ru24.pro
World News
Август
2024

Les sangliers, bêtes noires des agriculteurs creusois

0

En octobre 2018, des éleveurs de bovins du plateau de Gentioux découvraient leurs champs retournés par les sangliers ; l’un d’eux avançait le préjudice de 7.000 € pour une année. En août 2021, un agriculteur de Saint-Marc-à-Loubaud voyait ses parcelles d’avoine ravagées par les sangliers après avoir perdu 45 hectares trois ans plus tôt dans les mêmes circonstances.

Même en ville à Limoges

Même les villes pâtissent des sangliers : le 27 février de cette année, trois étaient abattus dans un jardin à Limoges après avoir blessé son propriétaire. Le problème n’est pas nouveau : en 1884, les sangliers étaient déjà les bêtes noires des agriculteurs creusois qui multipliaient les battues, dont « L’Abeille de la Creuse » se faisait l’écho.

Dans son édition du 4 janvier 1884, on lisait : « La Villedieu – Une battue a été faite le 26 décembre dans la forêt de la Feuillade, par M. de l’Hermite, lieutenant de louveterie dans la Haute-Vienne. Il a été assez heureux pour abattre un énorme sanglier qui a été transporté à La Villedieu. Les habitants ont goûté avec plaisir de la chair de celui qui sait si bien aussi manger leurs pommes de terre et détruire leurs blés au printemps ».La chasse aux sangliers inspira les lissiers d'Aubusson.

Le 2 septembre 1884, le journal rapportait : « Saint-Maurice (la-Souterraine) – La veuve Gaillot avait vu son vaste champ d’avoine dévasté en une nuit et ses pommes de terre enlevées. Le fils aîné de Mme Gaillot se posta pendant la nuit sur un arbre et il vit sept sangliers ; il tira sur la laie qu’il blessa. M. le préfet de la Creuse, prévenu de ce fait, autorisa une battue qui a eu lieu la semaine dernière ; la partie du Petit Bessac où se trouve la ferme de Mme Gaillot fut cernée par de nombreux chasseurs, mais les sangliers débusqués des taillis par les chiens se sont réfugiés dans les vastes marais du nord-est de l’étang de Vitrat […]. Une nouvelle battue va s’organiser, il faut espérer qu’elle aura plus de succès que la première ».

Troisième battue infructueuse

Un mois après, la situation n’avait pas évolué, selon « Le Courrier de la Creuse » dans lequel on lisait le 5 octobre 1884 : « La Souterraine – Les sangliers continuent à ravager la contrée, principalement les environs de Saint-Maurice. Une troisième battue a eu lieu dernièrement dans les bois de Bessac mais n’a pas donné plus de résultats que les précédentes. La situation devient intolérable ; chaque nuit, les propriétés rurales sont ravagées par ces animaux qu’il devient urgent de détruire en masse. Il est question, pour y parvenir, d’adresser une demande au général commandant le 12e corps d’armée qui pourrait mettre quelques-uns de ses meilleurs tireurs à la disposition de M. le lieutenant de louveterie ».

Notons que l’article de « L’Abeille » cité plus haut, indiquait la participation d’un militaire à la première battue « … si les sangliers étaient passés à portée de sa carabine, un serait resté sur le carreau car cet officier loge à cinquante mètres de distance une balle dans une pièce de cinq francs ».

Appuyé par le général de Lavaucoupet, lieutenant de louveterie, le maire de Saint-Maurice, Sylvain Deblois, cultivateur, aurait contacté le général-marquis Gaston de Gallifet, commandant le 12e corps d’armée à Limoges, pour lui demander de l’aide. Nous ignorons si le maire eut une réponse.

Notons que la chasse au sanglier, au Moyen-Âge ou à la Renaissance, a constitué un thème récurrent d’inspiration pour les lissiers d’Aubusson, tapisseries visibles aujourd’hui dans de nombreux musées et collections particulières.