"Il carburait, je n’ai pas eu le temps de l'éviter" : l'auteur du refus d'obtempérer à Brive condamné
Samedi, ce jeune homme de 19 ans, aurait pu simplement se soumettre à un contrôle de police, prêt du lycée Cabannis, à Brive (Corrèze). Il s’en serait sorti avec une simple procédure pour « conduite sans assurance ». Mais il a fait un choix différent et deux jours après les faits, c'était bien devant le tribunal correctionnel qu'il comparaissait.
Une course-poursuite dangereuseLe jour des faits, la tentative de contrôle a en effet échoué. À la vue des policiers, le motard a foncé vers l’église des Rosiers, puis le quartier de Tujac, en prenant de gros risques, pour lui et surtout pour les autres : vive allure, slalom entre les voitures, feux de signalisation grillés.
Les piétons étaient obligés de faire marche arrière à son passage. À Tujac, la moto a fini par faire demi-tour et prendre la direction de Malemort. Un barrage est alors mis en place rue Maillard, actuellement en travaux. Préoccupé par ceux qui l’avaient pris en charge, le motard ne verra que trop tard les gyrophares devant lui. « On a mis le véhicule en travers. Je suis sorti et j’ai fait de grands signes. Il n’a pas ralenti. Il carburait bien. J’ai voulu m’écarter, mais je n’ai pas eu le temps de l'éviter. J’ai pris un coup de casque », explique le policier, qui s’en sort avec cinq jours d’ITT, un nez cassé et des douleurs aux cervicales.
Une fois au sol, les policiers devront utiliser à trois reprises leur taser, pour lui passer les menottes. « J’ai vu les policiers et j’ai freiné assez tôt. Mais il y avait des gravillons. C’est quand le policier m’a attrapé qu’il y a eu le coup de casque. Pour le menottage, j’avais une main coincée. J’ai fait une connerie monumentale », souligne le jeune homme de 19 ans, à la barre, qui a accusé, lors de sa garde à vue, les policiers d’avoir commis des violences. Son avocate, Me Christelle Malauzat, plaidera la relaxe concernant les faits de rébellion. En vain.
Un phénomène en hausse de 95 %Selon une étude parlementaire, les refus d’obtempérer aggravés sont en hausse de 95 % sur la période 2012-2022. 97 % des auteurs sont des hommes et 75 % ont entre 25 et 35 ans. « Cela illustre la défiance que l’on peut avoir à l’égard de l’autorité. Les auteurs sont dans ces refus d’obtempérer, prêts à tout pour échapper à leur interpellation. L’influence des jeux vidéo est soulignée dans le rapport », déplore Me Philippe Caetano, pour le policier victime.
Engagé lui aussi dans cet engrenage, le tribunal a souhaité mettre un coup d’arrêt. Le délinquant de la route a écopé d’une peine de six mois de prison dont trois mois ferme aménageables. Sa moto lui a été confisquée et il lui est interdit de conduire pendant un an.
Pierre Vignaud