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Август
2024

Quand tout sonne bien au festival de la Chaise-Dieu

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C’est malin ! Être à l’origine de l’une des plus grosses commandes d’œuvre de la saison en France, c’est vraiment malin. Parce que le festival de La Chaise-Dieu crée ainsi l’événement. Parce que c’est essentiel de permettre la création. Et parce qu’après un tel engagement pour nourrir la musique d’aujourd’hui, il est plus facile d’empiler les tubes du passé dans la programmation… et ça le public adore.Mais loin d’être un alibi, Répons du baptême a dévoilé son intérêt et sa pertinence lors de sa création mondiale par l’orchestre Les Siècles (également à l’origine de cette commande), l’ensemble Aedes sous la direction de Mathieu Romano. Voici donc une œuvre peut-être irréprochable. Pensée et posée comme un miroir au célèbre Requiem de Fauré - la fameuse « berceuse des morts » a été offerte en deuxième partie dans sa version de 1893 - cette œuvre évoque intelligemment le sacrement de la naissance à la vie chrétienne.

Rencontre avec ces bénévoles qui consacrent leurs vacances au festival de la Chaise-Dieu

Thomas Lacôte se pose comme le successeur d’Olivier Messiaen et pas seulement comme titulaire du Grand Orgue de l’église de la Trinité. Il offre une musique sans concessions esthétique ou intellectuelle à une société de la facilité, plus ancrée dans notre présent partagé que dans une modernité cloisonnant. Elle apparaît à la fois puissance et propice au recueillement, dirigée en ce sens par Mathieu Romano. Le chef dispose pour l’interpréter de musiciens prompts à révéler la densité et la clarté qui s’unissent ici. À la Chaise-Dieu, il a donc été possible de faire le tour de la question et de la vie, en toute sérénité.

Dans l’univers de la musique dite classique

Les temps ne sont plus aux supernovas (Rostropovitch, Menuhin, Rubinstein…) dont l’éclat prenait un peu trop de place dans la constellation des musiciens. Bien sûr que ces immenses talents ne sont pas morts. Ils existent toujours sous la forme de magnifiques comètes qu’il faut saisir au vol. Le fait que Daniel Lozakovich joue le violon Ivry Gitlis prouve en partie cette continuité protéiforme. Son immense talent achève de démonter le théorème. Avec lui, le festival tient son « monstre ».Violon. Daniel Lozakovich.Le jeune Suédois survole le Concerto n°3 de Saint-Saens sans le prendre de haut. Sonorité pleine, délicatesse infinie, virtuosité outrancière, posture à la fois impériale et légère… On hésite encore à hiérarchiser des qualités qu’il partage par ailleurs avec Les Siècles - toujours lui. L’orchestre placé cette fois-ci sous la direction de Louis Langrée, a vite repris le dessus dans le délice évanescent de Ma Mère l’Oye comme dans le bouillonnement merveilleux de Daphnis et Chloé. Du Ravel cinq étoiles - fin de la métaphore astrale.

De l’importance de l’amitié véritable en musique…

L’anniversaire Gabriel Fauré (les 100 ans de sa mort) est l’occasion d’une exploration de sa musique de chambre. Boris Blanco, directeur du festival, a pour cela convié quelques amis qui ont l’avantage d’être des musiciens reconnus : Pierre Fouchenneret (violon), Lise Berthaud (alto), Raphaël Merlin (violoncelle) et Simon Zaoui (piano).

L’amitié est une qualité essentielle en musique… La preuve le temps du Quintette avec piano n°1 op89, une immense partition à l’écriture très ample, qui se nourrit de tout à l’exception du silence ; ce qui exige des musiciens, au-delà de l’écoute, une véritable entraide pour maintenir cette fluidité constante. Cest la clé pour laisser éclater le charme à la fois fou et naturel contenu dans cette œuvre. Le résultat tient de l’ivresse, comme c’est parfois le cas entre amis. 

Pierre-Olivier Febvretquintette. Pierre Fouchenneret (violon), Boris Blanco (violon, quand il ne dirige pas le festival de la Chaise-Dieu), Lise Berthaud (alto), Raphaël Merlin (violoncelle), Simon Zaoui (piano).