Quand conduire un verger de manière plus durable coûte plus cher : visite sur le terrain, en Corrèze
Les pièges à rats taupiers, la haie qui fait écran entre les pommiers et le terrain du voisin, l’utilisation de Phyto’alerte… Au mois de juin 2024, David Henocq faisait visiter le verger de La Roche, à Allassac, en Corrèze.
La suite du prix reçu pour « la démarche innovante de cette exploitation productrice de pommes rattachée à l’Alliance Perlim-Meylim, pour la mise en place de pratiques agro-écologiques diversifiées et complémentaires ». Car le verger est lauréat du prix innovation des trophées de l’agroécologie Nouvelle-Aquitaine 2023-2024.
À La Roche, des ruches ont été installées, on a semé des jachères mellifères et planté des haies mellifères, on diversifie les variétés de pommes cultivées, on a enherbé tout le verger...
Des pratiques vertueuses parfois trop chèresLors de cette visite, le chef de culture a donc listé les conséquences concrètes de cette gestion plus vertueuse. Sur la trentaine d’hectares dont il a la charge, trois sont menés en bio. Le reste est conduit de façon durable, autant que possible, parce que le coût de ces pratiques plus vertueuses est parfois trop lourd.Photo Stéphanie Para
« On était en 100 % désherbage mécanique. On est revenu un peu en arrière, avec l’explosion du coût du GNR… Et cette année, ce n’était pas possible : quand j’avais fini d’un côté, il fallait recommencer de l’autre. Cela représenterait un gars de plus à l’année. » Alors que le désherbant, c’est un seul passage par an…
Des règles étonnantes...Sans compter les règles parfois rageantes : « si je pars des bio pour venir ici, il faut que je lave mon matériel ! » Autant l’inverse est logique, autant là, on reste sans voix… Pour l’eau, justement, qui offre « une vraie sécurité pour les jeunes vergers », David Henocq utilise des sondes et une application sur son téléphone, pour arroser au plus juste.
Tous ces efforts, « ça ne nous permet pas de vendre plus cher, souligne David Henocq, ça nous permet juste de vendre ». Et il enrage quand on préfère à ses pommes des fruits italiens, par exemple : « sur le puceron, ils ont des matières actives qu’on n’a plus. C’est de la distorsion de concurrence ! »
Saviez-vous que la crise climatique change aussi le goût des fruits ?
Pomme Labrousse