Comment les apiculteurs creusois vont-ils préparer l'hiver pour protéger leurs abeilles ?
Le GDSA, (Groupement de défense sanitaire apicole de la Creuse) organisera samedi une nouvelle formation destinée aux apiculteurs amateurs et professionnels à Ahun.Avec ces journées de formation, l’objectif de l’association est de former les apiculteurs aux bonnes pratiques pour leur permettre de garder leurs colonies d’abeilles en bonne santé. L’association possède également une autorisation qui lui permet de vendre des médicaments aux apiculteurs.
Un organisme au service des apiculteursLes techniciens sanitaires du GDSA effectuent une visite auprès des adhérents tous les cinq ans pour les conseiller dans leur gestion des ruches. Exceptionnellement, cette année, ils feront une visite supplémentaire dans les prochains mois pour préparer l’hiver.Au niveau administratif, Dominique Monier, la trésorière et secrétaire adjointe de l’association, encourage également les apiculteurs à remplir leurs déclarations. « Premièrement, c’est obligatoire, rappelle-t-elle, dès la première colonie, on doit déclarer. Ensuite, ça a une grande utilité sanitaire. Si on a une maladie grave sur un rucher à proximité, un arrêté préfectoral qui interdit les mouvements de ruches sur la zone va être pris. Si l’apiculteur est déclaré, il va être prévenu qu’il n’a plus le droit de déplacer ses colonies, il va pouvoir prendre des mesures avant que la maladie n’ait tué ses abeilles. En revanche, s’il n’est pas déclaré, il ne pourra pas être prévenu. S’il déplace une colonie et qu’il est contrôlé, il sera en infraction et il écopera d’une amende. »
Image d'illustration (photo de Corentin Garault)Ce samedi, c’est Dominique Monier, également technicienne sanitaire apicole, qui sera chargée de la formation du matin sur le thème « comment préparer l’hiver ». Différents aspects seront abordés à partir de 10 heures dans l’auditorium d’Ahun. Une colonie a-t-elle assez de réserves ? Quelle analyse fait-on de cette année exceptionnelle due aux périodes de famine ? Une colonie qui est trop faible va-t-elle passer l’hiver ? Que faire avec une colonie d’abeilles agressives ? Les réponses et les bonnes pratiques à adopter seront expliquées. Après un pique-nique, les conseils et les techniques présentées le matin seront mis en place sur le rucher-école du GDSA situé au lycée agricole d’Ahun.
Une espèce menacéeLes menaces qui pèsent à l’heure actuelle sur les populations d’abeilles sont nombreuses et diverses. Pour Dominique Monier, la menace la plus forte est le varroa et sa maladie, la varroase. Importé en Europe dans les années 1980, cet acarien originaire d’Asie affaiblit les colonies et permet aux virus et aux maladies de détruire la colonie. « Il diminue la durée de vie des abeilles. Il peut ensuite engendrer des effondrements de colonies en fin d’hiver », explique-t-elle. Pour endiguer sa prolifération, des traitements existent, mais ils présentent deux problèmes. D’une part, ils ne sont pas totalement efficaces et d’autre part le varroa devient de plus en plus résistant aux traitements.
Outre la varroase, d’autres menaces pèsent sur les colonies. C’est notamment le cas de l’agriculture conventionnelle qui est montrée du doigt lorsque l’on parle d’apiculture. « Plus l’agriculture sera raisonnée et diversifiée, mieux ce sera pour les insectes pollinisateurs », indique Dominique Monier.
« Un terrain de golf n’a jamais nourri une abeille »« Les pesticides ne sont pas le seul problème, les abeilles sont comme nous, elles ont besoin de variété dans leur alimentation. Dans les zones de monoculture, les abeilles sont carencées. » La technicienne sanitaire apicole plaide aussi en faveur de la réhabilitation des haies et des broussailles : « Un terrain de golf n’a jamais nourri une abeille », conclut-elle.Frelon asiatique (photo Agence de Chartres)
L’arrivée du frelon asiatique il y a vingt ans constitue elle aussi une menace pour les colonies. Grâce à son vol stationnaire, sa prédation sur les abeilles est bien plus forte que le frelon européen. Pour limiter son action, le GDSA recommande le piégeage de printemps, au moment où les fondatrices sont seules à construire le premier nid.Enfin, le dérèglement climatique impacte lui aussi les abeilles. « Sur toute cette faune, il a un impact fort qu’on ne connaît pas encore vraiment, on sait que les comportements des abeilles sont en train de changer. Nos pratiques vont devoir changer », explique Dominique Monier. « Cette année à cause des deux mois de pluie à la fin du printemps, certains apiculteurs creusois ont eu beaucoup de mal à garder en vie leurs colonies, parce qu’elles n’avaient rien à manger. »
Lucas Robin-lamotte