Anatomie du passé industriel avec le musée de Brassac-les-Mines
Série d'été. Cet été, la rédaction de La Montagne vous guide à la découverte des musées du Pays d'Issoire. Incontournables, insolites ou loufoques, la cité Saint-Austremoine et son territoire regorge de pépites culturelles... À découvrir, entre deux sessions de bronzage au bord de l'eau.
Le chevalement de Bayard est à Brassac-les-Mines, ce que la tour Eiffel est à Paris. Un monument phare, presque une œuvre d’art ; ou, simplement, une structure métallique qui fait partie du paysage, et à laquelle les locaux sont habitués.
Mais surtout, du haut de ses 35 mètres, il est le symbole du passé industriel de la commune – de tout le bassin, même. Un témoin privilégié qui a vu, de 1924 à 1978, les mineurs du territoire disparaître sous terre, à des centaines de mètres de profondeur pour extraire le précieux charbon et parfois, ne jamais revoir, la lumière du jour.
Un puits de connaissanceÀ ses pieds, ce qui était autrefois la salle des machines (où les mineurs avaient l’interdiction formelle de pénétrer), s’est, depuis 1990, transformé en musée, ouvert à tous. Propriété de la commune, il recèle de nombreuses archives ; pièces, maquettes, photographies ou objets qui rythmaient le quotidien des mineurs.
Les archives permettent d'imaginer le travail des mineurs. Photos Elora Mazzini.Comme cette cage en métal, de 1 m 10 par 4 m 60, soutenue par un câble de 54 mm d’épaisseur, qui permettait aux travailleurs de descendre dans les galeries. "Ils montaient à 10, là-dedans", commente Sylvie Cartier, la responsable du musée.
Au petit bonheur la chance, les visiteurs peuvent rencontrer la mémoire vivante du passé minier de Brassac sur son ancien lieu de travail : Michel Marion. Chaussé de ses bottes, casque à la main et bleu de travail sur les épaules, l’ancien mineur se fait un plaisir de relater à tous ce qui fut autrefois son quotidien. Et il ne manque pas d’anecdotes, ni d’humour.
Mémoire vivanteLa visite guidée dure 1 h 30, normalement, mais avec lui, elle peut durer jusqu’à trois heures !
, taquine Sylvie Cartier.
Les groupes peuvent réserver des visites guidées. Photos Elora Mazzini.
Devant les visages hilares d’un groupe de pâtissiers chocolatiers, venus découvrir le musée un lundi après-midi, l’ancien boutefeu (le seul professionnel autorisé à manier les explosifs) raconte la chambre chaude, où les ouvriers se changeaient, la lampisterie, où ils récupéraient leur matériel, et les recettes (les “étages” composés par les galeries).
La cathédrale de métal du bassin minier va fêter son centenaire
Il se remémore, avec des étoiles dans les yeux, la camaraderie et la fierté, les mobilisations – « Jean Jaurès est venu soutenir une grève ici », mais, entre deux plaisanteries, n’oublie pas de mentionner les morts, les conditions de travail extrêmement difficiles, la peur du grisou, la silicose et les drames, comme "en 62, lorsqu’un cuvelage en briques s’est effondré".
Visiter la mine comme si on y était
Reconstitution. Il faut imaginer la chaleur. Et puis le bruit, omniprésent, des outils qui cassent, inlassablement, les blocs de pierres et de charbon. Il faut imaginer aussi, peut-être, l’humidité, les rats, l’odeur de la terre et de la sueur mêlées, et celle des chevaux, que l’on faisait venir au fond pour tirer les wagons chargés. L’obscurité, l’étroitesse des galeries et l’inconfort de la vie des mineurs ; il est aisé de se les représenter, grâce à la reconstitution de 160 mètres de galeries, reproduites par ceux qui ont travaillé ici-bas. Les visiteurs du musée sont invités à déambuler entre les boisages, et à se projeter dans les scènes qui retracent, comme si on y était, le travail à la mine.
La reconstitution des galeries permet une immersion totale. Photo d'archives.
Elora Mazzini
Pratique : Du 1er juillet au 1er septembre, le musée de la mine est ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 14 heures à 18 heures. Les visites guidées ont lieu à 14 h 30 et 16 h 30. Réservations au 04.73.54.30.88. Entrée adulte : 7 €. Entrée enfant : 4 €. Gratuit pour les moins de 5 ans.