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Август
2024

Cette ferme florale vient d'éclore en Haute-Loire

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L’Yssingelais a souvent été en pointe dans la diversification agricole avec, par exemple, les fruits rouges ou les veaux de lait. Voilà qu’émerge, encore timidement, une « nouvelle » activité, ou plutôt qu’on assiste à la résurgence d’une production qu’on aurait jurée fanée. Le jeu de mots est certes un peu facile pour parler de la production florale…La quadragénaire Jessica Sanchez en a fait une reconversion professionnelle en installant, voilà quelques mois, ses premières cultures tout près de chez elle à Beauzac. Elle a baptisé sa ferme florale Rosebud, « bouton de rose » dans la langue de Molière. Le journal Les Échos a consacré un dossier à ce renouveau de la fleur française, dont la croissance est activée par le succès des circuits courts, la saisonnalité et l’attention portée à l’impact carbone.Le média explique que de nombreuses régions hexagonales cultivaient des fleurs dans les années 1970 en serres chauffées, avant que le choc pétrolier ne marque un coup d’arrêt à cette activité. Il est expliqué :

On a alors préféré les productions des pays ensoleillés, à température constante et au coût du travail moindre. De 8.000 fermes florales recensées en France dans les années 1980, il n’en resterait que quelques centaines aujourd’hui. Les roses viennent maintenant du Kenya, d’autres fleurs sont en provenance d’Équateur, de Colombie ou bien de Hollande, le leader mondial de la fleur coupée.

Le Collectif de la fleur française, auquel adhère Jessica Sanchez, constate cependant qu’il se crée depuis 2020 une à deux fermes horticoles par semaine en France. Une des dernières en date est donc celle de Beauzac.« En 2017, un petit groupe de femmes a monté le collectif, qui compte aujourd’hui plus de 500 adhérents. Parmi eux, il y a des fleuristes qui s’engagent à utiliser au moins 50 % de fleurs locales dans leur magasin. De même, des grossistes sont membres du réseau et s’engagent à soutenir la filière française », se réjouit la floricultrice yssingelaise.Jessica Sanchez s’est officiellement installée voilà un an. Cette année, elle cultive environ 1.500 m² dans sa commune, aux Vivats et à La Dorlière où elle peut exploiter aussi un bout de terrain. « Ce printemps, je cherchais désespérément à m’agrandir, ayant mis en place toutes les cultures d’automne près de chez moi. Le terrain près du centre équestre m’a offert plus de possibilités, en particulier pour les annuelles », confie la productrice.

Entre culture et création

La jeune femme exerçait le métier de graphiste indépendant à Saint-Étienne avec Jean-Yves, son conjoint. Le couple a fait le choix de s’installer en Haute-Loire il y aura bientôt 15 ans. Jessica a changé de voie en devenant surveillante au lycée agricole d’Yssingeaux. De là lui est venue l’idée d’exercer une activité en lien avec la terre et la nature. Elle a passé son brevet professionnel responsable d’entreprise agricole (BPREA), effectué un stage chez André Bissardon, producteur de plantes aromatiques, potagères et florales. « Une ferme florale offre ce lien entre la culture et la création. Pour moi qui me suis formée aux Beaux-Arts c’est une bonne combinaison », assure la floricultrice. Celle-ci a commencé à proposer ses premiers bouquets à partir d’une quinzaine de variétés.La production florale, à moins de cultiver sous serres chauffées, connaît ses limites en Haute-Loire. Elle prend fin forcément aux premières gelées avec le chrysanthème. Les centaurées ou autres annuelles rustiques peuvent en revanche passer l’hiver dehors pour fleurir au printemps.Les producteurs ont une « parade » : faire sécher des fleurs pour proposer des compositions sur les marchés de Noël. L’achillée ou l’immortelle se prêtent particulièrement à l’exercice. La productrice de Beauzac a entrepris des tests avec le tournesol.La floricultrice joue sur la diversité et produit au fil des saisons jusqu’aux gelées.?Jessica Sanchez travaille en bio, le plus souvent dans de vastes bacs en planches, à la manière de certains maraîchers. Elle réalise tous ses plants. La productrice est aux petits soins avec ses fleurs, employant notamment un compost riche en azote, composé de déchets alimentaires et non pas seulement issus de la taille de végétaux. Elle fait ainsi l’économie d’engrais.« J’ai eu beaucoup de chance qu’il pleuve autant cette année. Pour ma première année, je n’ai pas encore mis en place de système d’irrigation », reconnaît la productrice qui jusqu’à ces derniers jours disposait encore de réserves d’eau de pluie. Elle rencontre une autre contrainte : devoir conserver les fleurs coupées sans avoir de chambre froide. Son palliatif sera sans doute de disposer à l’avenir d’une pièce climatisée.Ces jours passés, avec les températures particulièrement élevées, les cultures florales ont souffert. La productrice attend beaucoup des pluies à venir pour redonner vie à ses plates-bandes. Zinnias, dahlias, coréopsis, rudbeckias et bien d’autres variétés offriront encore un florilège de couleurs pour illuminer l’arrière-saison.Pour Jessica Sanchez, la commercialisation n’en est encore qu’à ses débuts. La productrice livre déjà plusieurs fleuristes et continue à démarcher. « Il faut, dit-elle, les habituer à la saisonnalité. Pour les renoncules et anémones, on sait que passé le mois de mai, c’est terminé ». Jessica Sanchez propose ses compositions sur une plateforme et s’adresse aussi aux particuliers. Les marchés de plein vent offrent un débouché plus aléatoire. Les compositions invendues risquent malheureusement de finir à la poubelle. Les circuits de commercialisation restent à construire pour la ferme florale de Beauzac.

 

Philippe Suc

 

Contact. Jessica Sanchez, floricultrice 06.78.78.44.34. Site : www.rosebudfermeflorale.fr