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Август
2024

Dans le sud du Liban, des casques bleus espagnols pris entre deux feux

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"Parfois, nous devons nous mettre à l'abri à cause des bombardements (..) dans notre position et même dans les bunkers", dit Álvaro González Gavaldá, un soldat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul).

Pour arriver à la base 964 du contingent espagnol, les journalistes de l'AFP escortés par la Finul ont traversé des villages quasiment désertés par leurs habitants.

De rares commerces, un épicier ou un garagiste, sont encore ouverts le long de la route et des champs sont calcinés, résultat selon les autorités libanaises de bombardements israéliens au phosphore, ce qu'Israël dément.

La base, entourée de barbelés, est proche de la localité frontalière de Khiam, où des dizaines de maisons sont détruites ou endommagées, selon des journalistes de l'AFP.

De l'autre côté du mur qui marque la frontière, on peut voir à l'oeil nu la localité israélienne de Metoulla, elle aussi vide de ses habitants.

Depuis une tour d'observation, les casques bleus observent à la jumelle les hauteurs du Golan, occupé et annexé par Israël, cible de bombardements fréquents depuis le Liban.

"Notre mission au Liban, conformément à la résolution 1701 des Nations unies, est de contrôler la zone, d'aider le gouvernement libanais et les forces armées libanaises à prendre le contrôle de la région au sud du Litani", explique le lieutenant-colonel José Irisarri.

Cette résolution, qui avait acté la fin de la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seules les forces de maintien de la paix et l'armée libanaise soient déployées entre ka frontière et le fleuve Litani.

- Rôle essentiel -

Mais dès le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza le 7 octobre, le mouvement libanais a ouvert le front du sud du Liban avec Israël.

La formation pro-iranienne affirme agir en solidarité avec son allié palestinien, le Hamas.

"Certains villages sont complètement vides. Personne n'y vit en raison des risques et des attaques constantes", déplore le lieutenant-colonel Irisarri.

Alors que les risques augmentent de voir les violences dégénérer en guerre totale, le rôle des forces de maintien de la paix de l'ONU à la frontière israélo-libanaise est" plus important que jamais", a récemment déclaré l'AFP le chef des Casques bleus Jean-Pierre Lacroix.

Il a souligné que ces forces sont "le seul canal de liaison entre la partie israélienne et la partie libanaise" pour tenter de contenir les violences.

Le mandat de la Finul expire à la fin du mois d'août et le Liban a demandé son renouvellement.

Depuis octobre, les violences ont fait plus de 600 morts au Liban, pour la plupart des combattants du Hezbollah mais également au moins 131 civils, selon un décompte de l'AFP.

En Israël et sur le Golan occupé, 23 militaires et 26 civils ont été tués, selon les autorités israéliennes.

Plusieurs Casques bleus ont été blessés depuis le début des violences.
Aide à la population
Le contingent espagnol de la Finul compte environ 650 soldats répartis entre plusieurs positions, sur un total de 10.000 casques bleus au Liban.

Les soldats espagnols ne se limitent pas à leur mission, et soutiennent la population locale, explique le lieutenant-colonel Irisarri.

Par exemple, "notre équipe de psychologues aide une école d'éducation spécialisée à accueillir des enfants ayant des besoins spéciaux", dit-il.

La visite que devaient effectuer les journalistes de l'AFP dans ce centre vendredi a été annulée, le niveau de sécurité ayant été relevé par les Casques bleus espagnols en raison des échanges de tirs dans le sud du Liban.

Au moins huit personnes, un enfant et sept combattants du Hezbollah, ont été tués dans des frappes israéliennes sur la région ce jour-là, selon les autorités libanaises et le groupe pro-iranien.

Au milieu de la base a été installée une statue de la Vierge. Les soldats espagnols, qui ont adopté deux chiens, ont peu de loisirs. "Lorsque nous avons du temps libre, nous allons à la gym (..) et nous regardons des films", dit Álvaro González Gavaldá.

Arrivé au Liban en mai dernier, il avoue que "nos familles nous manquent, mais jusqu'à présent nous avons l'internet et nous leur parlons presque tous les jours".