambriolages. On ne peut faire guère plus. À part mettre des vigiles que l’on paierait pour toute la nuit.

Propos recueillis par Olivier Choruszko