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Август
2024

En haute Corrèze, un projet d'agrivoltaïsme suscite la colère de riverains

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« Regardez comme c’est beau. On a la nature à perte de vue. Et bientôt, on ne verra plus que des panneaux photovoltaïques tout autour de chez nous. C’est non ! ».

Depuis qu’elle a appris, voilà un an, qu’un projet d’agrivoltaïsme était à l’étude sur les terrains voisins d’un exploitant agricole (*), Sandrine Brindel, qui réside avec son époux Philippe au lieu-dit La Chassagne à Alleyrat, au milieu des terres convoitées par la société RP Global, porteuse du projet, ne décolère pas.

Préservation du paysage

« L’exploitant agricole est venu me voir un jour pour me demander si je voulais mettre des panneaux photovoltaïques sur des terres que je lui loue. J’ai refusé parce que nous ne voulons pas de panneaux sur des terres agricoles. Il faut les mettre sur des bâtiments, des friches, des entreprises… », rapporte Philippe Brindel, qui évoque « l’installation de trackers de 3,16 m de haut qui basculent en fonction du soleil.

L’étude porte sur 70 hectares, ce qui correspond à environ 42.000 panneaux. C’est fou. » Suite à une réunion d’information le 5 juin dernier à Alleyrat organisée par la société RP Global, les riverains ont décidé de créer l’Association pour la préservation de la nature et de l’environnement (APNE) à Alleyrat.

« Pour nous, tous ces panneaux sont une dégradation de notre territoire et une artificialisation des sols, estime Hélène Souny, membre de l’association. On vit en haute Corrèze pour ce cadre protégé. Pour nous, le but de ce projet est uniquement l’argent. On ne sait pas quelle sera la production énergétique, sera-t-elle rentable et comment seront ces panneaux dans 30 ans ? Est-ce que le sacrifice en vaut la chandelle ? »

La zone d'installation pas encore déterminée, selon le porteur de projet

De son côté, la société RP Global tempère. « Nous avons pris contact avec l’agriculteur en 2023, explique son service de communication. Nous sommes dans la phase de conception et de faisabilité. Les 70 hectares, c’est la zone à l’étude, mais cela ne signifie pas que si nous installons des panneaux, nous le ferons sur la totalité de ces hectares. Ce n’est d’ailleurs jamais la surface retenue. »

« À Alleyrat, on a déjà identifié des zones humides où on ne pourra pas installer de panneaux, poursuit-elle. Cette étude prend en compte les risques environnementaux, les impacts possibles sur la zone, sur les riverains… Elle a commencé en octobre 2023 et les conclusions sont attendues en septembre. »

Et après ? « Ces conclusions permettront un arbitrage concernant les panneaux : combien et où on en met, est-ce que ce seront des trackers ou des panneaux fixes ? Cela ne sera déterminé qu’en novembre. »

La société qui indique que l’agriculteur fera sous les panneaux de la culture et de l’élevage, espère une enquête publique lancée fin 2025 et une mise en service du parc fin 2027.

Sauver le "paysage de notre enfance"

Mais les opposants s’organisent et informent la population via des tracts. « On se rend compte que la société n’a ni besoin de l’accord de la commune, ni de l’intercommunalité, parce que c’est sur des terres privées. Il faudra se mobiliser lors de l’enquête publique », martèle Sandrine Brindel.

« Ces terres, ce sont celles de nos parents, de notre enfance. Déjà que la forêt sur le plateau est attaquée et maintenant c’est au tour de terres agricoles, fulmine Monique Sourdeix qui a refusé de vendre des terres à RP Global. Je ne veux pas qu’ils touchent au plateau. Ici, il n’y a rien à part le cadre de vie. Laissez-le ! » 

(*) Contacté, l’agriculteur n’a pas souhaité s’exprimer.

Estelle Bardelot