Les meilleures comédies de remariage depuis les années 2000
Dans À la recherche du bonheur, le philosophe américain Stanley Cavell forgeait le concept de comédie de remariage pour évoquer un corpus de comédies hollywoodiennes classiques qui mettaient en scène des couples divorcés ou séparés en quête de réconciliation et d’amour renouvelé. Ils et elles s’engagent surtout dans une redéfinition profonde de la relation conjugale.
Comment se retrouver ?
Comme le laisse suggérer son titre original, Volveréis, (traduit littéralement par “vous vous retrouverez”), le nouveau film du réalisateur espagnol est tout entier conçu autour de la problématique des intermittences du cœur et des répercussions de la séparation d’un couple. Le film scelle la fin d’une histoire sentimentale longue de quinze ans entre Ale et Alex interprétés par Itsaso Arana et Vito Sanz initiée dans Eva en août en 2020. D’ailleurs dans l’une des séquences introductives du film, le cinéaste convoquait explicitement la figure de Stanley Cavell à travers une discussion portant sur À la recherche du bonheur.
C’est ce même totem qui est à nouveau invoqué dans Septembre sans attendre. Toutefois, ce ne sont pas les noces qui sont célébrées, mais bien l’entente amoureuse à l’aube de son déclin. Mais comme le soulignait le théoricien américain, le genre ne se caractérise pas tant par le remariage effectif des protagonistes que par une révolution morale et une réconciliation.
On a tenté d’emboîter le pas à Stanley Cavell autour de cinq comédies apparues depuis ces deux dernières décennies.
Hollywood Ending de Woody Allen (2002)
En 2002, Woody Allen revient en grande pompe avec une comédie burlesque dans la veine de Prends l’oseille et tire-toi qui renoue avec la plus pure tradition hollywoodienne du happy end. Comme dans Septembre sans attendre, cette comédie de remariage s’enrichit d’une dimension métafilmique. Woody Allen se met lui-même en scène dans la peau de Val Waxman, un réalisateur looser et paranoïaque, réduit à signer des publicités débiles.
Sa carrière est relancée lorsque son ex-femme propose à son fiancé, un gros producteur hollywoodien, de l’engager pour la réalisation d’un remake d’un polar des années 1940 dans la ville qu’il sait le mieux filmer. Mais accablé par ses craintes, le cinéaste perd rapidement la vue. Loin d’altérer sa vis comica, sa cécité offre au contraire un enchaînement de gags qui, tout en passant les producteurs au vitriol, ravive le charme exercé sur son ex-femme. Comment ne pas succomber face à cet imposteur ? Surement l’une des séances de psychanalyse de l’auteur la plus drolatique.
Maggie a un plan de Rebecca Miller (2016)
Dans son cinquième long métrage, Rebecca Miller subvertit la structure classique de la comédie de remariage en adoptant le point de vue inverse : non celui des épouse qui se séparent puis se réconcilient, mais celui de cet intervalle durant lequel tout bascule. Dans la caméra de Rebecca Miller, ce n’est pas la femme qui est victime des manigances masculines, mais bien John, cet auteur velléitaire totalement désemparé, qui devient le jouet des subtiles manœuvres féminines.
Confiné en territoire allenien dans le quartier de Greenwich Village, le film met en scène Maggie dans la peau d’une universitaire manipulatrice, interprétée par Greta Gerwig, qui, lassée par sa vie conjugale avec son mari John (Ethan Hawke), après trois ans de mariage, élabore un plan pour le renvoyer dans les bras de son ex-femme et retrouver sa tranquillité.
Bon à tirer (BAT) de Peter et Bobby Farrelly (2011)
Que peuvent donc accomplir Rick et Fred, deux époux désormais affranchis de tout lien conjugal, dont leur libido n’aspire qu’à s’épanouir à nouveau ? C’est sur cette problématique liée (encore et toujours) aux obsessions sexuelles que s’interrogent les frères Farrelly dans Bon à tirer. Toutefois, cette liberté d’explorer tout plaisir se révèle rapidement décevante.
Dès qu’ils s’apprêtent à franchir le pas, la veulerie les rattrape. Pour ces deux trentenaires mariés, ce retour temporaire au célibat est surtout l’occasion, pour les Farrelly, de démontrer que leurs fantasmes d’adolescents sont hors de portée. Ce sont finalement les valeurs familiales et les femmes, seules au clair avec leurs désirs, qui triomphent.
Où sont passés les Morgan ? de Marc Lawrence (2010)
Cette comédie sentimentale signée Marc Lawrence s’inscrit pleinement dans le sous-genre de la comédie de remariage en mettant en scène un couple en crise, les Morgan, dont la séparation initiale est mise à l’épreuve par des circonstances comiques et extrêmes. Après avoir été placé·es sous protection et forcé·es de vivre ensemble dans un lieu isolé au fin fond d’une campagne de cow-boys, les protagonistes sont confronté·es à des situations absurdes qui révèlent et interrogent les failles de leur relation.
L’humour est exploité comme un vecteur de redécouverte et de régénération de l’amour. En se concentrant davantage sur la réconciliation plutôt que sur le remariage lui-même, Où sont passés les Morgan ? illustre la dimension morale du genre en offrant une réflexion sur la résilience et la complicité au sein du couple.
La Ritournelle de Marc Fitoussi (2014)
La Ritournelle de Marc Fitoussi offre une revitalisation subtile du genre de la comédie de remariage en l’ancrant dans les défis contemporains du milieu rural moderne. Le film suit Brigitte et Xavier, interprété·es par Isabelle Huppert et Jean-Pierre Darroussin, un couple d’éleveur·euses dont la relation s’érode progressivement au fil des années.
L’intrigue se déclenche lorsque Brigitte, en quête de renouveau, entreprend une virée dans la capitale pour retrouver Jesper, laissant son mari derrière elle. Cette brèche affective devient le catalyseur d’une réflexion sur les bénéfices de l’errance et la nécessité d’enrichir la mélodie de leur vie conjugale. La réconciliation prend un tournant rafraîchissant lors d’une séquence finale poignante au bord d’une mer Morte, marquant le retour du couple à une harmonie renouvelée.