Dans le Puy-de-Dôme, ces habitants qui résistent encore et toujours au Linky
"S’il faut payer pour rester droit dans mes bottes et en accord avec mes valeurs, je paierai " Depuis bientôt dix ans, Maxime L. (*) refuse l’installation d’un compteur Linky à son domicile.
En France, "plus de 37 millions de compteurs Linky sont installés, soit plus de 94 % des foyers équipés", rappelle Enedis. Mais quelques particuliers résistent encore et toujours à la pose de ces "compteurs communicants" dont la phase de déploiement massif a débuté à la fin de l’année 2015.
Liberté de choixOr, dès le 1er janvier prochain, les Français non encore équipés et qui refuseraient d’adresser à Enedis un auto-relevé de leur consommation en électricité se verront facturés à hauteur de 9,04 € tous les deux mois, pour un service de relevé de compteur auparavant gratuit.
Au cours des dernières semaines, plusieurs membres du groupe Stop Linky Livradois-Forez ont reçu à leur domicile un courrier de relance d’Enedis leur annonçant le passage d’un technicien pour remplacer leur ancien compteur. C’est notamment le cas de Catherine G. à Ambert, qui a reçu quatre de ces enveloppes dont elle n’a pas fait grand cas.
"Nous sommes chez Enercoop [fournisseur coopératif français d’électricité d’origine renouvelable, ndlr] et sommes assez militants. En aucun cas je ne veux avoir à faire à Enedis", explique-t-elle. Depuis leur déploiement et jusqu’à ce jour, sa détermination ne faiblit pas.
Je trouve que nous vivons dans une société de plus en plus numérisée qui ne me convient pas.J’ai un ordinateur, bien sûr, mais je traîne les pieds devant l’ampleur que prend internet dans nos vies. J’ai hâte d’être à la retraite pour pouvoir vivre sans le numérique.
Même argument ou presque du côté de Maxime L., domicilié proche d’Ambert. Avec l’association Lève les yeux, il œuvre à "redonner une juste place aux outils numériques" dans nos vies. "Ce n’est pas de l’opposition de principe, c’est basé sur de belles valeurs, explique-t-il. Dans le collectif, la plupart refusent en revendiquant en premier lieu leur liberté de choix."
Directive européenneLes deux membres de Stop Linky Livradois-Forez, qui comptait 194 membres à sa création selon Maxime L., évoquent également une intrusion dans leur vie privée, le compteur communicant transmettant en temps réel la consommation électrique des ménages à Enedis.
Il faut aussi tenir compte des personnes électrosensibles (5 % de la population), dont la souffrance et les douleurs exprimées ont été reconnues par un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en 2018
Le service reste considéré comme bénéfique du côté du fournisseur d’électricité : "Les foyers sont désormais facturés sur une consommation réelle et non plus estimée et bénéficient d’autres avantages, tels que le suivi plus précis de leur consommation électrique, de nouvelles offres tarifaires proposées par les fournisseurs d’électricité, ainsi que des services plus rapides et à distance comme la relève des consommations ou le changement de puissance." (empty)
Enedis explique également que le remplacement des compteurs s’inscrit dans le cadre d’une directive européenne (2009/72/CE) reprise dans le Code de l’énergie. "D’autres pays n’ont pas eu la même lecture de cette directive", souligne Maxime L., évoquant l’Allemagne, la Belgique, ou encore le Portugal, pays ayant décidé dans un premier temps de ne pas déployer ces compteurs chez tous les consommateurs.
Quant au relevé de consommation, "Enedis accompagne les clients non équipés d’un compteur Linky dans une démarche d’auto-relevé via des courriers d’informations, un lien personnalisé à remplir pour qu’ils puissent saisir leur auto-relevé, des relances par e-mails, des appels sortants, et la possibilité de faire son relevé en direct avec un conseiller", précise-t-on. Pas sûr que Catherine G. puisse profiter de sa retraite complètement déconnectée.
Louise Llavori
(*) Le prénom a été changé.