Au cécifoot, silence, ça joue !
La compétition débute dimanche et dure jusqu'au 7 septembre dans le stade idyllique du Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel, prévu pour accueillir 11.000 personnes.
Dans cette version du football dédiée aux sportifs atteints d'une déficience visuelle, tout se joue à l'oreille. Les quatre joueurs de champ, qui ont les yeux bandés, se disputent un ballon rempli de grelots, à l'aide des indications de leur gardien de but, de leur entraîneur et de leur assistant, tous trois voyants.
Ils doivent parvenir à entendre tous ces indices pour se repérer sur le terrain de 40 mètres de long et 20 de large, malgré la présence des spectateurs. Ceux-ci seront pourtant bien au rendez-vous, puisque le cécifoot fait partie de la dizaine de sports paralympiques qui affichent presque complet.
Bruit des écoliers
Toussaint Akpweh, entraîneur et sélectionneur de l'équipe de France, assure à l'AFP que son équipe "a travaillé les dynamiques de rencontre avec le public".
Frédéric Villeroux, joueur emblématique de l'équipe de France, avec qui il a gagné l'argent à Londres en 2012, se rappelle: "on a fait venir des écoles à des entraînements et il fallait que les enfants s'expriment au maximum. Là, il y avait vraiment beaucoup de bruit", sourit-il.
Point positif, selon Toussaint Akpweh: à Paris, ce "devrait être un bruit ami".
Et les spectateurs ne devraient pas intervenir à tout moment: ils seront sensibilisés aux comportements à adopter.
"Nous devons éduquer les gens comme des spectateurs de tennis", explique Rémi Garranger, responsable des opérations techniques cécifoot. "Lorsque la balle se déplace sur le terrain de jeu, nous devons avoir un environnement silencieux, mais lorsqu'il y a un temps mort, vous pouvez célébrer, vous pouvez pleurer et exprimez tout ce que vous voulez", dit-il.
Les encouragements peuvent même servir aux joueurs, comme Frédéric Villeroux. "C'est compliqué de dire aux gens d'arrêter de crier (...) je trouve que c'est valorisant pour nous. Oui, ça gêne sur le moment, mais au moins, tu te dis que les gens sont spectateurs et ne sont pas assis, regardent les nuages passer".
réduction des bruits
L'organisation a prévu de diffuser des messages sur les écrans géants et de faire appel aux bénévoles pour familiariser le public avec les règles de cette discipline, aux Jeux paralympiques depuis 2004.
Rémi Garranger n'est pas inquiet sur leur bon respect: "c'est un sport qui interroge beaucoup sur comment les joueurs communiquent entre eux, ce qui fait qu'on est un peu bouche bée devant et donc on est plutôt silencieux."
Et si malgré tout des spectateurs se montrent trop bruyants ? "L'arbitre va arrêter le jeu, attendre que les gens fassent le silence et puis on va reprendre la pratique dans de bonnes conditions au sonore", précise le responsable.
Le site en lui-même a été conçu pour réduire l'impact potentiel de bruits.
Avec les tribunes tout en hauteur, les spectateurs sont parfois suffisamment loin du terrain pour leurs paroles se perdent dans les airs.
Surtout, ce terrain a été installé par-dessus celui dédié au beach-volley pendant les Jeux olympiques.
Avoir conservé une couche de sable "permet d'assurer une structure totalement insonorisée", explique Gautier Jourdet, responsable des infrastructures du Stade Tour Eiffel et de l'Arena Champ de Mars pour Paris 2024. "Il est extrêmement important que le terrain en lui-même ait des bonnes capacités d'absorption acoustique".
Et "enlever 400 tonnes de sable aurait été trop compliqué en quelques jours", ajoute-t-il.
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